Chapitre 10.2 : Mercenaires

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   Sverjar, conscient du poids des regards qui pesaient sur eux, s'inclina légèrement.

— Votre accueil chaleureux est fortement apprécié. Mon ami a perdu beaucoup de sang, et votre hospitalité sera d'une grande aide. »

Entourés d'un groupe de mercenaires, ils furent guidés à travers des ruelles humides jusqu'à une modeste cabane en flanc de falaise. Entrez ici, c'est la demeure de notre Guérisseur. C'est le seul qui pourra faire quelque chose pour votre ami, à part prier les Vestiges, » expliqua le pêcheur.

Sous la pluie persistante, ils franchirent le seuil de la hutte, leurs vêtements trempés.

À l'intérieur du cabanon, la chaleur du feu contrastait avec la fraîcheur marine qui planait à l'extérieur. Le sol était tapissé de peaux épaisses d'animaux, offrant une douceur rugueuse sous les pieds. Des couvertures supplémentaires étaient soigneusement disposées sur des couchettes rudimentaires. Des étagères exhibaient diverses herbes séchées, des pots d'onguents et des fioles contenant des liquides mystérieux. Une odeur apaisante d'herbes médicinales flottait dans l'air, mêlée à la fumée parfumée du bois brûlant.

Le Guérisseur, un individu d'âge mûr, prévenu de l'arrivée des visiteurs, les accueillit.

— Bienvenue. On m'a informé de la situation. Posez-le ici, sur cette natte, dit-il en indiquant un endroit préparé pour recevoir Tyrulf.

Ils obéirent, puis attendirent, observant silencieusement l'homme entamer l'application méticuleuse d'un onguent sur les blessures du Chasseur.

Surveillant les gestes du Guérisseur avec une anxiété palpable, Sverjkar interrogea d'un ton pressant : « Va-t-il s'en sortir ? »

— Patience. Les blessures sont propres, et cet onguent préviendra toute infection. Il a besoin de repos, et les Vestiges décideront de son destin, » répliqua l'homme d'une voix empreinte de méfiance. Puis, son attention se porta sur les visiteurs.

« Pour quelle raison avez-vous choisi de venir en ces lieux ? Les voyageurs se font rares dans ces contrées. »

Vindottir et Sverjar parurent manifestement mal à l'aise. La jeune femme prit la parole.

— Nous sommes à la recherche d'un navire pour entreprendre la traversée de l'Océan en direction des îles Lointaines. Nous avons eu vent de votre renommée en tant que maître dans l'art de commander les drakkars. »

L'homme émit un grognement teinté de scepticisme.

— Notre réputation ne découle pas de simples bateaux de voyage, vous vous méprenez. » Un sourire inquiétant se dessina sur son visage. « Nous sommes des combattants mercenaires, et nos drakkars sont forgés pour la bataille. »

Ne pouvant se contenir davantage, Sverjar intervint.

— Nous avons traversé les terres devant Yggdrasil, qui a subi un funeste destin. Le peuple d'Havtryor est-il d'une manière ou d'une autre lié à cela ?

— Vous proférez des paroles bien dangereuses, guerrier. De telles accusations, un mot de ma part au Jarl, et vos trois corps iront nourrir les monstres marins. » Le Guérisseur arborait un rictus empreint de colère. Il observa un moment de silence, laissant une atmosphère lourde planer entre eux.

— Repartez d'où vous venez une fois votre ami rétabli. Abstenez-vous de fouiller et de questionner qui que ce soit pendant votre séjour ici. Le peuple Havtryor n'est pas à prendre à la légère. Ignorez cette mise en garde, et vous risquez de forger des ennemis bien plus redoutables que ceux que vous chassez habituellement. »

Sverjar voulut protester, la colère montant doucement en lui, mais la main de Vindottir sur son épaule l'en dissuada. Ils s'assirent près du feu, réchauffant leurs corps trempés. L'homme quitta la hutte et la porte se referma derrière eux, les laissant seuls. Un bruit de clé leur fit comprendre qu'ils avaient été enfermés.

— Tout semble indiquer que nous sommes au bon endroit pour trouver des réponses, » chuchota le Banni. « Ces Havtryor ne m'inspirent pas confiance, ils sont clairement mêlés à l'incendie de l'arbre. »

— C'est une certitude, mais il était inutile de le provoquer frontalement comme tu l'as fait, » reprocha La Fille des Vestiges. « À l'heure qu'il est, il doit déjà en référer au Jarl. Nous risquons d'avoir les pieds et mains liés pour enquêter, à moins qu'ils ne décident de nous éliminer avant. »

Sverjar se releva avec vigueur, son agacement palpable.

— Depuis le début, notre parcours est jonché d'individus inhospitaliers ; la méfiance semble être notre compagne constante. J'ai l'impression qu'à chaque pas en avant, un nouvel obstacle surgit sur notre chemin. Et maintenant, voilà Tyrulf blessé. »

Le jeune homme déambulait dans la pièce, traçant des cercles du regard, son attention se divisant entre le chasseur aux yeux clos, la porte fermée, et la Fille des Vestiges qui se tenait près du foyer.

— Ne possèdes-tu pas un pouvoir qui pourrait nous sortir d'ici ? » interrogea-t-il.

— Je ne suis pas certaine que la fuite soit une option judicieuse. Cela ne ferait que nous exposer davantage à une exécution immédiate, et Tyrulf n'est pas en état de nous suivre, » répondit la Fille des Vestiges.

Il acquiesça, reconnaissant la sagesse dans ces paroles. Il décida de prendre son mal en patience. Dans cette pièce confinée, le temps semblait s'étirer paresseusement, créant une attente interminable. Les soupirs occasionnels de Sverjar résonnaient, imprégnant l'air d'une pesanteur déprimante. Les ombres se mouvaient lentement sur les murs, dessinant des silhouettes changeantes, projetées par la lueur vacillante du foyer. Les minutes s'écoulaient, s'étirant comme des élastiques tendus à leur maximum.

Soudain, un grincement retentit dans la chambre, et la porte s'entrouvrit légèrement. Un pâle rayon de lumière extérieure filtra à travers la fissure. Trois bols de soupe au poisson fumant furent posés au sol, accompagnés d'une odeur alléchante. Puis, la porte se referma.

Le Banni et la fille prirent leurs bols, mangeant en silence. À tour de rôle, ils prenaient soin de Tyrulf, qui, réveillé, restait affaibli. Sverjar tenait sa tête avec précaution tandis que Vindottir lui donnait des cuillerées de soupe. La tête du chasseur reposait sur les genoux de Sverjar, et la pâleur et la fatigue sur son visage le troublaient.

Ils finirent leurs repas en même temps que la nuit tombait. Vindottir, enveloppée dans une couverture, fixait le mur, plongée dans ses pensées. Tyrulf s'était endormi à nouveau, et Sverjar sentait ses paupières s'alourdir.

Il fut tiré de son sommeil par des bruits métalliques émanant près de la porte. Il réalisa qu'il s'était assoupi.

— Vindottir, » murmura-t-il, « quelqu'un approche. »

Elle se leva promptement pour se placer à ses côtés.

— J'ai entendu. Je peux nous rendre invisibles à leurs yeux pendant un court laps de temps, » chuchota-t-elle à son oreille. « Serre ma main. »

Vestiges [Roman Dark Fantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant