BURST HEARTS (TOME 1 & 2)

𝙽𝙴𝚄𝙵

𝙸𝚕𝚕𝚞𝚜𝚒𝚘𝚗 /𝚒𝚕𝚢𝚣𝚓ɔ̃/
(n.f.) Interprétation erronée d'une donnée sensorielle

MIA
Aujourd'hui

— La délinquance juvénile est apparue au vingtième siècle. Autrefois, nous l'appelions, criminalité infantile ; pourquoi ça ?

La professeure quitte l'estrade et s'avance vers les rangées d'élèves, particulièrement ceux qui lèvent les mains pour répondre à la question.

Assise au fond de l'auditoire, mon ordinateur est sous mes yeux et le bonhomme qui affiche un manque de réseaux sautille à mesure que je tape sur la barre espace de mon clavier, rageant intérieurement lorsqu'il se fracasse la figure. La réponse est dite par un étudiant lambda et l'instructrice retourne sur l'estrade. Se logeant derrière son écran, le diaporama change et la réponse y est inscrite, même réponse que je prends en photo, flemmarde de le noter.

Le cours continue et diverses slides s'offrent à nous sur l'immense écran derrière la professeure.

— Nous nous conformons à la norme lorsqu'une pression sociale est exercée sur n...

Sa voix s'interrompt suite au bruit d'un des battants de la porte. Tapant toujours frénétiquement sur une touche de mon clavier, perdue dans mes pensées, je ne relève les yeux que lorsque la voix de l'opportun arrive jusqu'à moi.

— Vous êtes en retard jeune homme, le sermonne-t-elle en regardant sa montre. Très en retard.

Ses cheveux blancs attirent divers regards, mais je ne pense pas que ce soit que cette atypicité qui fait chavirer les cœurs de nombreuses filles comme hommes dans cet auditoire. Sa chemise trempée aussi y joue un rôle tout comme ses putains d'yeux perçants et son sourire arrogant.

Escaladant de dos les marches lentement tout en fixant la femme qui vient de le sermonner, je parie qu'il est en train de lui sourire et étant donné sa réaction, sa mission est accomplie puisqu'elle baisse la tete et glisse instinctivement sa main sur une de ses mèches de cheveux blonds.

Arrête de le regarder connasse, crache ma mémoire.

— Mille excuses m'dame, dit-il en faisant une révérence.

Je vais le tuer.

L'institutrice passe rapidement à autre chose, n'empêchant pas ses sales yeux de loucher sur Egon, vérifiant bien qu'il ne cherche pas son regard à son tour. Je jubile à l'instant où les traits de cette cougar se décomposent et que ses iris passent d'Egon à moi et je retiens un sourire quand le siège à côté de moi n'est plus libre.

— Tu viens en cours défoncé maintenant ?

— Je peux dissiper les effets avec quelque chose de sucré, fait-il.

Pour toute réponse, je roule des yeux, ces derniers toujours virés sur l'écran face à moi et sur le petit bonhomme qui s'écrase à nouveau contre un obstacle non pas parce que je suis totalement nulle à ce jeu, mais bien parce que je sens le souffle d'Egon sur mes cheveux et que mon ventre se tord quand il dit :

— Tu es jalouse ?

Je fronce les sourcils.

— Jalouse de ?

Sa réponse n'est pas constituée de mots, mais bien d'un simple mouvement de tête.

Je crois défaillir quand je balaye l'auditoire du regard et qu'une étudiante que je ne connais que trop bien est assise dans un des premiers rangs, un bouquet de roses en main, tout sourire.

Lily.

Au même instant, elle se tourne et ses cils papillonnent, draguant silencieusement Egon avant de tomber sur moi. Je redresse ma paume, la saluant en agitant mes doigts et mon sourire mauvais grandit quand son regard est plus meurtrier que jamais.