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février 2011

– ça passera pas plus vite en regardant l'horloge toutes les secondes mathieu.

je lui ai causé à elle ?

— laissez-moi sortir alors, là, j'aurai même plus à téma l'heure.

— au bout d'une heure d'épreuve, non négociable. ça se passera comme ça le jour j.

que je reste encore vingt minutes ou non, sur ma copie, y aura le même rendu. je vois pas pourquoi je me formaliserais à la procédure de merde de mme carioux.

de toute façon, je l'aurai pas mon brevet blanc.

mais mamie m'a toujours dit qu'il fallait que je respecte un minimum les profs qui me font cours, alors je vais rester sur ma chaise encore tout ce temps avant de me tirer pour rejoindre moctar et rayan sur le parking du super u.

je le fais pour elle, si ça tenait qu'à moi, je fumerais déjà ma clope avec mes reufs et j'aurais déjà insulté la prof. c'est une vendue de toute façon, à chaque fois que je fais un quetru de travers, elle va poucave au cpe.

tic, tac, tic, tac.
elle a raison, ça passe pas plus vite. du coup, pour passer le temps moi-même, je regarde mes camarades de classe. j'en aime bien aucun. enfin, j'abuse, y a bien mehdi, thomas et sasha que j'arrive à saquer. les autres, c'est tous des fils et filles de bourges. ça me casse les couilles de les entendre, le lundi, parler de leur week-end en famille au touquet. mais mamie dit aussi que ce collège est bien pour moi et qu'au moins, je suis pas influencé par des racailles.

à croire qu'il faudrait que j'aille à stanislas dans le 6e pour la rassurer totalement.

la pire, c'est eloïse. j'ai rarement vu une meuf autant me sucer pour tout et n'importe quoi. je crois qu'elle kiffe les mecs qui s'en battent les couilles des cours ou qui cochent les cases que ses parents veulent pas pour leur futur gendre.

moi, je déteste celles qui croient que parce qu'elles ont une belle gueule, elles valent plus que les autres. c'est une fille de bourges qui veut un youvoi dans sa vie. ses potes sont pareilles, c'est fade de fou.

l'endroit que je kiffe, perso, c'est mon studio en mousse sous mon lit superposé. le collège, c'est le dernier de mes kiffes, ça passe carrément à la trappe. à part quand mehdi et thomas sont là. sasha aussi, mais c'est différent. je préfère l'observer dans mon coin qu'aller lui parler dès que j'en ai envie. j'ai toujours un peu reup qu'elle me remballe comme si j'étais le dernier des parias. pourtant, elle hésite jamais, elle. quand elle me croise en train d'errer dans les couloirs, elle vient me taper la discute. c'est toujours sur la réserve mais c'est plaisant. c'est la seule que je remballe pas puisque c'est ni une fille de bourges, ni une meuf qu'avec une belle gueule.

au moment où je quitte enfin la salle de cours et que je marche dans le couloir, j'entends une petite voix m'appeler. d'abord, je fais mine de pas entendre en touchant mon écouteur droit puis je sens quelqu'un à ma gauche.

wesh, je suis un batard, je savais pas que c'était elle justement.

— hm, c'était juste ... la prof en fin d'heure elle a distribué cette feuille mais t'es parti sans.

sa main reste tendue devant moi un moment avant que je daigne prendre la feuille qui y pendait. je sais pas pourquoi une racli aussi douce qu'elle me tape la discute autant de temps et autant de fois. je m'en formalise ça, j'aime bien parler avec elle, c'est court, un peu timide mais je me sens plus si con que ça à chaque fois. le pied c'est quand elle sort avec les gars et moi. je peux parfaitement bien la saquer, je l'ai déjà dit. mais je sais que si elle m'apporte du crédit, je dois le mériter un minimum.

SASHIMIDonde viven las historias. Descúbrelo ahora