BURST HEARTS (TOME 1 & 2)

𝙳𝙸𝚇-𝙽𝙴𝚄𝙵

𝙱𝚁𝚄𝙻𝚄𝚁𝙴 (n.f.) : Lésion de la peau ou des muqueuses provoquée par leur exposition à une chaleur intense ou par leur contact avec un agent physique ou chimique.

MIA
Aujourd'hui

Premier virage. À droite.

Mes yeux sont bandés et mes mains sont liés dans mon dos. Je tente de taper contre le coffre, mais ce dernier se trouve être étrangement étroit. Je suffoque. Le tissu sur mes yeux est humide, témoin de mes larmes et mes cris sont muets non pas parce que j'ai du scotch sur les lèvres, mais bien parce que je suis trop tétanisée pour me mettre à hurler.

Le doigt de cet homme est encore sur ma chaire. Je la sens se balader sur ma cuisse remontant jusqu'à ma culotte...

Jusqu'à mon intimité. Je presse plus fort mes paupières, m'efforçant d'effacer ces images de ma mémoire.

Rien n'y fait.

Telles des hantises, elles reviennent à la charge, leur intensité augmentant peu à peu et un nouveau sanglot m'échappe.

Deuxième virage. À gauche.

Je ne sais pas pourquoi je calcule le nombre de virage. L'espérance qu'on me retrouve avant qu'on ne me tue ne s'amenuise pas au fil du temps. Ce dernier s'écoulant de plus en plus, j'ai conscience que s'il gagne de plus en plus de terrain, les chances de me retrouver s'aminciront.

Troisième virage. À gauche.

Je tente de délier mes mains. A chacun de mes mouvements, la corde irrite mes poignées que je serai prête à laisser se taillader jusqu'à ce qu'une douleur s'en suive.

Je préférerai mourir à cet instant et que cela soit mon choix plutôt que de les laisser me tuer en jubilant de mes derniers soupirs.

Malencontreusement, des bruissements de voix me parviennent et je me fige. La voiture s'immobilise, je le sens.

Est-ce un feu rouge ou la destination ?

Est-ce un instant de répit ou le début de ma fin ?

Egon, où es-tu ?

Pathétique, j'espère qu'il me sauve parce qu'il n'y a que lui qui s'intéresse un tant soit peu à moi. Papa se moque tant bien que mal que je rentre à la maison ; il penserait probablement que j'ai découché, que je ne suis que débauche, me jetant dans les bras de n'importe quel homme qui aurait pour mission de combler le manque d'amour que mon géniteur a omis de me donner pour la simple et bonne raison qu'un enfant, ce père ne l'a jamais souhaité.

Quant à ma mère, que pourrais-je attendre d'elle quand cette dernière n'a été que synonyme d'abandon ? Elle m'a délaissée. Alors pourquoi, dans l'obscurité de ce coffre, j'implore Dieu, s'il en existe un, de me laisser la chance de la revoir une seule fois ?

Une seule et dernière fois ?

Nouveau sanglot.

La voiture redémarre et je m'étonne à expirer de soulagement.

Je ne suis pas morte.
Pas encore.

Mes yeux pèsent lourds, mouillés par de nouvelles larmes et un soudain sommeil les affaisse. Dormir a toujours été la solution ; c'est une morte partielle et plaisante devenant frustrante lorsque le réveil retentit.