Chapitre 4

16 6 0
                                    

Dans l'ombre de la nuit, le jeu de la terreur débuta, où chaque pas résonnait comme le tic-tac d'une horloge funeste. - Stephen King

------------------------------------------------------------

Quelle était la probabilité ?

Elle méditait sur les pourcentages, ces probabilités absurdes qui semblaient dicter le cours de nos vies. Le risque d'un crash aérien : une chance sur 11 millions. L'impact d'un astéroïde : une sur 720 000. La foudre, impitoyable, frappant une personne sur 250 000. Même les piqûres d'insectes portant le venin de la mort n'étaient que d'une sur 64 000. Ces chiffres tournoyaient dans son esprit alors qu'elle se retrouvait face à une menace bien plus tangible, bien plus humaine.

Romane se souvenait des leçons de Sciences Économiques et Sociales, des statistiques cruelles exposées devant elle comme des ombres menaçantes. En 2010 ou 2011, 2,2 millions de vies avaient été touchées par la violence physique ou sexuelle, selon l'Institut National de la Statistique et des Études Économiques. Les hommes, souvent, étaient les victimes silencieuses, mais les femmes payaient le tribut le plus lourd. Les jeunes adultes et les parents solitaires se tenaient au bord de l'abîme.

Elle connaissait ces faits, gravés dans sa mémoire comme une sombre réalité. Pourtant, face à l'inconnu masqué qui se tenait devant elle, immobile, elle ressentait une menace bien plus sinistre que ces statistiques froides. Les chiffres ne donnaient aucune indication sur le danger palpable qui émanait de cet être silencieux.

Son regard s'accrochait à lui, et son être tout entier était en alerte. Les signaux d'alarme, physiologiques et cognitifs, se déployaient dans son corps. La décision devait être prise : s'immobiliser, fuir ou attaquer pour survivre. Les hormones du stress envahissaient son cerveau, libérant la noradrénaline et l'adrénaline dans son sang. L'intrus leva sa main, révélant un écran de téléphone affichant une photo volée d'elle, un instrument de terreur conçu pour la faire réagir.

Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses jambes la propulsèrent vers la sécurité. L'intrus tenta de la devancer, mais elle fut plus rapide. Romane tira la poignée, la vitre glissa, et dans un geste rapide, elle ferma la porte à double tour.

Tandis qu'il fit une vaine tentative d'ouvrir la porte, la fausse blonde releva son visage vers le haut, dévisageant l'homme, qui ne tarda pas à abandonner. Lâchant la poignée, il leva la tête et la fixa en retour. Les yeux exorbités, le souffle coupé, elle ne pouvait détacher son attention visuelle du masque fait en argile. Il avait l'air d'être confectionné sur mesure pour lui, s'adaptant parfaitement au contour de son faciès. Abîmé et sali à certains endroits, indiquant que cet objet avait été revêtu plusieurs fois, il ne laissait qu'entrevoir des pupilles marron qui n'exprimaient que de la malveillance et qui reflétait son âme pervertit par les méandres de ses fantasmes tordus.

Lui ne voyait en elle qu'une pauvre proie sans défense, apeurée, pouvant craquer à tout moment, qui venait rallonger son espérance de vie de quelques secondes, ayant agi avec intelligence.

Ou pas.

Car en ayant fait cela, elle n'avait fait que prolonger le calvaire qu'il allait lui confectionner. Et il allait s'assurer qu'elle le regretterait amèrement.

Guidé par une résolution inébranlable, il comprit qu'il devait regagner l'intérieur. Ses pas rapides le menèrent vers la porte-fenêtre, jadis empruntée pour une observation trop intrusive. Romane, alerte, s'empressa de verrouiller la porte, surveillant chaque mouvement comme une proie attentive face à son prédateur. Elle réussit avec une détermination extrême.

Deux étrangers, liés uniquement par leur volonté de conquérir ce qu'ils désiraient ardemment, s'observèrent intensément, partageant un instant plaisant pour l'un et désagréable pour l'autre, chacun élaborant des plans à toute allure. Cependant, une pensée commune, une idée partagée comme une contagion invisible, s'empara simultanément de leurs esprits. Ils agirent en conséquence.

Closer - Le réveil ( 1/5 )Where stories live. Discover now