Éclosion

/ Prologue

IL FAISAIT NOIR, complètement noir. Seules les gouttes d'eau qui gouttaient du plafond et sa respiration saccadée emplissaient le bruit de la pièce. Elle ne savait pas où elle était et elle ne voulait même pas savoir. À l'arrière de sa tête, elle entend un bourdonnement sourd comme si son cerveau cherchait à tout prix à lui transmettre une information.

Mais elle n'avait pas la force de l'écouter. Elle n'avait pas la force de faire quoi que ce soit. Elle sentait la brume de la douleur dans son cerveau mais elle ne la ressentait pas. Elle ne pouvait pas.

Elle cligne des yeux et une larme coule sur sa joue. Elle ne s'était pas rendue compte à quel point ses yeux étaient secs. Tout à coup, elle entend un son. Sa tête bourdonne encore plus et elle a comme l'impression que ses tympans crient, ils se tirent pour qu'elle entende. Entendre quoi ?

Après plusieurs secondes. Elle entend des éclats de voix. Elle n'arrive pas à reformuler les mots que les deux personnes prononcent mais elle sait qu'elles parlent entre elles. Cela ressemble à une dispute car le ton monte mais elle ne comprend toujours rien.

Elle entend l'une des deux personnes ouvrir une porte, puis une autre. Puis plus aucun bruit. Les pas reprennent mais cette fois-ci, une seule personne marche. Elle l'entend venir petit à petit vers la pièce où elle est. Elle sent que son corps veuille qu'elle se cache mais elle ne répond plus de rien. Elle laisse les pas s'approcher et s'arrêter devant sa porte.

Elle s'ouvre et une lumière blanche aveuglante s'engouffre dans la pièce. Elle aperçoit une ombre, elle ne sait pas à qui elle appartient. Peut-être était-ce celle de sa mère ? Avait-elle une mère ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus.

Elle entend la voix d'une femme crier et les pas précipités de la deuxième personne qui arrive. Les deux se font silencieux. Elle ne peut pas les voir, mais elle peut sentir leurs regards brûlants sur sa peau glacée. La femme ordonne quelque chose et des pas s'approchent d'elle avant de la porter. Deux bras qu'elle reconnait comme étant ceux d'un homme.

En passant près de la porte, l'homme s'arrête et la femme vient lover sa main autour de sa joue. Elle ne répond pas à son geste et ne fait que cligner des yeux, le regard perdu dans le vide.

Elle l'entend murmurer quelque chose qu'elle n'entend pas. La seule chose dont elle a la force est de regarder cette femme, cette personne qui vient la sortir de sa misère : deux lèvres roses, un teint clair, de longs cheveux blonds et des yeux d'un bleu glacial. Fatiguée... elle a l'impression que c'est la première fois qu'elle est réellement « fatiguée ». Elle est même exténuée, elle ferme les yeux petit à petit et laisse sa tête s'appuyer contre le torse de l'homme qui la porte.

Ses bras pendouillent mollement et avant de s'endormir complètement, elle sent qu'ils la transportent. Elle ne sait pas où, vers un nouveau foyer ou alors vers un autre Enfer ?