Chapitre 28 : Trois jours de dénégation

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"Fais de beaux rêves, ma douce".

Comme un écho entêtant, la voix suave d'Hisoka vient me tirer de mon sommeil.

Seule dans le lit, je jetta un coup d'œil là où mon partenaire de jeu était allongé. Cela faisait une bonne heure qu'il était parti mais le lit avait conservé enco la chaleur de son corps que je n'ai pas quittée de toute la nuit.

Pour être honnête, j'aurais bien besoin de lui pour affronter la fraîcheur matinale qui s'invite sournoisement par la fenêtre qu'il a laissé légèrement entrouverte en partant.

Au centre de son coussin, quelque chose attire mon attention. Intriguée, j'attrape maladroitement le petit objet et découvre avec étonnement qu'il s'agit d'une carte, celle de la reine de cœur. Je ne peux retenir un sourire amusé à la vue de ce présent si particulier, symbole d'un moment plaisant entre lui et moi.

Il serait fâcheux que quelqu'un tombe sur la carte, surtout mon frère. Je dois la mettre dans un endroit où il ne pourra pas la trouver ... dans un de mes livres par exemple ... non mauvaise idée ... cachons-la sous le matelas. Personne n'ira chercher à cet endroit.

Lorsque je tente de me lever, l'inconfort qui habite mon intimité me rappelle durement la nuit que je viens de passer. Et il faut dire que son réveil fût plutôt rude, que ce soit en raison du puissant orgasme qui l'a assaillie de nombreuses contractions rythmiques ou dû à nos va-et-vient exaltés.

Après avoir posé l'oreillette avec laquelle j'avais dormi toute la nuit - impressionnant, la solidité de ce petit objet ! - je me rhabille puis me dirige rapidement vers la salle d'eau, profitant que le reste de la maison soit encore paisiblement endormi. Une fois plongée dans le bac, l'eau chaude détend un peu mes muscles endoloris et me débarrasse de la sueur de la nuit.

La tête posée contre le rebord du bac, je fixe le plafond et me remémore la nuit précédente. Dans ma tête, une lutte acharnée entre plusieurs sentiments contradictoires me donne presque la migraine.

Comme une infection vorace, la culpabilité d'avoir trahis Hari me ronge de l'intérieur. Lui qui faisait tant battre mon cœur, lui qui était le seul homme à qui je m'étais donnée jusqu'à présent. J'ai perdu un être cher à mes yeux mais également une partie de moi-même.

Comment ai-je pu le trahir ? Je me sens si mal, si honteuse de m'être offerte à un autre, de ressentir une attirance sexuelle incontrôlable envers un homme à mille lieux de l'être doux et rassurant qu'était Hari.

Hisoka. Il est si amoral et sa nature chaotique est inhérente à tout ce qu'il fait, le rendant dangereusement imprévisible.

Mais malgré ça, c'est entre ses bras que je peux enfin lâcher prise, réconfortée par sa chaleur qui apaise mes maux, enivrée par son odeur diaboliquement attirante, dévorée par le brasier qui naît dans mon ventre lorsqu'il me serre contre lui.

Rien qu'à penser au désir brûlant que je lis dans ses yeux, la douceur étonnante de ses caresses, ses baisers brûlants sur ma peau ...

Aaarrrgghh ça suffit ma grande ! Tu es en train de t'enflammer avec ces pensées libidineuses !!

Embarrassée au plus haut point, je m'immerge complètement dans l'eau, tentant illusoirement de noyer les papillons qui s'agitent dans mon ventre et faire chuter la température de mon corps qui monte en flèche.

Ce petit jeu entre nous me rends complètement déraisonnable, m'amenant jusqu'à faire comme si notre étreinte charnelle n'avait pas débutée par un abus de sa part ou me poussant irrémédiablement à le provoquer alors que je connais la violence qui l'habite.

Double je(u)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant