𝙾𝙽𝚉𝙴

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𝚃𝚛𝚊𝚑𝚒𝚜𝚘𝚗 [𝚝ʁ𝚊𝚒𝚣ɔ̃]
(n.m.) Manquement à la parole donnée, à un engagement, à un devoir de solidarité.

MIA
Aujourd'hui

    — Quelles sont les règles ?

Avachi sur le canapé les yeux lourds, Egon détaille mon visage comme il en a toujours eu l'habitude depuis que je le connais. Plongée dans l'obscurité, les rideaux tirés permettent aux quelques rayons lumineux de l'extérieur d'illuminer faiblement le salon et par la même occasion nos visages.

— On se pose, chacun à notre tour, une question. Celui qui n'y répond pas reçoit une action à faire de la part de l'autre.

— Mh... marmonne-t-il avant de hocher la tête.

— Tu as mon consentement... Mais il me faut le tien.

— Tu l'as, m'affirme-t-il aussitôt.

Ravie d'être noyé dans cette semi-obscurité, la chance me sourit car il ne remarque pas mes joues rougissantes et la chaleur qui en émane.

— Très bien... Je commence alors.

Assise sur le canapé, mes coudes sont posés sur mes genoux et mes doigts sont entrelacés, en mouvement tout comme mon cerveau qui cogite. Je me souviens qu'il y a une heure, dans la voiture, il m'a demandé ce que j'ai découvert sur lui pendant ces quatre dernières années et je peux m'empêcher de lui demander :

— Qui... qui est enfermé dans la tombe sur laquelle tu te rends tous les jours ? Osé-je demander en plantant mes yeux dans les siens.

Je m'attends à ce qu'il se tende, qu'il refuse d'y répondre, mais Egon est très joueur.

— Cecylia Leener.

Ça ne répond pas à ma question, le sermonne ma conscience et comme s'il lisait dans mon esprit, il ajoute :

— Ma soeur.

Je hoche la tête, prête à m'excuser ou à lui présenter mes excuses, mais voilà qu'une nouvelle fois, il me devance, posant à son tour, une question.

— L'homme qui t'a touché aujourd'hui... c'était la première fois ?

Il commence fort, me dis-je.
Un peu comme toi, me rappelle ma pensée première.

— Non.

Sa gaieté disparait, remplacé par un sentiment de meurtre ; je le lis dans ses traits et il lit probablement dans les miens que je ne veux pas qu'il en fasse une tonne. Il ne s'y attarde donc pas. Pour le moment.

— Est-ce que tu ressens quelque chose pour moi ? Je demande.

Aussitôt, il rétorque :

— De l'aversion.

— Pas de mensonge. C'est une des règles du jeu.

Il rejette la tête en arrière, passant une main dans ses cheveux blancs tout en écartant les jambes, mais mes yeux sont figés sur sa pomme d'Adam qui bouge en rythme avec le léger rire qui lui échappe.

Il balance sa tête en avant et mon envoutement ne disparait pas parce que ce salaud passe sa langue sur sa lèvre inférieure tout en me fixant avant de dire :

— Ouais, je ressens un truc pour toi.

Je cache ma joie, remerciant une nouvelle fois l'obscurité de ne pas parfaitement détaillé chacun de mes traits.

— Ton ex, Mason, fait-il partie de ces hommes aux mains baladeuses dont le consentement ne leur disent rien ?

La question me tombe sur la tête non pas parce que j'ai en ma possession une réponse adéquate, mais bien parce que je n'en sais rien. Plongée dans un mutisme, la sentence d'Egon finit par tomber et je comprends qu'une action lui est accordée.

BURST HEARTS (TOME 1 & 2)Where stories live. Discover now