Chapitre 5.1 : Pouvoir

163 6 25
                                    

  Il fixa Sverjar avec une lueur de défi brûlant dans ses yeux. L'inquiétude saisit celui-ci, et sa main glissa instinctivement vers le poignard à sa ceinture. Le guerrier, percevant le geste du jeune homme, se tourna vers les occupants de l'auberge, les prenant à parti d'une voix forte.

— Voyez cela, frères Forsth, la vermine qui se ramène chez nous ! Ce misérable va jusqu'à poser la patte sur son arme ! »

Il s'appuya violemment sur la table, sa tête s'approchant dangereusement de celle du Banni. Une tension palpable envahit la pièce, le cœur de Sverjar martelant dans sa poitrine, la colère montant en lui. Il perçut l'haleine avinée et lourde de son interlocuteur, ce qui lui provoqua la nausée.

« D'où viens-tu, étranger ? » interrogea-t-il, son visage exprimant une détermination glaciale.

Gardant une apparence impassible, Sverjar se contenta de fixer le fond de sa pinte, refusant de répondre. Interprétant son silence comme un affront, le guerrier ne put tolérer que son orgueil soit ainsi bafoué, devant l'assemblée qui murmurait déjà.

Dans un déferlement de rage, la table fut brutalement renversée, aspergeant le sol crasseux et les vêtements de Sverjar d'une bière à moitié pleine.

C'en était de trop.

Tables et chaises furent catapultées dans tous les sens alors que le jeune homme, animé par la fureur, s'emparait de sa chope vide pour la fracasser violemment sur le crâne du guerrier à la barbe rousse. Le bruit des éclats métalliques et les cris étouffés des spectateurs cherchant refuge contre les murs ajoutaient au chaos ambiant.

Le combattant, vaguement ébranlé, répliqua en empoignant Sverjar comme s'il pesait à peine le poids d'une plume, le projetant avec force au sol. Le Banni, démontrant une agilité étonnante, esquiva subtilement un coup de poing en effectuant un roulement sur le côté. Saisissant sa dague, il exécuta un arc de cercle habile pour contraindre son assaillant à reculer. Dans un cri de rage, celuic-ci, défiant la douleur, s'empara de la lame à mains nues, s'ouvrant les deux paumes dans l'étreinte féroce.

D'une saisie à la gorge, il resserra son emprise sur le cou de Sverjar, traçant une balafre sanguinolente de la dague du Banni sur sa joue. Appuyé contre la froideur de la pierre, celui-ci, contorsionnant son corps pour se dégager, employa ses dents pour mordre la main de son opposant. Pris de surprise, le guerrier relâcha son étreinte, permettant à Sverjar de se libérer avec agilité. D'un mouvement vif, il saisit une chaise traînant au sol et l'abattit violemment dans le dos du guerrier, provoquant un craquement sec. Sans lui laisser de répit, il récupéra l'un des pieds de chaise brisés, l'utilisant comme un pieu improvisé pour le planter dans le revers de son adversaire. Un rugissement retentit alors que le guerrier, haletant, lui asséna une mandale colossale.

Saisissant le Banni par le col de son haut, celui-ci se déchira sous la torsion, révélant son torse musclé couvert d'un duvet sombre et orné d'une marque gonflée et rosie en son centre. Les traits du guerrier se figèrent sous la surprise et il relâcha son étreinte, le tissu arraché restant dans ses mains.

Un silence pesant écrasa l'auberge, interrompant le tumulte, tandis que tous les regards se fixaient sur Sverjar, sa cicatrice de Banni désormais exposée à la vue de tous. Il réalisa que même parmi les habitants de Forsth, cette marque portait un sens spécifique, et que les pouvoirs du Peuple du Sang étaient reconnus jusqu'à ces contrées.

Reprenant sa respiration, il chercha frénétiquement une issue aux alentours.

Retrouvant ses esprits, la barbe carotte fit un geste impérieux à ses camarades qui, sous son commandement, dégainèrent épées et couteaux, formant un cercle menaçant autour de Sverjar.

Vestiges [Roman Dark Fantasy]Where stories live. Discover now