Famille?

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ALISTAIRE

Je suis assis, le regard perdu dans le vide à les regarder jouer, la famille parfaite, à le regarder lui.

C'est comme si je n'entendais plus rien, ma vision se floute de plus en plus, je sens ma jambe trembler de plus en plus.

Je n'en peux plus de cette soi-disant famille, une famille qui a été brisée depuis longtemps, mais si récemment dans mon cœur.

Je ne peux plus continuer à regarder faire comme si rien ne s'était passé, comme si nous n'avions jamais vécu dans cette maison encore hantée par les cris et la violence.

Avant, c'était moi et elle contre le reste du monde, ou plutôt nous deux contre lui.

Maintenant, ce sont eux contre moi, et ce constat me déchire, me brise et me calcine le cœur, bordel.

Elle avait beau dire que rien ne changerait en laissant Léonard s'introduire dans notre vie, et moi, du haut de mes 10 ans, je la croyais.

Je la croyais vraiment, vraiment que j'allais enfin pouvoir vivre une vie normale, une vie que mes amis de l'école vivaient, une vie que je n'avais pas besoin d'inventer aux autres pour cacher ce qui se passait réellement entre les murs de cette maison.

Mais bien évidemment, je me suis fait avoir, encore et encore, du plus loin que je me souvienne, je me suis toujours fait avoir

Comme quand Papa nous a promis qu'il allait arrêter de boire, résultat final, le lendemain, il revenait du travail et buvait comme un trou.

Comme quand maman a dit que tout allait s'arrêter, ou encore la fois où elle m'a promis qu'elle allait m'emmener faire les magasins avec elle pour ma fête, mais encore là, je me suis fait avoir car elle a passé toute sa journée dehors et a même oublié ma fête, quelle ironie.

Je me demandais souvent ce qu'elle faisait pour passer ses journées en dehors de la maison, même en dehors de ses heures de travail. Maintenant je sais ce qu'elle faisait, ou plutôt avec qui elle était, elle était avec lui.

Mais non, tu avais tort maman, tout a changé à son arrivée. Il est venu en premier, puis ensuite elles, et moi je suis en tout dernier.

Il y a eu plein de changements dans notre vie à son arrivée, par exemple : ses mains sur mon corps, les menaces, une nouvelle sorte de peur constante dans ma propre maison.

Mais ne t'inquiète pas maman, rien n'a changé, continue à bien rêver, ma vieille.

"ALISTAIRE !" crie une voix à ma gauche, me sortant de la crise existentielle dans laquelle je m'étais plongé. Je tourne la tête et prononce d'une voix lasse : "Que veux-tu, Astoria ?"

"Je voulais te raconter ce que ma prof de danse m'a dit", dit-elle d'une voix douce.

"Qu'a-t-elle dit ?", murmurai-je, la tête baissée.

Mais sans que je ne puisse reprendre le contrôle, je retombe dans la lune.

J'aurais plutôt tendance à dire que c'est de la dissociation, mais bon. Certains pensent que tomber dans la lune est la même chose que tomber en dissociation, mais c'est totalement différent.

Tomber dans la lune arrive à tout le monde, par exemple quand tu t'ennuies ou autre, tu tombes dans la lune.

Mais là est la différence avec la dissociation.

Comparé à la dissociation, tu es capable de sortir de la lune relativement facilement.

Mais quand tu dissocies, tu ressens un sentiment de confusion de ta propre identité, tu ne sais même plus où tu te situes et encore moins qui t'entoure.

wanna be perfectWo Geschichten leben. Entdecke jetzt