PRÉDATION

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Personnages :

-JoggoBitch (J)

-NitroBiatche (N)

-Tang (T)

-Les enfants

2047-Montre-Oeil (résistance)

JoggoBitch passe de l'autre côté du mur. Le temps est dégueulasse et il déambule dans une rue qui lui fait penser à l'affiche de L'exorciste de William Friedkin. Ses « sneakers » font des flics et des flocs dans les ornières de l'enrobé granuleux et friable, antithèse parfaite des pavés en marbre de la K-pital. Il tente de visualiser sa famille dont tous les membres désormais ont rejoint le pays de ses ancêtres, la Guinée. Sur ses joues scarifiées, la pluie et les larmes ruissellent et zigzaguent dans le lit de ses rides d'expression. On dirait Morgan Freeman mais en jogging.

Les lumières agressives de la ville tentent artificiellement de repousser la nuit banlieusarde. Dans un contrejour nocturne, la silhouette d'un parallélépipède cyclopéen de béton se découpe, plus noir que noir. La silhouette de Joggobitch disparaît dans l'ombre du mastodonte. Il parcourt des couloirs veinés de tuyaux et de gaines éclectiques. Il se dit qu'il faut qu'il mate à nouveau Blade Runner pour se souvenir du monde d'avant et que ce n'était pas mieux avant. Il emprunte des escaliers métalliques obsolètes, se faufile, voûté, dans des coursives, évitant de reprendre son équilibre sur des mains-courantes corrodées à l'extrême. Il s'immobilise devant une porte coupe-feu qui se délite et baisse la tête tel un pénitent, s'accordant un instant de répit. Il regarde la lumière chaude qui passe sous la porte comme un bout de couverture en laine. Il entend un crépitement hospitalier et des rires cristallins qui lui rappellent le pépiement des mésanges. Extinction de l'espèce en 2043, c'est sur cette réalité qu'il quitte son état méditatif et pousse la porte.

Cavalcade de petits pas et de cris stridents : Tonton Joggo par ci, Oncle Joggo par là. Il se retrouve vite cerné par une tribu de « bambinos » hystériques. Il fait basculer sa capuche et tente d'approvisionner en bisous, cette nuée de sauterelles. Dans la lumière du feu qui danse au milieu de cette grande salle souterraine, son visage s'épanouit comme une nova. Une jeune européenne ainsi qu'un vieux chinois attendent que la cérémonie se termine pour pouvoir s'approcher.

-Salut Joggo. (NitroBiatche)

-Salut Nitro. (Joggo)

-Salut Tang. (Joggo)

-Salut, petit scarabée doré. (Tang)

Dans l'ancienne antenne d'un centre des impôts, au niveau -2, c'est le cœur de la nuit ; il fait soleil comme dans le plein jour, de jours qui ont disparu. JoggoBitch chouffe à l'envi les courbes exquises de Nitro. Le tissage en carbo-kevlar orange fluo de son legging est une seconde peau. Paupières fermées, elle accepte sa hardiesse, les caresses percent son blindage de façade. Le regard de Joggo glisse, plein de respect et de tendresse, sur ce petit bout de figue de chinois. Ils se sourient, contact visuel fugace débordant d'une compréhension mutuelle et silencieuse. Ils rejoignent l'âtre central, entourés de minots qui chantant à tue-tête, qui sautillant à cloche-pied, qui tournicotant. Assis en rond, mélangés, on perçoit comme une grande espérance.

-Allez, oncle Joggo, raconte-nous une histoire lance une mini black aux cheveux joyeusement bouclés.

-Alors, ça y est, c'est toi la cheffe ? (J)

-Oui, et j'ai fait comme tu m'as dit. J'ai organisé des élections et nous avons tous votés à mainlevée, sauf moi bien sûr, car j'étais la seule candidate

Joggo parcourt les visages des autres enfants et s'arrête sur celui d'Antoine qui ne sourit pas

-Antoine ? (J)

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⏰ Última atualização: Feb 14 ⏰

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PRÉDATION : extrait du premier volume du cycle des enfants du dimanche midiOnde histórias criam vida. Descubra agora