Chapitre 2 / Partie 2 : Slade

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Par chance, j'arrive à destination plutôt rapidement. Je freine devant la barrière à laquelle j'ai attaché la fille, et je la rejoins. Elle essaie encore de se libérer, les larmes aux yeux. D'un coup de canif, je coupe nette la corde. Ensuite, à la lueur d'un éclair qui illumine tous les alentours, je balance la nana sur mon épaule, et je cours vers la grange. Mes mains trempées ne m'aident pas à déverrouiller la serrure ni Daphné qui gigote comme un veau apeuré. Je finis par réussir à ouvrir le cadenas, et on se retrouve bientôt à l'abri. Avec douceur, je dépose mon fardeau sur un tas de paille. Elle grelotte de la tête aux pieds. En même temps, vu les fringues qu'elle porte, je ne suis pas étonné. Pendant que je referme pour nous protéger du vent, elle recule jusqu'au fond d'un ancien box pour mettre de la distance entre nous.

— Tu m'as... oublié ! attaque-t-elle.

— J'ai eu un contretemps, c'est différent. Tiens.

J'ôte ma veste et la lui balance. À cette allure, elle va clamser de froid dans les cinq minutes. Avec un dédain évident, elle observe le vêtement, sans faire mine de le saisir.

— Ce sont... des... excuses ? demande-t-elle en tremblant.

— Peut-être ?

— Franchement... elles sont merdiques.

Je me dirige vers un tas de vieilles fringues qu'on laisse là pour les petits jeunes qui viennent nettoyer de temps à autre. Je déniche une salopette verte délavée, un peu crade. Ça fera l'affaire.

— Tiens, mets ça aussi, ordonné-je à Daphné en la lui balançant. Ce sera plus utile que les bouts de tissu que tu portes.

Même si honnêtement, cette tenue lui va à ravir. Le short de Daphné met en valeur ses longues jambes élancées, et son mini-t-shirt souligne sa taille fine. C'est exactement mon genre de nana... dommage qu'elle ait un caractère de merde. OK, même si j'ai peut-être cherché les embrouilles. Hier ou demain, entre elle, ç'aurait pu matcher. Mais pas aujourd'hui, parce que cette journée pue la mort.

— On va attendre ici que la tempête se calme, la préviens-je. Mets-toi à l'aise, ça risque de durer un moment. Remarque, si tu as trop froid, je connais quelques exercices pour te réchauffer.

Son regard m'envoie deux balles dans la poitrine.

— Plutôt coucher avec un âne.

— Houlà, c'est d'une violence. On n'a pas ça ici, désolé.

À travers sa colère et sa peur voilée, je devine qu'elle s'apprête à riposter. Finalement, elle choisit de se taire. Sans broncher, elle enfile même ma veste. Faut croire que le froid l'emporte sur la rancœur. Elle se met à effectuer les cent pas, accentuant mon agacement au passage.

— Par tous les dieux, maugrée-t-elle, je suis morte.

— Relax OK ? Je suis pas un foutu tueur.

Elle tique en roulant des yeux, juste avant de me gratifier d'une grimace pleine de dégoût. Je l'ai peut-être mérité.

— Je ne parle pas de toi ! Mon cousin va prévenir mon père que je suis au Texas. Je vais devenir la cible principale des Styx Riders, ils vont tous se pointer pour me chercher, et quand ils me mettront la main dessus... je me ferais tuer !

Je me hisse sur une poutre que j'ai installée cette semaine, la tête renversée contre le mur. La fatigue et la peine m'écrasent les épaules, mais je fais tout pour les dissimuler.

— Je pige rien à ce que tu racontes.

— Je ne m'adressais pas à toi, à l'origine.

— C'est quoi les Styx machin ?

𝕆𝕦𝕥𝕝𝕒𝕨 𝕃𝕠𝕧𝕖 : Slade et Daphné (t1)Where stories live. Discover now