Chapitre 45 - Confessions tardives

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Deux semaines après la résolution de l'affaire de Beaumanoir, le 21 mars 1965, le temps se réchauffa brusquement et un monstrueux orage s'abattit sur la Haute Normandie. C'est ce jour-là que choisit notre enfant pour venir au monde.

Quelle arrivée spectaculaire !

Lorsque Sophie eut ses premières douleurs et perdit les eaux, j'emmenai, un peu paniqué, ma femme dans la Deudeuche ressuscitée. Je roulais à tombeau ouvert vers la maternité, sous une pluie battante et des éclairs. Contrairement à moi, ma femme, garda tout son calme et me demanda de conduire plus doucement. Elle me rassura en disant qu'il n'y avait aucune chance qu'elle accouche dans la voiture et que ce n'était pas la peine de risquer un accident.

Et c'est ainsi qu'un petit Jérôme de trois kilos environ est venu au monde par cette nuit agitée, dans le tumulte de la tempête, et aussi au premier jour du printemps. Evidemment, je trouvai que notre fils était le plus beau bébé du monde.

Et puis, de ma vie, je n'oublierai jamais la journée du lendemain.

En début d'après-midi, j'arrivai au bureau pour annoncer la bonne nouvelle, les yeux cernés, parce que je n'avais presque pas dormi. J'étais très excité et fou de joie et j'avais apporté plusieurs bouteilles de champagne, afin de fêter dignement cet événement crucial.

Mes collègues, ainsi que le commissaire, trinquèrent tous pour fêter cet heureux événements. Je déplorai l'absence de Bertier à cette fête, mais je l'avais prévenu par téléphone de la bonne nouvelle.

Pendant ces joyeuses libations, le téléphone de mon bureau sonna avec insistance, plusieurs fois, ce qui eut le don de nous agacer.

— Oh, ce téléphone ! Faites-le taire, dit l'un d'entre nous en riant.

— Je vais répondre, on ne sait jamais, cela peut être important, dit Renouf.

Il décrocha et son visage exprima une surprise croissante au fur et à mesure de la conversation qu'il entretenait avec son correspondant. Il raccrocha au bout d'un long moment et, se tournant vers moi, il dit :

— C'est Louise Malandain qui souhaitait vous parler. Il est arrivé une catastrophe !

— Ah bon ? Qu'est-il donc arrivé ? demandai-je, surpris, une flûte de champagne à la main.

— Pendant l'orage de cette nuit, la foudre est tombée sur la toiture du manoir, qui a pris feu.

— Quoi ?

— Le toit et le dernier étage de l'aile nord du bâtiment ont brûlé partiellement.

— Oh non ! Ce n'est vraiment pas de chance ! répondis-je, sincèrement contrarié. Une si belle demeure !

— Les assureurs sont passés aujourd'hui pour évaluer l'ampleur des dégâts. Mme Malandain est allée avec eux dans le bureau de son mari, qui n'a été que partiellement touché. La bibliothèque et tous les livres anciens sont miraculeusement intacts, mais couverts de suie. Elle les a déménagés avec l'aide de son fils pour les mettre à l'abri et c'est en le faisant qu'elle a trouvé au fond de la bibliothèque une boîte fermée à clef. Elle souhaitait l'ouvrir pour savoir s'il y avait des papiers importants, mais elle n'en trouve pas la clef. Elle pense que c'est nous qui l'avons. Ce serait une petite clef dorée.

Je réfléchis pendant quelques secondes et soudain, je me frappai le front !

— La clef ! Bon sang, la clef ! Mais oui ! La fameuse clef dorée que j'ai retrouvée cachée au fond de la barque le jour où j'ai découvert la victime ! J'ai essayé d'ouvrir tous les tiroirs possibles et imaginables dans cette maison avec cette clef, mais elle ne correspondait à aucune serrure. Cependant, l'idée ne m'était pas venue de regarder derrière les livres de la bibliothèque.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeWhere stories live. Discover now