Chapitre 2 : Jugement

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Sverjar ouvrit péniblement les yeux. 

Sa tête était lourde, son corps endolori, sa bouche aussi sèche que du papier. La première vision qui s'offrit à lui fut un visage peint de noir, à l'exception des lèvres barbouillées de sang, le fixant avec un regard furieux.

Pris de panique, il tâcha de bouger et réalisa que ses mains et ses jambes étaient entravées par des chaînes d'acier suspendues au plafond. Il se mit à s'agiter, tirant sur les fers pour se libérer. L'acier lui mordit la chair et le jeune homme s'immobilisa.

Baissant les yeux, il découvrit qu'il était totalement nu. Son corps athlétique, inondé de sueur froide, portait encore les marques laissées par les spectres. Il tenta d'initier de l'ordre dans les pensées qui se bousculaient dans son crâne. Il se rappelait de Skaldir puis de ces satanés Draugards surgit de nulle part. Et par la suite ? Un brouillard douloureux enveloppait son esprit, rendant la tâche difficile. Bon sang, fait un effort, s'imposa-t-il, réfléchis.

Se concentrant, il se souvient de l'armure de sang qui l'avait possédé, puis de l'arrivée d'un guerrier et de son molosse. Ensuite, le néant.

Un gémissement désespéré jaillit de sa gorge.

« Silence, » ordonna une voix autoritaire. Sverjar entendit un sifflement aigu, avant de sentir sa chair se déchirer dans son dos. Le fouet claqua une nouvelle fois en avertissement.

Il serra immédiatement les dents, étouffant un hurlement de douleur. Les yeux embués de larmes, il tourna lentement la tête vers celui qui le dominait.

Le jeune homme reconnut sous les stries de peinture rituelle, Varulf, le Prêtre des Vestiges de son peuple.

Revêtu d'une robe de fourrure foncée ornée de symboles ésotériques brodés en or, ses longs cheveux noirâtres retombaient en mèches crasseuses sur ses épaules. Tenant fermement un fouet, ses yeux sombres cruels brillaient au milieu d'un visage marqué par les âges, réputé aussi vieux que la lune. Un sourire manifeste, proche du rictus, déformait sa bouche. Il appréciait visiblement la situation avec une jubilation malsaine.

Varulf occupait une position éminente au sein de Nornsyl. En tant que gardien des rituels liés aux Vestiges, il représentait la voix interprétant leurs volontés pour le groupe. Cependant, son autorité s'étendait bien au-delà de ses fonctions sacrées. Il était une figure dominante, cultivant une réputation de dureté et de dédain envers ceux qu'il percevait comme faibles. Depuis son enfance, Varulf avait été une source constante de tourments pour le jeune homme. Il lui jetait des regards méprisants et semait des graines de haine au sein de la communauté, en raison de son statut de métis qui défiait les dogmes rigides du Peuple du Sang.

Le guerrier en déduit qu'il se trouvait de retour dans son village. Comment l'avait-on ramené jusqu'ici ? L'inconnu sûrement, pensant bien faire ? Un mélange d'émotions l'assaillit, oscillant entre le soulagement d'avoir échappé à une mort certaine et l'anxiété face à ce qui l'attendait. Si Varulf avait découvert que Sverjar avait défié les interdits, il ne donnait pas cher de sa peau. Ce vieux salaud n'allait pas laisser passer l'occasion de le mettre plus bas que terre.

— Libère-moi de ces chaînes, Varulf, siffla le guerrier entre ses dents.

Le Prêtre se crispa, la colère déformant ses traits.

— Tu as bravé les interdictions, Sverjar, » déclara Varulf d'une voix glaciale. Et sois en certain, tu vas le payer au prix fort. 

Il secoua la tête et reprit. « Je savais qu'un sang impie comme le tien ne pouvait qu'apporter malheur à notre peuple. Si notre Jarl, Astridr n'avait pas été aussi clémente envers ton père, je t'aurais tranché la gorge en sacrifice aux Vestiges dès ta naissance pour les apaiser. »

Vestiges [Roman Dark Fantasy]Where stories live. Discover now