Disorder // 5SOS

Chapitre deux : Princesse.

Le tic tac incessant de l'horloge était le seul bruit qui habitait encore la maison, la nuit était en train de tomber en ce vingt deux décembre et la neige avait cessé bien que Londres était encore plongé dans une blancheur sans égale. 

La jeune fille aux cheveux de feu était assoupie dans ses draps pâles maintenant tintés de rouge. Comme toujours, même endormie, elle semblait triste et fatiguée, ses joues étaient creuses et son teint des plus livides, comme ci une centaine d'année avait en quelques secondes vidées sa jeune âme. 

Soudain, dans la froideur du silence, des pas retentirent dans le couloir, se rapprochant rapidement de la chambre d'Adéa. La jeune fille restait inerte mais pourtant consciente. Elle avait toujours les yeux clos mais son esprit était éveillé  elle pensait que cette fois, elle aurait pu y rester mais qu'une fois encore elle avait été trop faible. Le sang avait cessé de couler depuis maintenant de longues heures, les draps en revanche étaient les témoins d'un crime abominable, comme-ci, ici, sur ce lit et dans cette chambre quelqu'un avait perdu la vie. Pour Adéa c'était tout comme, même si son corps n'était pas encore mort, son esprit tout entier l'était et depuis bien longtemps. Les marques sur ses poignées et ses cuisses en étaient les parfaits témoins mais surtout l'immense vide qu'on voyait souvent trouer ses yeux sombres. 

- Adéa ? hurla une voix qui paraissait lointaine dans son esprit. 

Elle tenta d'ouvrir les yeux, forçant profondément mais aucun mouvement ne répondit à sa demande. La jeune fille était tout simplement incapable de faire quoi que ce soit. Le vide l'entourait et à tout moment elle avait l'impression qu'elle pouvait sombrer dans les ténèbres  

- Oh putain, soupira cette même voix. 

Des mains aussitôt encerclèrent la jeune fille et en moins de temps qu'il ne faille pour le dire elle se retrouva enfermée entre les bras du jeune homme. Elle était si fatiguée et n'avait qu'une seule envie : qu'on la laisse seule avec sa tristesse et sa folie. 

- Adéa, merde, merde tu m'entends ? Putain princesse déconne pas, tu es là ? Dis moi que tu vas bien et que tu es simplement en train de dormir, Adéa ? 

L'adolescente bougea la tête très légèrement, un signe tout juste perceptible mais c'était tout ce dont elle était capable actuellement. 

- Seigneur...

Le garçon déposa un baiser sur son front chaud et après l'avoir délicatement déposée sur son lit, il fila chercher des bandes dans la salle de bain. Il savait que la jeune fille en achetait toujours car il connaissait vaguement sa situation avec son père alors, il en prit deux et à toute vitesse se précipita dans la pièce sombre pour trouver à nouveau la jeune fille étalée au milieu des draps sanglants. 

- C'est bon princesse je suis là, murmura t-il. 

A nouveau, il la tira contre lui et commença à bander soigneusement la plaie profonde qui logeait dans le creux de sa main. Il remarqua qu'elle s'était entaillée sur un petit centimètre de profondeur et qu'elle avait continué le massacre jusque sur le tout début de son poignée. Rapidement et le coeur battant il improvisa un bandage pour cacher les fraîches scarifications qui rongeaient sa peau de porcelaine. 

- Adéa, c'est moi, chuchota l'adolescent de manière rassurante. 

Peu à peu, elle sortait de sa torpeur, la tête écrasée entre deux poids lourds. 

- Cal ? susurra t-elle à bout de souffle. 

Il lui caressa les cheveux doucement. 

- Oui, tu m'as fait vraiment peur cette fois. Je sais bien que ce n'est pas la première fois que je te retrouve comme ça mais là tu as vraiment fait un carnage, regarde tes draps princesse.  
- Moi je trouve ça amusant, on se croirait dans Black Swan, rit-elle dans un murmure.