Chapitre 15 : Surprise

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!!! Violence !!!

Samaël

Il faut que j'évacue ma colère. Comment ai-je pu me laisser embarquer dans une galère pareille ? Je suis l'être le plus craint au monde et pourtant... Salomée me mène par le bout du nez. J'aurais préféré qu'elle me dirige par un autre bout... Qu'est-ce que ma réflexion est naze ! Mais bon... Mon humour de gros lourdaud a au moins le mérite de me faire sourire. C'est déjà ça. Je vais terminer de décompresser en allant lâcher ma frustration sur un pauvre type. Une sous merde qui a cru pouvoir battre sa femme et s'en sortir impunément. Manque de pot pour lui, il a eu un accident de voiture et a fini ici, avec moi, plus tôt qu'il ne l'espérait. Ne voyant pas quel mal il faisait en maltraitant son épouse, il ne pensait pas une seconde atterrir dans cette fournaise. Bienvenu chez moi mon pote. Je vais bien m'occuper de toi ! Je te le promets. Je vais d'ailleurs démarrer tout de suite.

Je me téléporte et instantanément, je suis à ses côtés. Nous ne sommes pas seuls. Naama est avec lui. Elle a déjà commencé. Sa spécialité à elle, c'est de reproduire les sévices sexuels que les tarés infligent à leurs victimes. Et cette fois ne fera pas exception. Elle a l'air d'avoir une grande satisfaction à le punir. L'unique plaisir d'un démon, c'est d'administrer de la souffrance. Et là, clairement, elle prend son pied. Je la laisse continuer encore une dizaine de minutes et je l'interromps. C'est à mon tour de m'acharner sur cette loque. Mon truc à moi, c'est de faire perdurer le supplice des heures après avoir fini de torturer mes pensionnaires. Et quand la douleur disparaît, je reviens pour recommencer où je me suis arrêté. Hé oui... Je me suis découvert avec un cœur et une conscience. Mais il ne faut pas s'y fier. Je suis tout de même un psychopathe. Bref... Où en étais-je ? Ah oui ! Éclater la gueule du sale mec que j'ai en face de moi. Naama ne l'a pas loupé... Il ne m'a pas remarqué. Il est très faible et va bientôt perdre connaissance. Qu'à cela ne tienne. Je lui laisse un petit peu de répit. Lorsqu'il se réveillera, il aura besoin de toutes ses forces pour supporter ce que je vais lui faire.

Après quelques minutes d'attente qui m'ont semblé interminables, mon supplicié revient enfin à lui. Je vais pouvoir commencer à m'amuser. Malheureusement pour lui, pendant que je patientais, mon cerveau n'a pas cessé d'imaginer ce que je pourrais lui faire. Et je dois dire que je suis plutôt créatif. Ce petit merdeux n'a pas fini de hurler...

Deux heures plus tard...

Je ne sais pas combien de temps j'ai passé à m'acharner sur cet abruti, mais il faut que je m'arrête. Même si j'aurais pu continuer sans fin. S'il y a bien une chose que j'aime dans la configuration de mon monde, c'est que les âmes qui atterrissent chez moi conservent leur enveloppe corporelle. Avec toutes les joyeusetés qui vont avec. Ce n'est pas moi qui ai conçu l'enfer. Mais je suis responsable de quelques-uns de ses fondements. Et celui-ci me plaît particulièrement. Il me permet de faire souffrir sur le plan mental et physique. Ici, malgré qu'ils aient déjà succombé, mes pensionnaires continuent de saigner et de percevoir la douleur. Et ça arrange bien mes affaires...

Cette fois encore, je n'y suis pas allé de main morte. Puisque mon élu du jour aimait la violence et que ses accès de colère débordaient sur sa femme, j'en ai fait autant sur lui. Je me suis armé d'une batte de baseball et je lui ai fait exploser chacune de ses articulations. Avant de terminer par son crâne. Je me suis tant laissé emporter que je n'ai pas remarqué qu'il s'est transformé en un tas de charpie. Il me semble avoir vu un œil voler... Je suis tellement couvert de sang qu'il ne doit pas rester grand-chose du mec. Toutefois, je ne dois pas oublier que j'ai un autre impératif. Maintenant que j'ai soulagé mes nerfs, je dois m'occuper d'Emma. Elle doit avoir faim. Seulement, je ne peux pas me présenter devant elle dans cet état. Rempli d'hémoglobine. Elle ne m'apprécie pas. Mais je ne souhaite pas la traumatiser. Si j'ose aller à sa rencontre avec de la chair sur moi, elle deviendra complètement hystérique et serait capable de plonger sur moi toutes griffes dehors. Pourquoi est-ce que je pense au conditionnel ? Elle s'est déjà jetée sur moi.

