JOUR 18

518 93 793
                                    

JOUR 18

— Allez, plus vite que ça !

— Fais chier !

La pointe d'une botte rencontra son biceps pendant qu'il effectuait sa dixième pompe.

— Pas d'insultes.

— Sinon quoi ? Vous allez me foutre en taule ?

Les garçons riaient. Pas Denis. Salvator lâcha un autre juron quand il le poussa du pied une seconde fois, plus fort, si bien qu'il s'écroula à plat ventre. Denis se pencha sur lui, murmurant des menaces qui se fichèrent partout dans son esprit.

— J'ai lu ton dossier. On sait très bien toi et moi que la taule c'est pas le pire pour toi. Alors fais pas le malin.

Salvator se retint de l'insulter. Ce connard n'avait pas tort. Mais le manque de sommeil, doublé à une dépense énergétique inhabituelle et à ses angoisses le laminaient sur place. Il n'avait plus aucune patience.

— Allez ! Vous me faites dix tours de terrain !

Salvator en vint à se demander si la prison n'était pas préférable. Même s'il détestait être enfermé, au moins, personne ne le forçait à faire des putains de tours de cour.

Il n'avait même pas parlé à Mickaël aujourd'hui. Ce dernier avait mis un point d'honneur à ne pas croiser son regard au petit-déjeuner, achevant ainsi de composer sa mauvaise humeur. II courrait d'ailleurs aux côtés de Corentin, que Salvator fixait en essayant vainement de comprendre ce que ce type avait d'intéressant. La plupart des autres l'agaçaient prodigieusement. Un coup d'œil à la cour, et il rectifia sa pensée.

La totalité. Ils m'énervent tous. Bande d'abrutis.

— Mais quel groupe de tarlouze. Regardez-moi ça !

Florent le dépassait – lui-même ne fournissait aucun effort – et continua d'éructer à qui voulait l'entendre. Sa principale erreur. Parce que Salvator l'entendit.

— Lui là qui crie comme une pucelle en pleine nuit. Et l'autre qui a plus peur de s'arracher un cheveu que de son avenir...

Salvator se pressa. L'adrénaline pulsait jusque dans ses muscles déjà tendus.

— Tu parles de qui ?

— Les deux PD là en face, argua Florent, les désignant d'un vague geste.

Il poussa un cri quand Salvator agrippa son bras et le fit chuter. Sa cheville se tordit et il valdingua au sol, la bouche dans l'herbe.

— Sale connard ! cracha-t-il.

Salvator ne prit pas la peine de chercher une insulte et lui décocha un coup de pied. Un vif plaisir explosa en lui, à le voir ainsi se tortiller, tentant de lui échapper tout en vomissant son vocabulaire le plus vulgaire. Le bout de sa chaussure atterrit sur le cul de Florent, y abandonnant une trace boueuse.

— C'est qui le PD ici ? marmonna-t-il.

Denis ne tarda pas à les repérer. Sa voix se joignit à la haine de Florent, qui éclatait en écho dans l'air frais. Les autres garçons cessèrent toute activité, certains empressés de confluer au cœur du problème.

— Va te faire enculer ! lança Florent.

Il hurla quand Salvator empoigna sa tignasse et tira dessus, le forçant à relever la tête.

— T'as l'air bien concerné par ce que font les gens de leur cul. Et vu comme t'aimes te faire botter le tien, mes avis que t'es plus PD que nous !

— Lâche-le ! Mais qu'est-ce que vous foutez !

La minute effacée - (MxM)Where stories live. Discover now