Chapitre 8

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Iléana Evans - Vendredi 1er septembre 2023 – Monza.

Je me tiens sous la douche, l'eau chaude coulant sur ma peau comme une tentative désespérée de laver la saleté qui s'accroche à moi. Malheureusement, rien ne semble suffire. Rien ne suffit pour me nettoyer de ce que j'ai vécu. À quel moment ma vie a-t-elle pris une tournure aussi chaotique ? Je me souviens encore des jours où tout semblait paisible, où Matthias et moi étions heureux, ou du moins je le pensais. Quand notre relation a-t-elle commencé à s'effriter au point de devenir un enfer ? Je frotte mon corps avec une telle force que ma peau rougit. Elle me brûle mais je persiste toute de même, comme si... Comme si d'un simple gant de toilette je pouvais effacer les traces de la nuit précédente. Comme si en frottant mon corps, les marques de la trahison et de l'abus s'effaceraient. Mais peu importe combien je frotte, rien ne semble suffire. Les images de l'agression reviennent en boucle dans mon esprit, inéluctables et implacables. Je revois Matthias, son visage déformé par la rage, ses mains brutales sur moi. La douleur physique n'est rien comparée à l'humiliation et à la peur qu'il m'a infligées. Ses souvenir encore frai de l'agression défilent en boucle dans mon esprit. Je continue de frotter, comme si je pouvais effacer sa voix de ma tête.

- Je ferai de ta vie un enfer si tu oses parler de ce qui s'est passé, m'avait-il dit

Chaque mot résonnant comme une menace mortelle. Ces paroles résonnent encore, me hantent, me paralysent. Comment ai-je pu en arriver là ? Comment ai-je pu laisser ma vie et mon bonheur être détruits par celui qui prétendait m'aimer ? Finalement, je sors de la douche, épuisée et brisée. J'enroule une serviette à l'effigie de l'hôtel autour de mon corps meurtri, me sentant plus vulnérable et exposée que jamais. Je regarde mon reflet dans le miroir embué, cherchant des réponses dans mes propres yeux, mais je ne trouve que douleur et désespoir. Ma vie est un cauchemar dont je ne vois pas la fin, et je ne sais plus comment m'en sortir. Je me rends compte que, malgré toute l'intensité avec laquelle j'ai frotté ma peau, les marques restent. Elles sont là, partout. Mon corps, au-delà des zones trop rouges à force d'avoir frotté, est également parsemé de taches bleues, vertes, violettes. Un véritable arc-en-ciel de couleurs sombres sur ma peau si pâle. Je blêmis davantage en me regardant dans le miroir. Chaque tache raconte une histoire de douleur, chaque couleur est un souvenir de la violence que j'ai subie. Les mots de Matthias résonnent dans ma tête, menaçants et terrifiants.

- Personne ne doit savoir, personne ne doit voir. Sinon, je n'hésiterai pas à recommencer. Sa voix s'infiltre dans mon esprit, me rappelant ma place, m'assurant qu'il n'y a pas d'échappatoire.

Mon cœur se serre à cette pensée, mais je ne peux pas laisser les autres voir ces marques. Je dois cacher cette réalité, faire semblant que tout va bien, au moins pour éviter plus de souffrance. Je me tourne vers le miroir, déterminée à dissimuler ces traces de mon calvaire. J'attrape un fond de teint et commence à l'appliquer sur ma peau meurtrie, mais les marques sont profondes et difficiles à masquer. Je m'acharne, couche après couche, jusqu'à ce que les couleurs disparaissent sous une façade de normalité.

- Personne ne doit voir, me répété-je, comme un mantra.

Je dois jouer le jeu, prétendre que tout est sous contrôle. Mais au fond de moi, je sais que je suis en train de m'effondrer, de me perdre un peu plus chaque jour. Je me regarde dans le miroir, maintenant maquillée et apparemment intacte, mais je vois les fissures dans mon masque, celles que personne d'autre ne peut voir. Avec un soupir résigné, je m'habille, enfilant des vêtements qui couvrent les parties les plus touchées de mon corps. Je ne peux pas me permettre de montrer la moindre faiblesse. Matthias est là, le loup rôde, prêt à recommencer s'il sent que je ne suis pas en mesure de donner le change. Prêt à me rappeler ou se trouve ma place. Je dois survivre, du moins pour l'instant, jusqu'à ce que je trouve une sortie de ce cauchemar tant est qu'il puisse il y en avoir une. Je sors de la salle de bain, chaque pas résonnant comme un coup de marteau dans mon esprit. Matthias m'attend, assis sur le lit, son visage fermé et dur. Dès qu'il entend le verrou de la salle de bain s'ouvrir, il se lève, une ombre de menace dans son regard.

Silence brisé - Lando NorrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant