Du cauchemar.

216 8 1
                                    

Je me sentais faible.
faible
faible
faible.

Je n'arrive pas à regarder Eliott dans les yeux. Je me sens pathétique. Depuis tout à l'heure, il fait les cents pas. Ça me donne le tournis, pendant que Matteo s'occupe de mes blessures.
Mon père ne lui parle pas, il regarde dans le vide, comme si cela lui rappelait Aurora... J'ai failli finir comme elle, sauf que papa m'a entraînée pendant 7 mois. Au lieu de faire ressortir mon côté sombre, cela pourrait me servir. Enfin, quand je n'ai pas de blocage.
Eliott s'arrête brusquement, il me jette un regard, puis se tourne vers mon père.

- On doit faire quelque chose, chef. On ne peut pas laisser passer ça. Il faut qu'on retrouve ces types. Vous avez une idée ?

- Chaque chose en son temps, mon garçon, déclara mon père. Je pense savoir de qui il s'agit. Je ne pensais pas qu'ils agiraient aussi tôt, et encore moins contre ma fille.

- Tu savais qu'un de ces quatre, j'allais me faire agresser ?! m'énerve-je. Et tu n'as pas daigné m'en parler ?

- J'ai mis mes hommes à tes côtés ; ils devaient te protéger, mais à ce que je vois, ce soir-là, ils n'étaient pas présents... dit mon père, lançant un regard noir aux Black Souls.

Un sentiment de culpabilité m'envahit. Je ne voulais pas qu'ils subissent les foudres de mon père juste parce que je voulais être seule. Pour rentrer, je décide alors de les défendre, car à ce moment-là, c'est mon père qui est le fautif.

- J'ai demandé à ce qu'ils ne me suivent pas, car oui, papa, si tu prenais enfin mon avis en compte, tu saurais que j'étouffe !

- C'est pour te protéger que j'ai fais ça.

- Et bien admire ton erreur ! lui dis-je en montrant mon œil au bord noir et les nombreux coups que j'ai reçus.

- J'ai besoin de temps pour trouver une solution qui te mettra à l'abri. Sur ce, je vous prie de me suivre.

Les garçons se lèvent comme un seul homme et suivent mon père, la tête baissée, sachant qu'ils vont, malgré mes protestations, subir les foudres de mon père. Cela ne se voit peut-être pas, mais pour lui, je suis la prunelle de ses yeux. Cependant, il se montre trop dur, et ça, je ne peux plus le supporter.
Je me lève à mon tour, sous le regard interrogateur de ma mère qui n'a pas prononcé un mot depuis mon retour précipité...

- Qu'est-ce qui se passe, maman ? Tu n'as pas dit un mot depuis que je suis rentrée. En fait, depuis quelques jours, tu parles à peine.

Alors que je ne m'attendais pas à une réponse et que je commençais à me diriger vers les escaliers, j'entendis des sanglots. Me retournant, je vis ma mère s'effondrer sur les genoux, comme si elle n'en pouvait plus, comme si le poids du monde s'était abattu sur ses épaules et qu'elle libérait enfin tout ce qu'elle avait accumulé. Je cours vers elle pour l'enlacer, et elle éclate en sanglots, d'une manière que je n'avais jamais vue auparavant.
Elle laisse échapper un cri étouffé de désespoir contre moi, d'une intensité qui me déchire une partie du cœur. Entendant des pas précipités – plusieurs, même – je suppose que ce sont les garçons. Ma supposition se confirme quand je vois mon père en tête, suivi de six autres visages que je connais trop bien, tous se précipitant vers nous.

- Maman... qu'est-ce qui se passe ? demandai-je, les larmes aux yeux.

- Parle nous, s'il te plaît, ma chérie, implore mon père.

- Je... je... je bégaie-t-elle.

Je tente de me détacher pour lui laisser un peu d'air et d'espace, mais dès que je commence à m'éloigner, elle me serre encore plus fort contre elle, comme si elle craignait que je m'en aille. C'est à ce moment-là que je comprends. Je comprends tout. Je regarde mon père, et je vois qu'il a également compris. Je tourne brusquement la tête vers quelqu'un qui s'approche ; je peux toujours sentir quand quelqu'un arrive derrière moi. Je me trouve plongé dans ses yeux d'un noir profond. Puis, je remarque qu'il tient un verre d'eau destiné à ma mère.
Je tente à nouveau de me détacher de ma mère, et cette fois, elle me laisse faire, sentant que mon père est derrière elle, la rassurant avec de douces caresses dans le dos, nos gestes d'affection préférés. Eliott lui tend le verre d'eau, et elle le prend pour le boire d'un trait.

The Black SoulsWhere stories live. Discover now