Chapitre 1. L'amertume des debuts

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Ma fille a toujours été forte et indépendante.

Je ne l'ai pas été par choix, j'y ai été contrainte par les circonstances. Qui d'autre que moi-même pouvait prendre soin de mes besoins lorsque mes propres parents en étaient incapables?

J'ai grandis seule, j'ai subvenue à mes besoins seule, mais c'est eux qui m'ont détruite. Malgré toutes l'amertume que j'éprouve pour eux, je ne leur en veux qu'à moitié.

Une partie de mon être résidait en eux, une vérité incontournable. C'était probablement la raison pour laquelle je ne pouvais nourrir une haine totale à leur égard. Ils ont fait de leur mieux.

Ils ont été négligent et aujourd'hui, seule ma mère regrette amèrement ses choix, mais il est trop tard.

L'obsession a grandi, la peur s'est envolée. Mes pulsions sont si puissantes qu'il devient difficile de les maîtriser. Le moindre faux pas peut conduire au pire des crimes.

J'étais perdue, il m'avait façonnée à son image, pétrie de ses grandes mains, ajustée pour ne faire qu'un avec son idéal de vie.

J'ouvre la porte d'entrée et m'avance dans l'appartement.

— Tu es enfin là.

Je souris à Chanel, qui comme à son habitude, est en train de farfouiller dans son armoire à chaussures.

Elle s'avance vers moi et me tire dans une étreinte réconfortante. Puis, elle m'entraîne vers son armoire.

Je savais qu'elle ne serait pas aussi tactile sans attendre quelque chose en retour.

— Aide-moi à choisir une paire pour ce soir, dit-elle avec une moue enfantine. S'il te plaît.

Je pousse un soupir et comme si mon poignet était entourée de chaînes toutes plus lourdes les unes que les autres, je lève difficilement le doigt vers une paire de talons noirs à paillettes.

Chanel examine mon choix avec précaution avant de sourire.

— Incroyable, dit-elle en prenant les chaussures. Tu as lu dans mes pensées pour trouver la paire parfaite qui irait avec ma tenue de ce soir, ajoute-t-elle en jouant avec ses sourcils.

Je laisse échapper un sourire en coin avant de froncer les sourcils.

— Qu'est-ce qu'il y a ce soir ? demandai-je, un peu perdue. Tu as un rendez-vous ?

Un sourire taquin se dessine sur mes lèvres tandis que je m'amuse à pincer ses joues rosées par le blush.

Elle se dégage de ma prise d'un coup sec et me dévisage.

— Ne me dis pas que tu as oublié ? demande-t-elle, sérieuse. Mon macaron à la framboise, tu n'es vraiment pas le plus lisse du paquet.

Je me pince les lèvres, indécise quant à la manière de prendre sa remarque. Dois-je le prendre mal ou accepter le compliment d'être appelée "macaron à la framboise", qui est sans aucun doute l'un de mes goûts préférés.

La vérité, c'est que je n'ai pas oublié. Je préfère feindre l'ignorance et essayer d'éviter cette soirée.

— On a notre soirée réunion, même Khelanie s'en est souvenue, ajoute-t-elle avant de soupirer. Fais un effort.

Si elle savait tous les efforts que je fais actuellement pour rester entière et debout, elle ne me dirait pas ça.

— Quand tu reviendras d'un voyage avec un gosse qui n'a fait que brailler pendant l'entièreté du vol alors que tu venais de balancer le corps d'un homme de sa terrasse, on verra si tu te souviendras d'une soirée à la con.

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