À présent que je suis calmé, je trouve son geste téméraire. Sauter sur un homme de ma stature alors qu'elle ne doit peser qu'une cinquantaine de kilos toute mouillée, c'est risqué. C'est une femme plutôt courageuse. Chiante et énervante, mais courageuse. Je ne peux pas lui retirer. J'aurais pu l'écraser facilement. De la même façon qu'un moustique trop encombrant. Avec un corps comme le sien, ça aurait été dommage de l'exterminer... D'où je sors ça ?! Oh non ! Putain, non ! Mon instinct primaire de mâle en rut est en train de faire surface. Je le réprime aussi vite qu'il est arrivé. C'est hors de question que j'ai des pensées salaces pour cette insupportable chipie. Ça m'attirerait à coup sûr des ennuis. Quand même... Il faut bien avouer que cette créature a déjà dû faire rougir plus d'un homme. Je lui ferai bien rougir ses petites fesses rondes... Stop ! Je dois arrêter ça tout de suite ! Qu'est-ce qui me prend, bon sang !?

C'est tout de même avec des pensées moins vindicatives que je rejoins mes pénates. Le peu de temps que j'ai passé avec Salomée, lorsque nous étions ensemble, m'a encouragé à rêver d'une vie humaine. Pour m'en rapprocher le plus possible, je me suis aménagé un espace. Une cuisine. Un salon. Une salle de bain et une chambre. J'apprécie le confort qu'apportent les choses aussi simples que du mobilier. Ce n'est pas vital puisque ma condition d'immortel fait que je n'ai pas besoin de manger ni de dormir. Et mes pouvoirs me permettent de changer d'apparence comme il me plaît. Cependant, maintenant que j'ai découvert la bonne bouffe et le bien-être que procure une douche, je ne peux plus m'en passer. Après m'être déshabillé, je me glisse sous l'eau. Ça m'aidera certainement à remettre mes idées en place. Moi, fantasmer sur Emma ? Quelle blague ! Cette nana me rend barjo ! Ceci dit, ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de pensées coquines envers une autre femme que Salomée. Quelque part, ce retour à la norme me réconforte. Peut-être que le temps fait son effet et que je suis en train de l'oublier ? Je le souhaite en tout cas.

Lorsque j'estime qu'il ne me reste aucune traînée rouge sur le corps, je sors et me frictionne avec une serviette. Afin de m'assurer que je n'en ai négligé aucune, je me regarde dans le miroir. Surprise ! Mes yeux ne rencontrent pas mon reflet. À la place, un joli message m'attend. Grâce à la buée qui s'est accumulée dans la pièce, je peux lire très clairement sur le verre, écrit en majuscule avec du savon, le mot « connard ». Personne n'oserait jamais s'aventurer dans mon intimité sans avoir peur d'en payer les conséquences. Autrement dit, aucun de mes sujets ne serait assez fou pour assouvir sa curiosité en venant fouiller chez moi. Il n'y a qu'un inconscient pour prendre ce risque. Ou plutôt qu'une seule emmerdeuse. Emma. Putain ! Elle commence fortement à me les briser !

Je suis toujours à poil.Bien qu'elle mérite une bonne leçon, je ne peux pas aller la voir nu. Il faut que je m'habille. Avec une serviette autour des hanches, je me dirige vers mon dressing et ouvre le premier placard. Sérieux ?! Mais je vais la tuer ! Il n'y a plus aucune de mes fringues. Elles ont toutes disparues. Un second tiroir.Même topo. Ah, c'est comme ça ? Et bien tant pis pour elle. Je n'ai aucun complexe. Me promener en tenue d'Adam ne me pose pas de problème. Gonflé à bloc, je sors de ma chambre. Le torse bombé, la respiration accélérée par la colère, je remonte le couloir jusqu'à la sienne. Toutefois, arrivé devant sa porte, je doute. Je lui demande la permission avant d'entrer ou pas ? Quelle idée ! Bien sûr que non ! Elle ne s'est pas gênée, elle, pour faire intrusion dans mon intimité. Pourquoi commencerais-je à faire attention aux bonnes manières quand elle ne le fait pas ?

Lumière et ténèbres - tome 2 - Emma (premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant