Chapitre 29 - Damien

45 13 1
                                    

Je fourre mon sac dans le coffre du van et dépose celui de Victoria au-dessus. Qu'est-ce qu'elle a bien pu emporter ? La taille de sa valise me semble disproportionnée par rapport aux deux jours de week-end.

— J'ai tellement hâte qu'on parte tous ensemble ! s'extasie ma copine.

— C'est clair, clame Mady à ses côtés.

— Je peux conduire ? s'empresse de demander John.

— Hors de question ! riposte Tomas. C'est la voiture de mes parents, je conduis.

— Allez, s'te plaît.

— En tant que capitaine, je dirige cette expédition.

Et quelle expédition ! Nous nous entassons chacun notre tour dans le véhicule, prêts à parcourir la centaine de kilomètres qui nous séparent de notre destination : Guisland.

La musique résonne dans l'habitacle où la bonne humeur prime.

— Bon les gars, nous annonce Tomas. Ce soir, hors de question de faire la fête, ça reste une veille de match.

Avec Adrien et John, nous acquiesçons. Nous connaissons l'enjeu. Le début de la saison régulière a commencé, les matchs que nous jouons sont tous aussi importants les uns que les autres. Hors de questions de ne pas mettre toutes les chances de notre côté.

— On sera dans les gradins pour vous encourager.

— Oui, tu as pris tes pompons Mady ?

— Non, je me vois mal me trimballer avec et toi ?

— Non plus. Par contre, j'ai pris ma tenue.

— La base !

Je suis le seul à l'entendre, mais elle me glisse un « pour l'après-match » à l'oreille. Une fin de phrases pleine de sous-entendus qui me font rougir.

— J'ai hâte de vous voir en action en tout cas, confirme Mady.

— De même, de nouveaux joueurs à regarder... hum.

Des rires moqueurs, mais gentils retentissent tandis que je souris à la remarque de Romain. Toujours dans la subtilité.

Après une bonne heure et demie de route, Tomas se stationne dans le parking du motel. Cette bâtisse, typiquement campagnarde avec ses pierres rouges, offre un accueil chaleureux. L'aspect rustique de l'entrée confirme son charme. Nous avons réservé quatre chambres dont la répartition n'est pas encore actée.

— Moi, je prends une chambre avec Damien, annonce d'un ton tranchant Victoria.

— Ça me gêne pas de partager avec toi, si tu veux.

Romain accepte la proposition de Mady avec un grand sourire. Les deux se sont énormément rapprochés depuis que Romain a intégré l'équipe.
Leur tempérament similaire n'y est pas pour rien.

— OK, donc maintenant, on joue ça à la courte paille.

— Sinon, je suis le capitaine, je prends la chambre seul.

— Arrête ton cinoche, tu n'as pas tous les privilèges non plus.

— Non, parce que sinon John et toi étiez à l'avant du Van avec plein d'espace, je peux exiger la chambre en dédommagement d'avoir été serré comme une sardine à l'arrière.

— Oh, ça va, on prenait pas toute la place non plus, proteste Victoria.

— Non par contre, entendre des nanas piailler tout le trajet, ça vaut bien un peu de repos.
Voir les mous faussement boudeuses des filles nous enchante, traduction de l'entente évidente de notre groupe.

— Courte paille ? lancé-je.

— Bah oui, c'est facile pour toi, tu vas passer la nuit dans un lit avec une nana !

— Tu avais qu'à ramener la tienne, John.

— J'en ai pas.

— Alors, trouves-en une, lui assène Tomas, tandis qu'il bricole de ses mains un semblant de courte paille avec un ticket. Bon, ça fera l'affaire. John ?

Il lui tend les morceaux sous le nez, de même à Adrien. L'heureux gagnant crie victoire et se dirige d'un pas pressé vers sa récompense.
Nous déposons chacun nos affaires dans nos chambres attitrées.

— On se retrouve dans trente minutes, pour aller bouffer ? demande Tomas.

— Tu verras bien si on est encore là quand tu sortiras de ta chambre. Être seul, c'est pas ce que tu voulais ?

— Y'en a un qui a la défaite amère, provoque Mady.

Sur des éclats de rire, je dépose nos bagages et m'affale sur le lit.

MATCH (Ok dsl je ne l'ai pas écrit encore mais ca ne gêne pas a la lecture)

Nous avons remporté le match.

Je suis éreinté, pourtant, aller me coucher n'est pas au programme. Nous sommes invités à une fête organisée en banlieue. L'occasion de célébrer notre victoire avec les gars de l'équipe. Loin d'être emballé par l'idée de me retrouver parmi une foule d'inconnus, je ne peux pas laisser Victoria y aller sans moi. Qui laisserait sa copine dans une telle fête pour dormir ?

Même sans être jaloux, savoir que des mecs peuvent baver sur elle me donne des frissons. Avec moi à ses côtés, je marque mon territoire et quelque part, j'assure ses arrières. De toute façon, je ne serais pas serein tant qu'elle ne sera pas rentrée, alors autant l'accompagner.

La soirée bat son plein. Les fêtards s'entassent dans la maison. La circulation devient de plus en plus difficile au fil des minutes qui passent. Je ne me sens pas à l'aise. Pourtant, ici, je ne connais personne. Il ne peut rien m'arriver. Entouré de mes amis, je n'ai aucune raison d'avoir peur.

Le salon est à l'image du reste de la demeure, sens dessus dessous. Le sol colle sous mes semelles quand je progresse à l'intérieur où la musique emplit nos oreilles d'un son assourdissant.

— On va vraiment passer notre soirée ici ? Un truc plus calme c'était bien aussi !

— Allez, mon cœur, on va bien s'amuser.

Elle et moi n'avons pas la même définition du verbe s'amuser. Néanmoins, je la suis à la trace tandis qu'elle s'approche du bar.

Leçons de confiance (anciennement Learn to trust)Where stories live. Discover now