Chapitre 14

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Sacha

Je regarde d'un air pensif la mer qui s'étend sous mes yeux. Du haut du premier étage de la location de ma grand-mère, j'ai une belle vue. Ces derniers temps, je pense beaucoup. J'ai vraiment l'esprit ailleurs. J'assiste alors, devant moi, à un spectacle de mère nature. Des vagues gigantesques s'écrasent sur la plage de gallé et des oiseaux chantent. Je dois avouer que je me sens bien ici. Mais cette atmosphère apaisante va vite être remplacée par un quotidien rempli de stress. Dans deux jours, c'est la rentrée, après deux semaines d'ennui, je crois que je suis plutôt content de retourner dans cet endroit rempli de rumeurs et d'odeurs de transpiration. Je veux retourner chez moi, mais en rentrant, une chose importante m'attend. Parler à Maël.

Ces deux semaines m'ont permis de réfléchir sur ce que j'étais vraiment. Mais je reste au point mort et me dis que ce n'est pas possible... Pas possible de l'aimer alors que j'ai toujours aimé les filles. Mais je dois me rendre à l'évidence, il me fait de l'effet. C'est bien la seule chose que je ne peux nier. Il me fait ressentir des sentiments qui étaient pour l'instant réservés aux filles. Mais je crois que ce temps est révolu.

J'en ai ras le cul de me cacher. Je me suis toujours caché d'une certaine manière. Je n'ai jamais laissé l'étoile qui était en moi briller de mille feux. Marre de porter ce putain de masque. Je veux vivre, enfin revivre. Reprendre toutes ces années perdues, perdues à cause d'un rôle que je jouais. Je veux me montrer à tout le monde. Et aussi leur montrer que oui, on aime qui on veut. L'amour prime toujours sur le désastre et le néant. Et je veux me le prouver et le montrer. Mais je dois attendre 2 jours avant de pouvoir tout lui dire. Deux petits jours interminables. Et puis merde, j'ai plein de devoirs. Les profs ont complètement déliré et moi aussi, vu la tonne de devoirs que j'ai à faire et à rendre. On m'a toujours dit, enfin je me suis toujours dit, de ne jamais baisser les bras. Mais c'est insurmontable de réaliser tout ça en l'espace de 2 jours. Je n'ai jamais été très doué à l'école, toujours le dernier de la classe. Et toujours le dernier qu'on choisissait en sport. Si seulement ils voyaient mes pecs, enfin mes tétasses comme dirait Maël, je pense qu'ils se seraient battus pour me prendre.

Ces derniers temps, je vois Maël partout. C'est comme s'il me suivait. Je l'ai vu quand je fermais les paupières, il me suit même dans mes rêves. J'ai envie de crier, car oui, l'envie de tout lui avouer me donne l'impression de me pisser dessus. Je suis beaucoup trop excité. Mais j'apprends beaucoup de cette aventure. Mais je sais qu'il ressent aussi quelque chose pour moi. Une chose beaucoup trop forte. Ça me rassure de me dire que mes sentiments ne sont pas à sens unique. Ce mec a réussi à me faire changer de bord, jamais je ne l'aurais cru quand je suis arrivé dans ce village pourri suite au décès de mes parents. Jamais. Mais je suis ouvert à tout, surtout à lui. Oups. Je sais, car j'en ai l'intime conviction, que lui et moi ça ne peut que marcher. Enfin, je crois. Je suis jeune, je veux toucher à tout. Sauf à la drogue et aux capotes. Donc je pense que c'est bien, de tenter quelque chose, il faut toujours tenter dans la vie. Car c'est avec ces expériences qu'on grandit. Et c'est avec lui que je vivrai ce genre d'expérience, quitte à ce que ça soit foireux. J'aime ça.

Je m'en veux de l'avoir fait espérer si longtemps. Je m'en veux de ne pas lui avoir fait comprendre mes sentiments à son égard. Je m'en veux de ne pas le regarder dans les yeux quand les siens sont posés sur moi. Je m'en veux de ne pas lui avoir donné en retour alors qu'il m'a tout donné. Je m'en veux. Je m'en veux beaucoup trop pour toutes ces choses non abouties. Mais ce temps est bientôt révolu. À mon plus grand plaisir.

On ne s'est pas parlé depuis notre engueulade au centre commercial. Ce jour où mes poussées ont pris le goût de la mer et que ses yeux s'y sont noyés. Malheureusement, j'étais la seule personne qui pouvait lui lancer une bouée de sauvetage, mais j'ai préféré le regarder couler. Encore une chose que je regrette. Ça a toujours été comme ça. Je pouvais aider mais j'ai préféré ne rien faire. Aucun SMS ne s'est envoyé, je vérifie tous les jours. Mais je retombe sur ce foutu message que j'ai envoyé et ce "vu" en dessous qui me nargue. Je ne sais toujours pas si Maël veut me parler et clarifier les choses entre nous. Mais je prends ça pour un oui, enfin j'espère. J'espère ne pas avoir halluciné de lui à tous les coins de rue pour un rendez-vous où je suis le seul qui suis venu. J'espère ne pas avoir mis mon cerveau à rude épreuve pour un aller simple vers des sentiments non réciproques. Mais mon cœur s'allège face au fait que je vais en avoir le cœur net dans quelques jours. Je veux le revoir, lui et ses yeux que je n'ai pas eu le courage d'affronter.

my heart foundOù les histoires vivent. Découvrez maintenant