Chapitre 9

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Mes pas résonnent dans les couloirs déserts. J'ai rapidement réussi à échapper à la foule qui gravitait autours de l'entrée. J'ère à présent sans réel but. Je n'ai jamais vraiment eu d'objectif durant les années que j'ai vécu jusqu'à présent. Je me contentais d'attendre que quelque chose se passe. Aujourd'hui pourtant, j'ai la désagréable impression de sentir grandir un vide en moi, Je frissonne, et décide finalement de m'assoir sur une banquette rouge, posée là contre un mur.

Le mot Requiem ne m'est pas étranger, quelque chose me manque pour pouvoir comprendre le lien qu'il a avec moi. Je rapproche mes jambes de ma poitrine, et me recroqueville sur moi-même tandis qu'une nouvelle vague de froid et de tremblements me traversent. Je pensais être habituée aux températures extrêmes avec Dorme, et pourtant, plus les jours passent et plus je comprends que je ne connais rien.

Mes pensées m'emportent, et je mets plusieurs longues secondes à réaliser que je ne suis plus seule dans le couloir. Lorsque je relève la tête, un garçon se tient debout devant une porte en bois peinte en rouge, et gravée de symboles d'une langue inconnue. Mon regard croise le sien, et il se détourne aussitôt, les joues écarlates.

— Veuillez m'excuser, je ne vous espionnais pas je vous le promet ! On m'a demandé d'aller chercher quelqu'un et vous étiez là, je n'ai pas osé vous déranger !

Je laisse échapper un petit sourire, et joins mes mains devant ma bouche pour tenter de le dissimuler.

— Ne vous inquiétez pas. Qu'y a-t-il derrière cette porte ?

— Une bibliothèque, Madame. Vous avez l'air d'avoir froid, je pense que cela ne dérangera personne si vous alliez vous y mettre au chaud, la température y est plus élevée que dans ces couloirs.

Je hoche la tête, et laisse tomber mes jambes sur le sol pour me relever et m'avancer jusqu'à la porte, qu'il ouvre dès que je m'en approche. Avec un petit signe de la main, il m'invite à entrer, et sans hésiter, j'entre.

Immédiatement, je suis frappée par la grandeur des lieux. Mes pas frappent les dalles de marbre poli qui recouvrent le sol. Devant moi, les étagères s'étendent à perte de vue, chargées de milliers de livres aux reliures plus ou moins anciennes, abîmées par le temps. La lueur tamisée des lustres suspendus au plafond projette des ombres qui dansent sur les rayonnages et sur le sol. De multiples odeurs m'emplissent les narines, ancien, encre, feu, cendres. Un parfum qui m'envoute étrangement. A ma gauche, des escaliers en colimaçon s'élèvent vers les hauteurs et disparaissent dans les tenèbres du plafond. Partout entre les bibliothèques, des bustes de marbre regardent silencieusement la salle depuis leurs socles, les yeux vides.

Je me tourne lentement pour observer le mur derrière-moi, et manque de défaillir lorsque la présence du garçon me revient en mémoire. Il est vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise de la même couleur. Par-dessus, il porte une veste courte en cuir brune, l'air fortement vieillie par le temps. Ses yeux bleu ciel continuent de me fixer, l'air à la fois gênés et intéressés.

— Tu l'as trouvé ?

Je sursaute et me tourne brusquement lorsque la voix brise le silence. Mes sourcils se froncent, et mes yeux tentent de percer l'obscurité, en vain. Elle provient de derrière les étagères. Finalement, après quelques secondes de silence, un homme quitte une allée pour grimper les quelques marches qui nous séparent.

De loin, il a l'air grand, de près il l'est encore plus. Il a des cheveux mi-longs, blancs, et des yeux perçants d'un vert semblable à celui des forêts de sapins. Il porte un costume noir, sans aucune représentation de richesse. Le détail qui attire mon attention est un pendentif en argent qui pend autour de son cou, dont je distingue très clairement la représentation, gravée en noir. Une boussole. Je reste bloquée dessus quelques instants, persuadée d'en avoir déjà vue une représentation récemment, mais, incapable de m'en souvenir je finis par reprendre mes esprits pour saluer brièvement.

Fille des EnfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant