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Cette nuit-là, le ciel semblait vouloir se déchaîner. Un violent orage avait éclaté, réveillant le petit Nol en sursaut. Le tonnerre tonnant de plus belle encore par la suite, il ne parvint pas à retrouver le sommeil. Lassé, et surtout effrayé, il finit par se lever, afin de rejoindre sa sœur dans le lit voisin, où il savait qu'il trouverait du réconfort. Il s'arrêta au pied de celui-ci, hésitant à la réveiller.

— Mya, souffla-t-il. Mya.

Comme elle ne réagissait pas, il finit par lui secouer doucement le bras. Elle ouvrit les yeux dans un grognement disgracieux.

— Nol ? Qu'est c'qui t'arrive p'tit frère ? marmonna-t-elle à grande peine, mal réveillée.
— C'est à cause de l'orage. Ça me goutte sur la tête. J'arrive pas à me rendormir.

Au même moment, le fracas du tonnerre résonna dans la pièce, simultanément avec un éclair zébrant le ciel, illuminant la pièce, et faisant bondir le petit garçon. Comprenant le réel problème, Mya sourit.

— Tu veux dormir avec moi ? Mon lit est sec, répondit-elle, rentrant dans son jeu.

Le petit sourit, soulagé de ne pas avoir à insister, et s'empressa de grimper dans le lit de sa sœur, sans même prendre le temps de lui répondre. Après avoir un peu gesticulé pour trouver une position confortable, tous deux se rendormirent profondément, blotti l'un contre l'autre.

Le lendemain, l’orage avait laissé la place aux doux rayons du soleil, qui s'infiltrant dans sa chambre à travers les volets, réveillèrent Mya. Doucement, elle s'extirpa de son lit, en veillant à ne pas réveiller son petit frère. Elle sourit en tâtant son oreiller, parfaitement sec. Des fuites, il y en avait, mais pas au-dessus de son lit. Elle alla ensuite discrètement jusqu'à sa réserve, où elle dissimulait de quoi grignoter le matin, pour elle et Nol. Elle soupira en constatant qu'elle était vide. Il lui semblait pourtant qu'il en restait au moins pour ce matin. La petite souris qui venait régulièrement s'incruster dans leur chambre s'était probablement servie. Mya allait devoir trouver une solution pour ne plus partager le même garde manger que le petit rongeur. En attendant, avec Nol, ils allaient devoir jeûner jusqu'à qu'elle ramène quelque chose.

Toujours aussi discrètement, elle enfila des vêtements chauds, et sortit de la pièce. Pour éviter d'avoir à se justifier sur sa sortie matinale auprès de son père, elle rejoint furtivement la porte d'entrée. Une fois dehors, elle respira à pleins poumons l'air vif automnal. Ici, elle était libre. Plus besoin de respirer le même air que son père, qui rendait l'atmosphère oppressante des seuls faits de sa présence.

Sa saison favorite était enfin arrivée. Elle adorait les couleurs que la nature prenait en cette période de l'année. C'était comme si tout ce qui l'entourait, végétale et animale, aspirait à un repos bien mérité. Cette ambiance reposante que la nature dégageait était pour elle communicante. En plus de ça, il était plus simple de trouver de petits fruits sauvages, faciles à conserver, ainsi que quelques champignons qu'elle pouvait faire sécher, avant la longue et difficile période hivernale.

Elle prit joyeusement le chemin de la maison de Goulven. Il habitait comme elle, dans une maison isolée, si bien que ni l'un ni l'autre n'avaient l'habitude de côtoyer beaucoup de monde. Elle y arriva après une marche qui lui sembla longue. Préférant éviter de croiser la famille de son ami, elle préféra jeter des cailloux à sa fenêtre. Il ouvrit peu après en se frottant les yeux.

— Mya ? Tu fais quoi ? Tu m'as réveillé.
— Viens avec moi, espèce de loir. Ça fait un moment que le soleil il est levé.
— J'ai pas dormi de la nuit avec l'orage.
— Ohh, le petit Minus il a peur de l'orage. Comme Nol.

Goulven essaya de se donner l'air le plus formidable possible avant de répondre.

— Mais non, j'ai pas peur. Tu es là pour quoi en fait ?
— C'est ça ouais. Bah pour venir te chercher.
— Mais je peux pas m'en aller comme ça. Mes parents vont jamais être d'accord.
— Passe par la fenêtre, répondit Mya, comme si c'était le plus naturel du monde.
— Mais ils vont s'en rendre compte, répondit-il en se grattant le bras nerveusement.
— Mais non, même pas, aller sautes.
— Je vais me faire mal. Ça fait pas longtemps que je boite plus.
— Arrête de faire ton trouilloux. Descend.
— Bon bah… j'arrive alors.

Castelizia.Where stories live. Discover now