Chapitre 24 - Bis - Damien

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Je reste sur ma fin, déçu de ne pas avoir réussi à lui procurer le plaisir que je souhaitais. Je remonte à la surface, embrasse Victoria et la serre dans mes bras, un goût amer en bouche. Que nous allions pas plus loin n'est pas le problème, que je n'ai pas joui non plus. Non, le problème est que je suis incapable de la rendre folle de moi. Son corps me refuse catégoriquement.

Victoria semble surprise que je me love contre elle, la tête au creux de son aisselle, mon doigt dessinant le contour de son nombril.

— Tu veux arrêter là ? me demande-t-elle.

— Ma puce, on ne peut pas aller plus loin, avoué-je à demi mot.

— Mais pourquoi ? J'ai des préservatifs si c'est la question.

— Non, cela n'a rien à voir.

— Alors quoi ?

— Victoria, tu es... tu...

Je ne trouve pas les mots adéquats. Et quand une phrase se forme dans mon esprit, elle se bloque au bord de mes lèvres. Comment lui dire la chose ? N'en a-t-elle pas conscience ?

— Je quoi ? Je ne suis pas assez bien pour toi c'est ça ?

Contre toute attente, des larmes se forment à la naissance de ses cils. Je les chasse du pouce et m'empresse de l'embrasser pour me faire pardonner de lui faire croire une chose pareille.

— Non, non, dis pas ça. Ça n'a rien avoir. C'est juste que... je... je n'ai pas réussi à te donner envie, finis-je par lâcher.

— Mais non, pourquoi tu dis ça ?

— Tu es toute sèche.

Mes yeux ont quitté les siens à cet aveux. Honteux.

— Ca n'a jamais arrêté les autres, alors pourquoi toi oui ?

— Qu'est ce que tu veux dire ?

— Damien, tu te doutes que j'ai déjà eu des expériences par le passé ? Bon ok, on en a jamais discuté mais je pensais que tu t'en doutais.

— Oui, bien sûr, moi aussi d'ailleurs mais tu as dit, ça ne les a jamais arrêtés. Ça veut dire que tu sais que...

Je grimace en ne voulant pas de nouveau formuler ça.

— Que je ne me mouille pas ? Écoute, ça ne m'a jamais empêché de faire l'amour. J'ai du lubrifiant si ça te gêne.

— Mais tu sais pourquoi ?

Elle reste silencieuse un moment, son regard fuyant.

— Tu apprécies au moins ?

Cette fois, sa tête entière se détourne. J'attrape son menton pour l'embrasser, pour la rassurer. Sa réponse est importante mais ne changera pas le futur de notre relation.

— Dis-moi. S'il te plait ?

Mon ton est suppliant. Je dois savoir, j'ai besoin de savoir.

— J'apprécie les préliminaires oui, après pas vraiment mais ca fait parti du jeu.

— Du jeu ? Mais de quel jeu ? Si tu n'as pas de plaisir, à quoi bon ?

— Ca sert au tien.

— Désolé mais je ne pense pas pareil. Ce n'est pas grave, on prendra notre temps.

Je la serre un peu plus dans mes bras et nous couvre avec la couette abandonnée au pied du lit. J'attrape la télécommande et lui propose de choisir ce que nous allons regarder ensemble, enlacé l'un à l'autre.

Je passe le reste de la soirée à la papouiller, avant de sombrer dans un sommeil réparateur.

Je me réveille au petit matin, le bras endoloris. Lorsque je prends conscience qu'une chevelure bouclée repose dessus, je n'ose pas bouger, de peur de faire sortir de son sommeil sa propriétaire. Je me contente de remuer mes doigts les uns après les autres pour créer un appel sanguin. Pourtant, ce geste aussi subtil soit il tire un grognement de sa bouche. Sa tête tourne légèrement et j'en profite pour la décaler de ma poitrine. Le son qui sort de sa bouche m'informe qu'elle n'est pas très heureuse de ma manœuvre mais finalement sa main trouve mon pectoral opposé. Un sourire d'aise apparaît alors sur ses traits avant qu'elle ne se détende à nouveau. Me voilà pris au piège par une déesse nue sur moi.

Je cale mon menton sur le haut de son crâne et respire le shampoing qui se dégage. Mon esprit divague en attendant que la princesse quitte les bras de Morphée. Le sourire plaqué sur mon visage disparaît peu à peu, quand je ressasse les événements d'hier. D'abord Riccardo. Apprendre à gérer sa présence et son influence devient plus que nécessaire. Je ne dois plus me laisser écraser par sa méchanceté gratuite. Il m'a détruit une fois mais je me relève et il est hors de question que je retombe aussi bas. Pas avec les amis que je me suis fait, pas avec ma copine à mes côtés. Avec eux, je suis bien plus fort et je le prouverai. Une promesse que je me fais à moi-même. Une promesse que je compte tenir, pas de celles que l'on fait au jour de l'an et qui au bout d'une semaine ne tient déjà plus.

Ensuite, la soirée avec Victoria avait bien démarré. Plus que bien démarrée d'ailleurs. Mais, j'ai découvert son secret. Du moins, un de ses secrets, elle en a surement d'autres. Et il n'est pas des moindres. Je me soulève avec douceur pour récupérer mon téléphone posé sur le bureau à côté de son lit. Je tatonne du bout des doigts quand ils rencontrent la fraîcheur de l'écran. Je m'en saisis, content d'avoir un bras aussi long dans un moment pareil.

J'arrive à le déverrouiller sans avoir à saisir mon code et j'ouvre la page internet. Un clic sur la barre de recherche et le clavier s'affiche. Que vais-je bien pouvoir taper pour trouver la réponse à ma question ? Je pianote ce qui me vient en tête: "Ma copine ne mouille pas». OK c'est cash comme recherche mais c'est la vérité. Inutile de se voiler la face. Je veux juste comprendre, du moins essayer.

Je tombe sur un forum qui expose plusieurs théories. Des causes physiologiques comme la ménopause mais c'est un peu tôt pour ça ou encore après un accouchement. Hypothèse que je mets aussi de côté. Un effet secondaire dû à un traitement important. Cette possibilité reste valable, je la range dans un coin de la tête. Est-elle malade ? L'ai-je déjà vu prendre un quelconque comprimé ? Pas de mémoire, après je ne suis pas vingt quatre heures sur vingt quatre avec elle. Autre possibilité, elle n'en a pas envie. Pourtant, elle m'a juré que si. Disait-elle la vérité ou ne voulait-elle pas me froisser de peur que je prenne mes jambes à mon cou ? Dernière piste évoquée sur le site, une appréhension des rapports. Est-ce que je lui fais peur ? Je parcours d'autres sites où le mot frigidité est posé sur ce phénomène. J'apprends également qu'il n'y a pas de lien automatique entre la lubrification féminine et l'excitation. L'un peut exister sans l'autre et réciproquement. Cette information me rassure. La probabilité qu'elle m'ait menti sur son désir envers moi diminue fortement et mon égo remonte en flèche. Je ne suis peut-être pas responsable de cette situation. Je garde néanmoins en mémoire les deux pistes plausibles, à savoir la suite d'un traitement ou une appréhension consciente ou inconsciente et me promet de lever le mystère.

Leçons de confiance (anciennement Learn to trust)Where stories live. Discover now