African Law

Chapitre 1 : Mokili Ya Sika

Actuellement [en 1899];
Dans les ruelles animées de Mbanza Kongo, la capitale du royaume Kongo, résonnent les rires insouciants des enfants jouant à l'ombre des majestueux baobabs qui ornent la cour du Kelasi [école] de la ville. Non loin de là, sous un ciel d'azur, deux professeurs échangent des regards emplis de curiosité et d'appréhension.

Maître Nzoko, un érudit vénéré pour sa sagesse, se tourne vers son collègue, le front plissé par la réflexion.
- "Maître Zola," commence-t-il, la voix teintée d'une gravité inhabituelle,
- "que pensez-vous de l'audience royale prévue demain au Palais Royal ? Les rumeurs qui courent sur ce qui pourrait y être discuté... Cela vous semble-t-il aussi précurseur d'un changement ?"

Maître Zola, le visage éclairé par un sourire énigmatique, hoche la tête lentement.
- "En effet, Maître Nzoko, l'air semble vibrer d'une anticipation particulière. Que les éminences de notre monde soient conviées ici, au cœur du Kongo, n'est pas un fait anodin. Il flotte dans l'air une promesse de révélation, un présage de tournant historique, ne trouvez-vous pas ?"

Maître Nzoko acquiesce, le regard perdu dans le lointain, où les silhouettes du Palais Royal se découpent contre l'horizon.
- "Oui, oui, absolument. Et le fait que notre roi Ibara lui-même ait initié cette assemblée... Après les tragédies qui ont frappé sa famille ces dernières années, des morts enveloppées de mystère et de chagrin, on ne peut qu'imaginer l'importance de ce qui sera annoncé."

Maître Zola pose sa main sur l'épaule de son ami, un geste de soutien face à l'incertitude.
- "La sagesse nous commande d'attendre et de voir, Maître Nzoko. Le destin de notre royaume, et peut-être même du monde entier, pourrait bien être en train de se tisser, ici et maintenant."

Après cet échange, les deux professeurs entrent en classe pour enseigner, laissant derrière eux l'atmosphère chargée d'anticipation. "Au marché, sous les étals débordant de fruits colorés, une marchande chuchote à sa voisine :
- 'J'ai entendu dire que le roi pourrait ouvrir nos ports à plus de marchands étrangers. Imagine ce que cela ferait pour nos affaires !' Mais l'excitation fait vite place à l'inquiétude :
- 'Et nos traditions, alors ? Ne risquons-nous pas de les voir diluées ?'".

Dans la ville, les rumeurs se multiplient, et des discussions animées éclatent de part et d'autre. Dans un pays où la prospérité est répandue, où chaque citoyen mène une vie aisée, l'annonce imminente au palais suscite un mélange d'excitation et d'appréhension. Les spéculations vont bon train : quels changements le roi Ibara, marqué par les récentes tragédies familiales, s'apprête-t-il à dévoiler ? Un sentiment de changement imminent plane sur Mbanza Kongo, alors que la capitale attend avec impatience les révélations qui pourraient, en effet, changer le monde.

Le Palais Royal "Ndako Ya Mokonzi" en lingala, la langue officielle du Kongo; au cœur vibrant de Mbanza Kongo, se dresse comme un monument à la grandeur du Royaume Kongo, un lieu où la majesté des traditions kongolaises rencontre l'éclat de l'innovation. Entouré par des jardins éblouissants, parsemés de sculptures et animés par le murmure des fontaines, le palais est un sanctuaire de beauté naturelle et d'art. Son architecture, qui célèbre l'harmonie entre les influences kongolaises traditionnelles et les touches d'ailleurs, guide les visiteurs à travers un labyrinthe de couloirs bordés de fresques et de tapisseries narratives. Au cœur du palais, la grande salle d'audience, soutenue par d'imposantes colonnades et surmontée d'un dôme doré, abrite le trône royal, un symbole puissant de l'autorité et de l'histoire du royaume. Baigné de lumière et embaumé de parfums captivants, le "Ndako Ya Mokonzi" n'est pas seulement le siège du pouvoir, mais aussi un creuset où se mêlent passé, présent et futur, témoignant de la richesse inébranlable des traditions kongolaises.