CHAPITRE 22 : maison

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En entrant dans l'appartement de Yuko, Déva entendit des cris dans le salon.

- Putain mais c'est Déva mec ! Elle fait partie de la famille, elle est avec nous depuis des mois maintenant ! s'exclama Ken.

- A chaque fois qu'une meuf arrive ça fout la merde, protesta Hakim.

- C'est toi qui fous la merde là, ajouta Théo. Déva elle a rien fait de mal.

- A part se taper Ken ? suggéra Hakim.

Déva entendit quelqu'un taper du poing sur la table.

- J'te jure Hakim, si t'étais pas mon frère je t'aurais niqué ta race, affirma Ken. Tout ça ne regarde que moi et elle, c'est pas parce que t'es mon pote que t'as le pouvoir de choisir qui entre dans ma vie ou pas. Et c'est valable pour vous tous ici.

Le brun quitta le salon, et partit s'enfermer sur le balcon. Déva sortit de sa cachette et vit Hakim debout au milieu de la pièce, Théo, Yuko, Alpha et Idriss assis sur le canapé encore choqués de la dispute à laquelle ils venaient d'assister. Sans oser dire quoi que ce soit, Déva alla dans sa chambre suivie de Yuko.



- Tu devrais aller parler avec Hakim, conseille Yuko en tressant les cheveux de son amie.

Déva avait les yeux rougis par les larmes. Elle détestait le fait que le groupe puisse être divisé à cause de sa simple présence.

- Ça ne règlera rien. J'ai pas envie d'empirer la situation avec lui, on est potes et je veux pas que ça change.

- Écoute-moi bien Déva, ton "pote" a merdé. C'est qu'en allant parler avec lui que vous pourrez vous réconcilier, affirma la japonaise en la regardant dans le reflet du miroir.

- Mouais, marmonna la blonde peu convaincue.

Quelqu'un toqua à la porte de la chambre en interrompant leur discussion. La tête de Ken apparut. Visiblement, il avait l'air toujours tendu, mais heureusement pas contre Déva.

- Je peux t'emmener quelque part ? demanda-t-il avec un petit sourire.

- Où ça ?

- Si je te le dis ça gâche l'effet de surprise. Habille-toi et rejoins moi dehors, lança le rappeur en disparaissant dans le couloir.

Déva tourna la tête vers Yuko et vit qu'elle avait le sourire jusqu'aux oreilles, aux anges.

- C'est un date ! s'exclama celle-ci.

- Jamais de la vie ! grimaça Déva.

- Je suis convaincue que si, décréta la japonaise en haussant les épaules. Cours le rejoindre, et tu parleras avec Hakim en rentrant.

- Oui maman, soupira son amie en sortant de la chambre avec un petit sourire sur le visage.



- Ken, tu vas finir par me dire ce qu'on fait là ? demanda Déva en marchant derrière le brun.

- On est presque en haut ! s'exclama-t-il d'un ton enjoué.

- Ça fait une heure qu'on marche... et on a dû prendre un train ! rappela la blonde.

- Arrête de râler. Plus que quelques mètres, on y est presque.

Déva fourra ses mains dans les poches de sa veste en cuir et continua de monter les marches interminables qui menaient elle ne savait où. Elle faillit se prendre Ken de plein fouet lorsque celui-ci s'arrêta brusquement sans la prévenir.

- On y est, dit-il.

La jeune femme remarqua alors qu'il faisait presque nuit. Ils avaient passé l'après-midi à marcher. En se retournant elle vit le sommet du mont Fuji à travers la cime des arbres qui les entouraient de toutes parts. Elle se tourna vers Ken.

- Cet endroit est incroyable.

Derrière eux se trouvait un vieux temple qui semblait avoir été oublié depuis des années. La seule preuve que des gens y venaient encore était les quelques cendres sous le préau devant le bâtiment.

- Tu viens souvent ici ? demanda Déva à Ken qui s'approchait du temple.

- Je suis venu pour la première fois en 2018, quand j'enregistrais Les Étoiles Vagabondes, expliqua-t-il. J'ai fait la connaissance d'un homme sage du coin. Mais je n'avais pas eu envie de revenir depuis.

- Pourquoi ? ne put s'empêcher de demander la blonde.

- J'avais envie de revenir avec quelqu'un d'important, affirma Ken en montant les marches du temple suivi par Déva. Il se trouve que c'est toi, à ma plus grande surprise.

La jeune femme ne savait pas comment prendre cette dernière phrase, mais elle sourit quand même. Le rappeur s'attela à la tâche de faire un petit feu pour les réchauffer.

- Woaw.. Ken.

Il leva la tête et vit les yeux pétillants de son amie regarder devant eux. Maintenant que la nuit était arrivée, des centaines de lucioles s'élevaient dans les airs tout autour d'eux, créant un spectacle magique dont mère Nature était la chorégraphe.

- J'ai pas les mots, souffla Déva sans détourner ses yeux des lucioles.

- Alors ne dit rien, répondit Ken en passant un bras autour de ses épaules pour la ramener contre lui.

Mais ce geste sembla ramener la jeune femme sur terre.

- Pourquoi tu fais ça ?

Ça n'avait pas sonné comme un reproche, seulement comme une confusion.

- J'en sais rien Déva. Tout ce que je sais -excuse moi si je suis canard à fond- c'est que j'ai besoin d'être près de toi en ce moment, articula Ken doucement.

- Je... euh.. balbutia-t-elle sans savoir quoi répondre.

- T'es pas obligée de répondre. J'espère juste que tu m'autorises à faire ça, fit le grec en embrassant son front avec toute la tendresse du monde.

Déva ferma les yeux en souriant. Ce baiser avait un air de réconfort intense, et de bien-être. Elle avait l'impression en quelque sorte d'être à la maison. Cette maison qu'elle avait tant cherché, aussi bien durant ses années au Japon que pendant le reste de sa vie.



En rentrant à l'appartement aux alentours de minuit, les deux adultes virent Hakim attendre sur le canapé, seul. Il leur annonça que les autres avaient décidé d'aller faire un karaoké mais qu'il voulait parler avec Déva le plus tôt possible, alors il avait préféré rester ici. La blonde sourit face à cette déclaration et suivit son amie sur le balcon.

- J'suis désolé Déva, commença Mekra. Je m'en veux d'avoir été trop méfiant avec toi dès le début, et là j'sais pas, j'ai vrillé complet parce que je tiens trop à ce groupe, tu comprends ? demanda-t-il. Enfin je sais bien que c'est loin d'être une excuse, mais je veux que tu saches que cette famille c'est ce qu'on a tous de plus précieux.

- J'avoue que j'ai douillé en me prenant tout ça dans la face, reconnut Déva avec un petit sourire. Mais tu sais très bien que je suis incapable d'en vouloir trop longtemps à l'un d'entre vous. Sérieux Mek', vous êtes ce qu'il m'est arrivé de mieux dans ma vie.

Le rappeur sourit et la prit dans ses bras.

- Merci ma reuss. T'es de la famille, l'oublie pas.

- Merci Haks.


TRAJECTOIREWhere stories live. Discover now