Chapitre 15.1 : Lueur d'Après-Tempête

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Un silence imposant s'étendit, rompu uniquement par le crépitement ardent du foyer. Le cœur de Sverjar battait avec intensité, tandis que ses pensées naviguaient à la vitesse du vent.

— Je vous l'ai déjà dit, mes origines sont floues, dit-il avec rancœur. Je n'ai pas d'informations sur mes parents. Mon père, membre du Peuple de Sang, fut banni dès ma venue au monde, pour s'être uni à une femme d'une tribu étrangère. On ne parle pas des exilés, un point c'est tout.

Tyrulf interrompit le silence gênant qui suivit.

— Je suis désolé de raviver ces souvenirs, Sverjar. Les dieux ont choisi un individu au passé chargé. Cela pourrait s'expliquer par le fait que la Mère des Vestiges ait discerné en toi quelque chose qui échappe aux contours de la compréhension commune. Les Vestiges ont souvent des desseins qui nous dépassent.

Sverjar hocha la tête, une lueur d'incertitude dans ses yeux. Il n'avait jamais voulu en savoir plus. Être désigné comme un bâtard constituait déjà une charge pesante depuis son enfance, et il avait volontairement évité tout ce qui aurait pu ériger une muraille supplémentaire à son intégration parmi les siens. Un regret, tel un flot insidieux, s'empara de lui.

— Chacun porte son fardeau, mais tu n'es pas seul dans cette quête, ajouta Vindottir d'une voix empreinte de compréhension, percevant son trouble.

Le chasseur esquissa un sourire énigmatique, dispensant à son compagnon un coup qui alliait robustesse et camaraderie.

— Assez de mièvrerie, jeune guerrier. Il serait impoli de laisser la viande brûler.

Les paroles légères de Tyrulf dissipèrent toute trace de tension.

Après avoir partagé un repas consistant, ils prirent un moment de repos bien mérité. L'après-midi déclinait, laissant émerger une atmosphère empreinte de quiétude et de sérénité. Pendant cette halte, chacun s'abandonna au sommeil, soigna ses blessures, et purifia son esprit.

Quand le crépuscule étira ses teintes chaleureuses sur l'horizon, le groupe reprit son périple. Ils s'aventurèrent dans les collines enneigées, leurs pas résonnant dans le silence glacé de l'hiver. Les crissements de la neige sous leurs pieds révélaient la pureté du paysage immaculé qui s'étendait à l'infini. La neige recouvrait les coteaux d'un manteau scintillant, transformant le paysage en une fresque gelée. Quelques arbres, dépouillés de leurs feuilles, se dressaient contre le firmament, leurs branches givrées étincelant sous les derniers rayons du soleil.

Les collines ondulaient doucement, créant des vallées profondes et des crêtes effilées. Dans le ciel, les étoiles émergèrent une à une. Après une longue marche, le groupe atteignit une route, un sentier de terre battue serpentant à travers les collines. Sur les côtés du chemin, des demeures modestes surgissaient de la blancheur.

Les fermes se dressaient de manière isolée. Les toits, accablés par le poids de la neige, pesaient sur les édifices érigés avec la solidité du bois massif. Des enclos entouraient les domaines et abritaient pour la plupart des chevaux robustes, arborant des crinières épaisses, et des moutons pourvus de laines denses.

Les voyageurs persistèrent sur leur chemin, s'avançant le long de la piste, leurs souffles créant des volutes éphémères dans l'atmosphère glaciale. La route s'élargit alors qu'ils atteignaient le village.

La petite troupe avançait à pas feutrés dans le hameau. Les édifices aux toits de chaume se dressaient modestement, veillant silencieusement sur le quotidien nocturne de leurs occupants. Ces derniers s'adonnaient à des travaux laborieux : réparant des filets de pêche, préparant les poissons du jour, érigeant de nouveaux enclos pour les bêtes. La lueur des flammes dansantes révélait des visages burinés par le temps et marqués par les épreuves de la vie viking.

Les ruelles pavées, sillonnées par endroits de sentiers de terre, étaient animées par le va-et-vient discret des habitants. Les échos lointains des chants traditionnels vikings s'élevaient dans l'air, résonnant à travers le village.

En quête de repos, Vindottir, Sverjar et Tyrulf s'orientèrent vers une auberge, traversant la place où s'étalait le marché. Les étals se déployaient, révélant l'art impeccable des forgerons vikings à travers des armes fabriquées telles que des épées, des haches et des boucliers.

À mesure qu'ils parcouraient les étals, des peaux d'animaux parées d'ornements complexes attiraient leur regard, aux côtés de bijoux délicatement travaillés tels que colliers, bracelets et broches en argent. Les marchands offraient également des objets du quotidien, ustensiles de cuisine en bois sculpté, des bols décoratifs et des récipients en céramique. Des étoffes aux teintes riches et aux motifs traditionnels ajoutaient une touche de couleur et de texture au marché animé.

L'atmosphère du marché viking était saturée de l'odeur alléchante de viandes grillées et de pains cuits. Les étals de nourriture proposaient du mouton rôti, des poissons fumés et du pain de seigle.

Quittant à regret l'effervescence du marché, ils découvrirent une auberge en bois massif, aux poutres apparentes. À l'intérieur, la chaleur du feu de cheminée réconforta leurs membres engourdis. Les murs de planches brutes exhalèrent une odeur apaisante de bois vieilli, et des bancs robustes offraient des sièges accueillants. Un serveur en tunique s'affairait, transportant des plateaux ornés de cornes à boire en bois. Les fenêtres étroites diffusaient une lumière tamisée de la lune, tandis que des tapis tissés à la main ajoutaient une touche de charme au sol.

Le propriétaire de l'auberge, un homme massif et large d'épaules, à la barbe drue, les accueillit d'un signe de tête.

— Bonsoir, voyageurs. Bienvenue à Givrval. Comment puis-je vous être utile ? s'enquit l'hôtelier.

— Nous aurions besoin de chambres pour la nuit, pour nous trois, répondit Vindottir.

— Humm, laissez-moi voir. Le tôlier se gratta la tête. Il me semble qu'il me reste deux pièces à l'étage. Une pour la dame et l'autre pour vous, guerriers, cela vous conviendrait-il ?

— C'est parfait, déclara immédiatement Vindottir. Elle jeta un coup d'œil à Sverjar et Tyrulf. Ne le prenez pas mal, mais je n'ai aucune envie de partager mon lit avec l'un de vous deux.

Tyrulf émit un grondement en guise de réponse, pendant que le jeune homme réprimait un sourire. L'aubergiste esquissa une expression bienveillante, saisissant les clés à l'arrière du comptoir.

— Aucun souci. Je vais vous conduire dans vos chambres. Veuillez me suivre.

L'Héritier des VestigesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant