22. Sang.

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Anastasia

J'ai couru rejoindre Leonita lorsque Mathis a fait comprendre à Nero que j'étais présente dans le salon. Maintenant, ça fait une ou deux heures que je suis dans les bras de Leonita, à lui dire à quel point j'ai peur et à quel point la scène était traumatisante.

Elle essaye de me rassurer mais aucun de ses mots n'a su être le remède des cauchemars de mes prochaines nuits. Je m'imagine déjà me réveiller en pleine nuit, transpirant, suffoquer en me rappelant les images de Nero qui rempli des poches transparentes de sang des personnes qu'il a tué.

- Anastasia, on ne peut pas rester enfermé dans cette chambre. Si jamais ils nous voulaient du mal ils nous auraient retrouvés. Ce n'est pas leur but.

Je m'écarte d'elle et me lève du lit pour dégourdir mes jambes. Je me rapproche de mon amie, toujours debout.

- Tu ne comprends pas. Si tu avais vu ce que moi j'ai vu, tu serais dans un état similaire au mien ! Peut être même pire...

Nero était si normal et serein pendant qu'il faisait quelque chose d'horrifique. Je ne sais pas ce qu'il pourrait faire de tout ce sang. Il y en a des litres et des litres. Et puis ce sourire de Mathis après qu'il a indiqué ma présence... Il faisait si méchant et pourtant je ne veux pas le voir comme ça. J'aimerais comprendre cette terrible situation mais je ne veux pas sortir de cette chambre.

- Je comprends...enfin pas vraiment, me répond Leonita.

- Qu'est ce que tu ne comprends pas ?

- Je sais que ce que Nero a fait n'est ni normal ni acceptable, même s'il ne tue pas n'importe qui. Mais sa personnalité est étrange. Je sais qu'avec toi il est très taquin, mais il n'a jamais été vraiment méchant avec toi, en plus, souviens toi qu'il m'a appelé pour que tu ne sois plus seule. On prenait des risques et pourtant il tenait absolument à ce que je vienne pour te réconforter. Je pense qu'à sa manière, il tient à toi.

Sa remarque m'arrache un rire qui contraste avec la situation dans laquelle nous sommes.

- Peut-être qu'il me manque un orteil, mais j'ai toujours des yeux, moi, riais-je.

Elle rit à son tour grâce à ma remarque. Nous savons toutes les deux que ce n'est pas un sujet drôle mais il vaut mieux en rire qu'en pleurer.

Je suis plutôt du genre à ignorer mes souffrances pour les oublier mais manquer d'un orteil est une chose que je ne peux pas ignorer. Je le vois chaque nuit en entrant dans mon lit, chaque soir en prenant ma douche, chaque été ou j'allais à la mer... Alors je rigole de cette situation. Je me rappelle de son sourire sadique lorsqu'il effectuait les pires choses qu'on peut faire sur une enfant, sur un humain, sur un être vivant.

La douleur physique finit par disparaître, laissant parfois des traces de son passage, tandis que la douleur mentale ne part jamais, elle continue de hanter nos nuits, nos journées, et nos meilleures moments.

J'ai toujours pensé que pour être heureuse, il fallait avoir été malheureuse. Lorsque la pluie disparaît et que le soleil apparaît, un arc-en-ciel se crée. J'espère réussir à trouver mon soleil dans cet orage permanent.

- Tu crois qu'ils sont encore là ? me demande Leonita. On n'entend rien.

Je colle mon oreille contre la porte mais aucun son ne se fait entendre.

- Je vais voir.

Elle fronce légèrement les sourcils. Surement d'incompréhension. Il n'y a pas longtemps je restais dans ses bras, encore troublé, et à présent je vais vérifier s'ils sont là.

Renaissance (arrêté pour le moment)Where stories live. Discover now