BURST HEARTS (TOME 1 & 2)

𝙳𝙸𝚇

𝙵𝚞𝚖𝚎𝚛 \𝚏𝚢.𝚖𝚎\
(v.) Brûler du tabac, ou quelque autre substance, en aspirant la fumée par la bouche

EGON
Aujourd'hui

Elle rougit. Ce n'est pas dans ces habitudes de réagir de la sorte. C'est pourquoi elle se racle la gorge, passe une main dans certaines mèches de sa courte frange noire qui se montrent légèrement rebelles afin de lui donner une certaine contenance.

— Tu peux y aller, m'informe-t-elle, s'asseyant sur le banc.

Elle sort son portable et pianote sur l'écran, discutant avec je ne sais qui.

— Je te l'ai dit ; toi et moi empruntons le même chemin.

Je la rejoins, m'asseyant à côté d'elle. J'attends qu'elle mette un maximum de distance entre nos deux corps, mais je me trompe lamentablement. Elle reste, évidemment, à quelques centimètres de moi, une jambe sur l'autre, affalée dans ce banc à attendre le prochain bus.

— Tu tires vraiment la tronche, constaté-je.

Roulant des yeux, ses doigts dont les ongles sont manucurés de noir tapent plus fort contre l'écran de son iPhone signe que je l'agace.

— C'est parce que j'ai dit que tu n'étais qu'un jeu pour moi ? quémandé-je.

Je réussis à attirer son attention. Vivement, elle range cet objet de distraction dans la poche de sa veste et me bénit de ses yeux noirs qui sont chargés d'éclair à mon égard.

— Ou peut-être parce que tu m'as traité de salope facile qui aime donner son cul au premier venu. Ou peut-être parce que tu t'es montré gentil avec moi il y a moins de cinq secondes pour mieux m'humilier. Ou, très certainement, parce tu m'as promis de revenir pour moi il y a quatre années et que tu n'es jamais venu ?

Sa dernière phrase s'est conclue par un étranglement dans sa voix. Vivement, elle tourne la tête à l'opposé de la mienne, de sorte que je ne vois pas son désarroi.

Délicatement, je pose mes doigts sur son menton, mais elle refuse de me montrer son visage.

— Eh, Mia...

Son prénom sur ma langue résonne telle une supplique, mais je n'en ai rien à faire.

Je peux me montrer cruel, mais ses larmes me sont insupportables.

Je ne peux les accepter.

Je tente une nouvelle fois de la réconforter et à ma grande surprise, elle ne résiste pas. Elle suit le mouvement de mes doigts et son visage me fait à nouveau face. Ses yeux sont légèrement rougis, comme les miens, sauf que ce ne sont pas dû aux effets de la drogue. C'est moi qui en suis la cause.

— Je...

— Je t'interdis de me dire que le disque est rayé, me coupe-t-elle. Je t'interdis de me dire que ce n'est pas bien grave et que je n'aurais jamais dû t'attendre.

Sa lèvre du bas teintée d'une couleur marron tremble. Elle la pince, tentant tant bien que mal de contrôler son excès d'émotion.

— Ce n'est pas ce que j'allais te dire.

Elle ne cligne pas des yeux. C'est comme si elle oubliait de le faire à chaque fois que son regard était rivé sur moi. C'est comme si elle oubliait la façon dont il faut hydrater ses yeux à ma simple présence.

Sait-elle qu'elle n'attaque pas seulement mes paupières ?
Sait-elle qu'éloigné d'elle, je ne sais respirer ?
Je ne sais vivre ?
Sait-elle que j'ai passé quatre années de ma vie à me torturer l'esprit, crevant d'envie d'aller la voir ?