Chapitre 1

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— Lieutenant Lloyd ?

L'agent Dale m'interpelle alors que je relève le nez de mes papiers.

— Du nouveau ?

Il secoue la tête en signe de négation tandis que je réprime un râle. Putain d'enquête. On n'avance pas, on piétine, rien ne bouge et pourtant, les corps s'entassent. Je jette un coup d'œil en direction de mon collègue qui attend patiemment que je l'invite à entrer dans mon bureau. Il tente de se tenir le plus droit possible, comme si cela lui donnait une allure un peu plus impressionnante. Ce gars est une nouvelle recrue et il doit encore nous montrer qu'il mérite sa place ici. Comme nous l'avons fait avant lui. Par chance, ou pas, il est tombé sur une sacrée affaire. Un regard vers ma tasse de café vide suffit pour qu'un juron m'échappe.

— Vous souhaitez un nouveau café, Lieutenant ?

Le coin de mes lèvres s'étire, on a tous voulu faire le café à nos supérieurs pour entrer dans les bonnes grâces de nos supérieurs. Comme si faire de la lèche était suffisant et que les capacités sur le terrain ne voulaient rien dire. Ou que ce petit plus, permettait de changer la donne. J'ai toujours détesté ce principe de jouer les bonniches, me retenant de lever les yeux au ciel lorsqu'on me demandait d'aller chercher une boisson. Pourtant, je lui tends mon gobelet en silence, le regard perdu sur l'extérieur. Dale n'échappera pas à cette étape. Surtout qu'en ce moment, je n'ai aucune envie de bouger de mon fauteuil. Il râlera en rentrant chez lui ; racontera que sa supérieure est une conne qui lui donne le sale boulot à faire.

Qu'il en soit ainsi.

En attendant, il me rapportera une tasse bien chaude – qui me permettra de ne pas sombrer dans la fatigue qui rode, prête à m'envelopper.

Il fait sombre et un vacarme assourdissant continue d'envahir l'étage, ajoutant un peu plus à la migraine qui me menace. Sans ce brouhaha ambiant, on pourrait entendre la pluie tomber. Bien que je ne les voie pas s'écraser sur le sol, c'est avec une facilité déconcertante que je peux imaginer imaginer leur bruit. Le martellement incessant de ces gouttelettes contre les parapluies et celui des pieds dans les flaques. Malheureusement, il m'est impossible de discerner ce bruit que j'apprécie tant. Tout ce qui me parvient, ce sont les doigts qui pianotent sur les claviers, les téléphones qui sonnent sans jamais s'arrêter et les conversations de mes collègues, toujours plus fortes.

Un instant, je ferme les yeux. J'espère que cela pourra éteindre le tumulte autour de moi et que cette douce mélodie parviendra jusqu'à mes oreilles, apaisant mon exaspération. En vain. Dans l'espoir que tout s'éteigne pendant quelques secondes, je passe mes doigts sur mes tempes et les masse. A quoi bon ?

Des coups contre le bois de ma porte tonnent à mes oreilles, avec une plus grande intensité que le bourdonnement incessant de ce qui m'entoure. Seulement, j'ignore cet appel et reste silencieuse, encore un instant. Le silence, je ne demande que ça. Pouvoir réfléchir, avancer et ne plus stagner sur ce putain de dossier. Alors que je regarde en direction de l'entrée, le bleu patiente, mon mug dans sa main. D'ici, je vois la fumée s'échapper de mon graal, un gémissement m'échapperait presque. D'un signe de la tête, je l'invite à entrer et il se dépêche de le déposer sur mon bureau en bordel, faisant attention à ne rien renverser sur la paperasse qui s'accumule. Sans m'en rendre compte, j'ai laissé les photographies, les indices et les témoignages s'accumuler sur le meuble, le noyant sous cette montagne qui menacera bientôt de m'ensevelir. Toujours sans un mot, l'agent s'éloigne, aussi vite qu'il est entré, aussi discretement que s'il était invisible.

— Dale ?

Son corps se tend l'espace de quelques secondes et il se retourne vivement pour me faire face.

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⏰ Last updated: May 05 ⏰

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