Partie 2

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Un objet affrianda mon attention.

Sur le trottoir, passif à côté du banc ornementé d'œuvres colombaires, un mélange de maisons, boîtes aux lettres et bibliothèque était debout sur un pied. Une boîte à livre. Dans ces archives de rues se trouvent des manuels en tout genre, format in-octavo à l'unisson, un index qui est comme les deux doigts de la main avec un polar septentrional et des magazines tout aussi glacés.

Un roman attira mon intérêt : Elles étaient là

J'ai un super pouvoir, je sais reconnaître les livres policier à trois mètres.

Je me suis approchée et j'ai pris le bouquin. Une couverture typiquement polarienne : un titre en jaune (je ne sais pas pourquoi, mais sur toutes les jaquettes de ce genre, il y a du jaune). Un nom tellement pourri que c'est forcément un pseudonyme. Au premier plan, il y a la silhouette d'un fumeur portant un chapeau. Derrière, un fond beige dégueulasse représente la rue.

Le papier était jauni, l'encre avait bavé, mais ce n'était pas le plus surprenant. Un ex-libris effacé et des inscriptions. Partout. Chaque espace de liberté, chaque illustration, chaque page vierge se sont métamorphosées en défouloir d'écrivains. C'est une écriture difficile par ses mots et sa calligraphie. Alternant argot, soutenu et langues étrangères. Ses lettres étaient parfois minuscules, étriquées, coincées entre celles imprimées dans un labyrinthe sans exit même avec des « l », parfois ses mots reprenaient confiance et s'engraissaient pour courir en majuscules dans un rythme nouveau à Little Richard.

Une sonnerie m'extirpa de cette énigme.

-Allô ?

-Allô ?

-Salut Livia, on est sur la place avec les autres. Tu veux venir ?

-Ok, j'arrive.

Je préférerai qu'il me le lise lui-même. J'ai reposé le livre. Je crois que le clopeur m'a fait un clin d'œil.

-Salut Livia.

-Salut Miriam.

Elle m'a sourit avec toutes ses dents et moi aussi. Miriam, en compagnie de son sourire, m'a attrapé par le bras et on a rejoint les autres.

Un de nos copains frimait sur son skate, il tournait autour de nous mais avait du mal sur les virages. On a voulu jouer aux cartes mais on avait plus de paquet.

Une fille a mit de la musique. Certains se sont levés et bougeaient en riant.

Je les ai regardé. C'était beau de la musique qui était pas là pour faire joli. Deux garçons essayait de valser sur une planche, une fille essaya une hora, mais la plupart étaient en tailleurs, la tête ou le pied emporté par le rythme.

Miriam a posé son téléphone, m'a attrapé par le bras et on s'est levée. Vous sautez sur vos chaussures, les lacets lassés d'être lacés se prélassent. Vous marchez sur les fils et filles de vos baskets. Les regards et la musique se lient dans une ronde autour de vous, jalousant les anneaux de la géante Saturne. Vous êtes des écolières jouant avec des cerceaux, vous faites tourner sur vos hanches des paroles inconnues que vous connaissez.

Bang Bang

Vous tournez dans cette ronde, longeant les tempos, encerclant les insultes, trémoussant sur les mots doux, bordant souvenirs et ballons.

Les quatre index et seize autres doigts battent l'enfant battu qu'est le rythme.

Mains tenues comme un piano. Drôle d'accords camaïeux. Des peaux au léger duvet, des ongles bleus écaillés, des bagues forant les phalanges, des paumes moites et sèches.

Tête à...Where stories live. Discover now