{Chapitre_4}

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Aïssatou demeurait silencieuse, plongée dans ses réflexions les plus profondes. Elle se sentait désorientée, ne comprenant pas ce qui avait bien pu se passer avec Amsatou. Lorsqu'elle l'avait retrouvée, elle était dans un état pitoyable, exprimant le souhait d'avoir été victime d'un accident de voiture plutôt que de continuer à vivre. Aïssatou l'avait ramenée chez elle, mais elle demeurait perplexe face à la tristesse qui semblait l'accabler. Elle observa attentivement Amsatou, qui avait les yeux fixés l'un sur l'autre, les yeux rougis par les larmes.

Amsatou baissa la tête, et les larmes recommencèrent à couler, telle une cascade incontrôlable. La mère de Aïssatou(Soukeyna) fut surprise, ne s'attendant pas à ce que Amsatou continue de pleurer, plusieurs jours s'étant écoulés depuis l'incident. Elle commença à ressentir des remords d'avoir posé des questions aussi précocement. Peut-être aurait-elle dû patienter encore quelques jours avant de lui demander. Elle ne souhaitait en aucun cas aggraver sa douleur.

"Tu n'es pas dans l'obligation de partager quoi que ce soit avec Amsatou si tu ne le souhaites pas", dit Soukeyna, tentant de la réconforter de son mieux. "Je m'excuse sincèrement de t'avoir interrogée si tôt, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise."

Amsatou renifla légèrement, esquissant un faible sourire empreint de gratitude. "Ce n'est nullement ta faute. Je suis simplement... submergée par tout cela. Mais je suis prête à te raconter ce qui s'est réellement passé."

Amsatou raconta en détail tout ce qui lui était arrivé, expliquant avec émotion comment elle avait fini à l'hôpital et finalement signé les papiers. Aïssatou et sa Soukeyna écoutaient attentivement, leurs visages exprimant à la fois la compassion et l'indignation face à l'injustice dont Amsatou avait été victime.

Aïssatou, profondément touchée par l'histoire pathétique de son amie, ne put retenir quelques larmes qui coulèrent le long de ses joues. Elle était bouleversée de constater à quel point quelqu'un pouvait être cruel envers une autre personne, simplement en raison de sa filiation avec son mari.

"Comment peut-on en arriver à un tel degré de méchanceté envers quelqu'un qui n'a rien fait de mal ?" murmura Aïssatou d'une voix chargée d'émotion.

"Comment est-ce devenu ma faute si mes parents ont pris la décision de m'éloigner de ce mariage ? Comment puis-je être blâmée pour les actes de mes parents, pour leur incapacité à maîtriser leurs désirs charnels l'un envers l'autre ? Je porte le poids de leurs affaires et d'un complot si malveillant qui vise à me jeter honteusement. Si cela avait eu lieu du vivant de mon père, je m'en serais chargé, j'aurais pu me frayer un chemin et je n'aurais pas permis à un individu étrange de me monter dessus", expliqua Amsatou d'un ton déterminé.

Aïssatou et sa mère demeurèrent silencieuses, absorbant chaque parole prononcée par Amsatou. Elles étaient conscientes de la souffrance qu'elle avait endurée, des mauvais traitements qu'elle avait subis. Son mariage arrangé avait pris fin de manière si honteuse, ouvrant la voie à sa belle-sœur qui avait pris sa place. C'était un monde impitoyable où la cruauté régnait en maître.

Aïssatou se demanda où Amsatou serait aujourd'hui si elle n'était pas tombée sur elle ce jour-là. Une chose était sûre, sa situation aurait été bien différente. Il n'était pas étonnant qu'elle se sente dépourvue de foyer. Sa déclaration était on ne peut plus juste.

Soukeyna prit la parole, les yeux remplis de tristesse et de colère, prenant main tremblante de Amsatou dans la sienne, cherchant à lui apporter un peu de réconfort et de soutien. "Ma chère Amsatou, personne ne devrait jamais être victime d'une telle injustice. Nous sommes là pour toi, pour t'épauler et t'aider à traverser cette épreuve. Tu n'es pas seule dans cette lutte contre l'adversité. Nous ne sommes peut-être pas aussi fortunés que les gens d'où tu viens, mais sois assurée que tu trouveras une famille ici. Reste aussi longtemps que tu le souhaites, fais en sorte de t'installer et de te sentir chez toi. Tu dois être forte et vivre ta vie pour toi-même, sans te soucier du regard malveillant des autres. Le meilleur est à venir, ma chère. S'il te plaît, ne laisse pas leur méchanceté te toucher", dit-elle avec douceur et empathie.

Mariée Au Président Où les histoires vivent. Découvrez maintenant