Son jardin : le monde

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Il était une fois, une déesse, nageant parmi les premières vagues des premières ombres de la première nuit.

La déesse était perplexe ; qui suis-je ? Demanda-t-elle, mais ne reçut aucune réponse.

Elle tendit alors la main vers les ombres qui ondulèrent et s'illuminèrent de sa radiance. Et de cela, le Soleil, splendide, grand et extraverti, naquit, éclairant le ciel pour la première fois de son rire chaleureux et créant le jour.

Mais je ne suis pas le Soleil. Dit-déesse. Je ne suis pas le ciel, ni le jour.

Donc elle baissa son regard vers la Mer, amoureuse passionnée de la déesse, et la toucha du bout de son doigt. Et la Mer adora son toucher à tel point qu'elle prit ses enfants parmi ses eaux et devint la soupe primordiale.

Mais je ne suis pas la Mer. Dit-la déesse. Je ne suis pas l'amour, ni la vie.

Alors, elle poussa sous les eaux et vers la Terre. Timide, elle trembla et se fissura à son toucher, émergeant d'en dessous des eaux et créant les montagnes, les vallées, les collines et les canyons.

Mais je ne suis pas la Terre. Dit-la déesse. Je ne suis pas les montagnes, les vallées, les collines, ni les canyons.

Donc elle chercha plus profondément encore sous la Terre et atteint son sang. Il siffla et bouillonna de colère et de malice et brûla la déesse et lorsqu'elle retira sa main de douleur, il la suivit jusqu'à la surface en une explosion de pouvoir, son et destruction, où il créa les volcans et les îles.

Mais je ne suis pas le Magma. Dit-elle. Je ne suis pas les volcans, ni les îles.

Puis, il n'y avait nulle part où chercher, et la déesse n'avait toujours pas de réponse. Qui suis-je ? Cria-t-elle. Mais rien ne lui répondit.

Alors la déesse retourna parmi les cieux, où elle se mise à pleurer, car elle ne savait pas qui elle était.

À travers ses pleurs, cependant, elle entendit le pépiement d'un oiseau.

Pourquoi pleurez-vous, ma déesse ? Demanda-t-il.

Car je ne sais pas qui je suis. La déesse sanglota.

Je vois. Répondit l'oiseau. Volerez-vous avec moi, déesse ?

Et lorsque la déesse acquiesça, les deux se mirent à voler parmi les cieux. À travers les nuages, sous le Soleil, emportés par le vent comme si la gravité n'existait pas, libres comme si rien n'importait à part leur bonheur. Libres d'aller où bon leur semblait, observant le monde de haut, ses habitants comme des fourmis, eux comme des dieux.

La déesse demanda : Si je peux voler comme toi, mon ami, et être aussi libre dans les airs que toi, ne serai-je pas un oiseau ?

Non, ma déesse, l'oiseau répondit cependant, vous n'êtes pas un oiseau, car vous êtes bien plus.

Déçue, la déesse sombra sous la tendre étreinte de la mer, où elle se mise à pleurer, car elle ne savait pas qui elle était.

À travers ses pleurs cependant, elle entendit le bloop bloop d'un poisson.

Pourquoi pleurez-vous, ma déesse ? Demanda-t-il.

Car je ne sais pas qui je suis. La déesse sanglota.

Je vois. Répondit le poisson. Nagerez-vous avec moi, déesse ?

Et lorsque la déesse acquiesça, les deux se mirent à nager parmi tous les océans et les mers, des plus profondes crevasses où les derniers rayons du Soleil transperçaient les eaux comme des épées de lumière aux plus petites rivières qui se fondaient parmi les forêts et cascadaient au-dessus des galets. Entre les vertiges médusant de l'immensité et les beautés cachées des milieux oubliés.

La déesse demanda : Si je peux nager comme toi, mon ami, et observer tout autant les merveilles aquatiques, ne serai-je pas un poisson ?

Non, ma déesse, le poisson répondit cependant, vous n'êtes pas un poisson, car vous êtes bien plus.

Déçue une fois de plus, la déesse s'échoua au rivage d'une mer oubliée et se cacha entre les montagnes, où elle pleura, car elle ne savait pas qui elle était.

À travers ses pleurs, cependant, elle entendit les paroles d'un homme et d'une femme.

Pourquoi pleurez-vous, ma déesse ? Demanda la femme.

Car je ne sais pas qui je suis. La déesse sanglota.

Je vois. Répondit l'homme. Marcherez-vous avec nous, déesse ?

Et lorsque la déesse acquiesça, les trois marchèrent. Descendant de la montagne, ils traversèrent les collines et les ravins, passèrent dans les forêts et les prairies, où nature et beauté règnent. Où les choses sont cruelles mais aussi belles. Où tout est juste car tout est injuste pour tout le monde. Une proclamation du difficile reposant sur le savoir qu'on peut tout atteindre.

La déesse demanda : Si je peux marcher comme vous, mes amis, connaître le difficile et le surpasser autant que vous, ne serais-je pas humaine ?

Non, ma déesse, l'homme répondit cependant, vous n'êtes pas humaine.

Car vous êtes bien plus ! Ajouta la femme. Vous avez donné naissance au ciel et Soleil, aux mers et océans, aux montagnes, collines et vallées, et à la vie !

Vous savez voler comme un oiseau et être libre comme le vent, nager comme un poisson et voir la beauté de l'origine de toutes les choses, marcher comme un humain et affronter le mal pour obtenir le bon.

Vous êtes notre mère. Vous êtes notre déesse.

Et pour la première fois, la déesse vit réellement tout ce qu'elle avait créé. Le jour et la chaleur, l'amour et la vie, la nature et la justice, le bon et le mal. Elle vit le monde et sa beauté et ses fautes et fut fière.

Oui, dit-elle, souriant enfin. Je suis la Déesse. La Terre est mon jardin, les Eaux sont mon lit et le ciel est mon aire de jeux.

Et la Déesse sut enfin qui elle était. 

des histoires irréellesWhere stories live. Discover now