Prudence Adkins avait tout pour s'épanouir dans le triathlon.
Mais à la suite d'un terrible drame, ses rêves s'effondrent.
Elle met fin à sa carrière et plonge dans la dépression. Malgré les efforts de ses parents qui se battent chaque jour pour qu'...
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Prudence
"Chère vie (de merde),
À force de pomper toute mon énergie... j'ai comme la sensation désagréable de me dessécher comme un vieux trognon de pomme. Est-ce ça ma destinée ? Être condamnée à pourrir au fond d'une poubelle avec les autres déchets ? Je suis tombée bien bas. Même un brin de réconfort ne fera plus aucune différence.
La prochaine fois, préviens-moi avant de m'éteindre.
Avec toute ma... rien du tout, en fait... ouais... je ne ressens rien...
Prudence"
Mes yeux sont grands ouverts, figés depuis une éternité sur le plafond de ma chambre. Il n'y a pourtant rien de bien passionnant à scruter une surface peinte en blanc crème devenue terne au fil des années. D'autant plus qu'elle est parsemée de quelques traces de chaussure que je n'ai jamais pris la peine de nettoyer après avoir tenté d'exterminer les moustiques agaçants avec leur "bzzzzz" strident. Au moins avant, j'avais encore la force et la volonté pour bouger.
Les rideaux de mes fenêtres ne sont pas tirés. À en juger la haute luminosité que je perçois à travers le tissu fin, il doit être aux alentours de dix heures du matin.
Je pourrais essayer de dormir un peu. Malheureusement, le sommeil et moi, ça fait un bail que ça ne fait plus bon ménage.
Je pourrais me lever, mais sur une échelle de 1 à 10, mon envie équivaut à - 128383 et elle n'est pas près de remonter de sitôt.
C'est une sacrée épreuve, quand on sait qu'on va passer une journée de plus seule, à se morfondre dans le noir.
Être ici, c'est démoralisant. Ma chambre est devenue si impersonnelle. Les posters de mes groupes de musique fétiches qui ornaient autrefois les murs ont disparu. Les cadres photos qui témoignaient de mes moments heureux ont été rangés au fond de mes tiroirs, reléguant mon ancien cercle d'amis à l'oubli. Les trophées et médailles qui trônaient fièrement sur mes étagères prennent désormais la poussière dans le grenier.
Du vide, rien que du vide... Tout est triste et sans vie.
C'est ma faute...
J'essaye de fuir... de chasser le passé...
J'aurais dû le prévoir... que ça ne fonctionnerait pas...
Tout ce que j'ai réussi à faire en opérant ce tri, c'est nourrir ce sentiment d'être une étrangère dans mon espace le plus intime. Alors si je n'arrive pas à me sentir bien chez moi... Où puis-je l'être ?
Cette pensée m'inflige une douleur lancinante dans le ventre qui me fait plisser les yeux. Mes doigts se resserrent par réflexe sur la couverture rugueuse de mon journal intime. L'un des rares objets dont je ne me sépare pas. C'est assez déroutant, mais quand mes parents me l'ont restitué, j'ai ressenti un soulagement indicible en le pressant contre ma poitrine.
