Chapitre 11

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Ils s'étaient donné rendez-vous à l'entrée de la forêt. Les bêtas de Scott étaient déjà sur place, lorsque Stiles et lui arrivèrent à bord de Roscoe. Isaac tendit un sac à dos à Scott, qui le prit en silence et sans que personne n'y prête vraiment attention.
Ils formaient une petite meute, mais Stiles les savait redoutables : ils se comportaient les uns avec les autres comme des frères et soeurs. Ils formaient une famille unie. Si l'Alpha errant venait à poser problème, il aurait peu de chance de s'en tirer contre eux. Alors, même s'il avait cruellement conscience d'être humain, Stiles accepta de s'engouffrer dans ce plan qu'il jugeait lui-même bancal.

- Isaac et Malia, vous partez en premier. Vous serez sur la gauche de Stiles. Suffisamment loin pour ne pas être suspectés de le suivre, assez près pour réagir rapidement en cas de problème. Lydia, tu viens avec moi. Si tu sens quelque chose/
- Oui bah j'aimerais autant que tu ne sente rien, pour une fois.

Scott lança un regard en biais à son meilleur ami. Evidemment, personne n'espérait voir Lydia se mettre à hurler ce soir mais il avait besoin qu'elle soit là pour anticiper au mieux les évènements. Il laissa chacun prendre le temps d'assimiler ses consignes avant de donner le top départ.
Stiles démarra le premier tandis que ses deux lots de gardes du corps s'éloignaient dans des directions opposées. Le jeune adjoint n'avait jamais eu peur de la forêt, même après qu'il eut appris qu'elle abritait des créatures surnaturelles. Pourtant ce soir, il réalisa qu'il ne s'était jamais senti aussi vulnérable. Il craignait les rencontres qu'il pourrait faire, malgré la présence des trois loups et de sa banshee préférée qui se tenaient prêts à intervenir à la moindre complication.

- Je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté de faire ça. La probabilité pour qu'il s'agisse de Derek est tellement infime qu'on est probablement en train de perdre notre temps. Il suffirait qu'on attende. Il va probablement s'attaquer à quelqu'un en ville d'ici peu de temps, s'il cherche vraiment à créer une meute.

Il savait que ses amis lycanthropes l'entendaient sur ses flancs mais il n'attendait pas de réponse : lui n'entendrait rien et de toute façon, il n'était pas vraiment en train de faire la conversation. Il essayait seulement de briser le silence qui le rendait nerveux.
La soirée continua d'avancer et Stiles se fit la réflexion que s'il n'avait pas eu la bonne idée de s'équiper avant de partir, il serait probablement déjà mort de froid. Il n'entendait pas les déplacements de ses amis sur les côtés. Il aurait pourtant aimé entendre leurs pas crisser dans la neige, il se serait senti rassuré par leurs présences. Mais ils devaient se montrer discrets et leurs odeurs devaient déjà trop les trahir. Stiles soupira, observant les volutes de fumée blanche que son haleine provoquait devant son visage.

- Je ne sais même pas où je suis sensé aller. On aurait peut-être dû commencer par la ferme. Ce connard a peut-être posé d'autres pièges à loups.

Stiles n'avait jamais particulièrement aimé la solitude. Il ne la craignait pas, mais ressentait rarement le besoin de se retrouver avec lui-même. Il préférait de loin partager ses pensées avec son meilleur ami et s'il pouvait l'embarquer dans ses aventures, c'était encore mieux. Ce soir, tout lui semblait plus intense. L'obscurité semblait plus noire, le silence plus pesant, la lune plus menaçante. Elle n'était pas pleine mais cela ne tarderait probablement pas, ce qui rendait leurs recherches plus risquées.
Un mouvement sur sa gauche attira son attention et éveilla ses sens. Il tourna vivement la tête mais rien ne semblait s'approcher, et aucun son ne lui parvint : s'il y avait vraiment eu quelque chose, ça avait déjà disparu. Stiles tenta de plisser les yeux pour mieux discerner les formes dans la nuit, mais sa vue ordinaire ne lui permettait pas les exploits de ses amis surnaturels. Il resta immobile de longues secondes, cherchant à percer le silence, puis laissa échapper un grognement frustré avant de reprendre sa route. Le seul avantage de la neige était qu'il pouvait voir ses traces et ainsi, éviter de tourner en rond. Il continua donc de progresser au hasard de la forêt, ne sachant pas dans quelle direction se diriger.
Après des recherches qui lui avaient semblées interminables, le jeune adjoint réalisa que des deux étapes dont il avait été chargé, il en avait oubliée une depuis qu'il avait démarré sa traque : appeler Derek. Pourtant, cette prise de conscience ne le poussa pas davantage à prononcer le nom de son ancien compagnon. Il lui semblait étrange d'appeler cet homme disparu en plein milieu des bois, comme s'il pouvait apparaître derrière un arbre à tout moment. Il était pourtant là exactement pour ça, mais c'était ... étrange. Il ne trouvait pas l'intérêt de le faire, voilà tout.
En tout cas rien ne lui donna envie d'appeler Derek, jusqu'à ce que ses yeux se posent sur une énorme masse sombre légèrement éclairée par la lueur de la lune. Les couleurs blafardes de l'astre nocturne donnaient à la bâtisse une allure plus menaçante qu'en plein jour, mais Stiles n'eut aucun mal à reconnaître l'ancien manoir des Hale.

- Bon sang, je n'aimais déjà pas cet endroit en plein jour, je le trouve encore plus flippant de nuit.

Stiles se rappela brièvement son escapade avec Scott, des années auparavant, dans l'espoir de trouver un cadavre que les forces de police recherchaient. Ils avaient fini leur course près d'ici, et c'était ce jour-là qu'ils avaient fait la connaissance de Derek pour la première fois.

- Derek ?

Sa voix résonna dans la nuit et le nom glissa dans l'obscurité sans trouver de réponse. Stiles s'arrêta à quelques dizaines de mètres de l'entrée du manoir, entre deux arbres, comme s'il pouvait espérer se cacher là en cas d'attaque. Il avait pourtant bien conscience de n'avoir aucune chance de survie s'il tombait sur un être agressif ici : il n'était ni assez rapide pour fuir, ni assez fort pour se défendre. Il était contraint de compter sur la réactivité de ses amis et au vu du silence qui l'entourait depuis plusieurs heures, il aurait largement le temps de se faire tuer avant qu'ils ne le rejoignent.
Il s'apprêtait à faire demi-tour, lorsque la porte calcinée du manoir grinça sur ses gonds. Il recula d'un pas, surpris et inquiet, sans lâcher l'entrée des yeux. Il ne voyait rien à travers l'obscurité, ne pouvant qu'entendre le son inquiétant se répercuter dans chaque fibre de son être. Et enfin, dans un rayon de lune, il apparut : un énorme loup noir, bien plus imposant que celui qui avait été abattu par le fermier. Un loup dont les yeux rouges transperçaient la nuit pour le fixer. Stiles cessa de respirer, calculant mentalement combien de coups de griffes l'inconnu aurait le temps de lui asséner avant que ses amis ne débarquent. Ils avaient eu une très mauvaise idée et il allait en payer le prix fort.

[Sterek] Un fil d'argentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant