Chapitre 18 - Rim

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Lorsque j'ouvre les yeux, je découvre aussitôt le visage de Amaia tout près du mien. D'un bond, je me recule et manque au passage de tomber du lit. Je deviens folle, c'est certain. J'étais pourtant persuadée que nous avions chacune un lit simple plutôt que de partager un lit double. J'observe alors autour de moi et remarque immédiatement l'énorme espace qui sépare le lit du mur. Soudain, la veille me revient en tête. J'avais déplacé mon lit afin de pouvoir regarder le film avec Amaia. On dirait que je me suis endormie avant de reprendre ma place dans la chambre...

Je détaille à présent le visage de Amaia. Elle est encore endormie. Je me demande ce qu'elle dirait si elle savait que nous avons passé la nuit ainsi. J'hésite alors. Je dois déplacer mon lit pour qu'elle ne soit pas au courant. Au fond, ce n'est pas grave, mais je suis gênée de le savoir et je le serais encore plus si elle le découvrait. Je suis incapable de déterminer si son sommeil est profond ou non. Si je la réveille en déplaçant le lit, elle comprendra.

Je me mords la lèvre inférieure en réfléchissant. Si j'y vais doucement, j'ai moins de risques de faire du bruit. Si j'y vais rapidement, j'ai plus de chance qu'elle n'ait pas le temps de voir ce que je fais même si elle se réveille. Je pèse les pour et les contre et finalement, je décide d'agir comme lorsqu'on retire un pansement. Vite et sec. Je descends alors du lit et, d'un mouvement faussement assuré, je déplace le lit en croisant les doigts que Amaia n'en saura rien. Dès que mon lit a retrouvé sa place initiale, je lance un regard terrifié vers mon alliée. Ses yeux clignent doucement, s'habituant à la lumière ambiante qui traverse les rideaux.

— Bonjour, dit-elle en plantant ses pupilles dans les miennes.

— Salut. Bien dormi ?

Je lui offre un sourire gêné en espérant qu'elle ne devine rien tandis qu'elle hoche la tête. Un instant plus tard, elle quitte son lit et déjà, elle disparaît dans la salle de bain pour en ressortir quelques minutes plus tard vêtue d'un jean et d'un pull léger.

— Viens, on mangera sur la route, me lance-t-elle en attrapant son sac et son manteau.

Je fronce les sourcils. Hier, nous n'avions pas parlé de bouger de l'hôtel. En fait, c'est même l'inverse. Nous vivons une chasse à l'homme et en sommes les proies. Si nous nous déplaçons, ne risquons-nous pas d'être repéré par le gang ? Il ne suffirait que d'une paire d'yeux pour être repérées.

— Attends. On va où ? la questionné-je alors.

— On va faire du saut à l'élastique. Je me suis dit que ça pourrait nous aider à resserrer nos liens. À améliorer la confiance que nous avons en l'une l'autre.

J'ouvre grand les yeux. Je n'ai jamais fait de saut à l'élastique et même si je n'ai pas peur du vide, je dois avouer que ça ne faisait pas tout à fait partie de ma bucket list avant de mourir. Je ne suis pas sûre d'apprécier l'impression de tomber dans le vide. Sans parler du fait que je suis malade dès que ça secoue un peu trop. Le bateau, l'hélicoptère, les manèges et tout ce qui s'ensuit sont les ennemis de ma vie. Il n'est pas impossible qu'en étant accrochée à un élastique, pendue dans le vide, je tombe malade. Espérons seulement que ça ne sera pas le cas.

— OK...

— Pardon, je ne t'ai pas demandé si tu avais peur du vide ou non. J'espère que ce n'est pas le cas, j'ai déjà réservé la séance.

— Non, je n'ai pas le vertige, mais je n'étais pas préparée à de telles activités. Je pensais qu'on était dans le coin pour se cacher. Ce n'est pas dangereux ?

Elle hausse les épaules et sourit.

— Si on devait vivre en se disant que faire telle ou telle chose est dangereuse, tu ne penses pas qu'on ne pourrait plus vivre ? Tout est dangereux, c'est inévitable. Il n'y a aucun endroit sur Terre où tu peux totalement être sûre de rester en vie.

Heart Beating [TERMINÉ]Where stories live. Discover now