Chapitre 19 : Fuir pour survivre PARTIE 1

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Quand notre maître apprendra la nouvelle, sa colère sera terrible. Nous avons failli à notre tâche : nous nous sommes laissés berner par un Bâtard d'argent et son chien de garde. Jamais il ne nous pardonnera ! Il nous tuera, jusqu'au dernier ! Après, il retrouvera sa Louve, ainsi que ses deux sauveurs. Alors, sa rage égalera celle du grand Morwenn...

                                  Fenrir, Loup-garou, Lieutenant d'Arkivas de Morwenn


« Aurora ! Aurora, tu m'entends ? Je t'en supplie, réveille-toi ! »

Sylvène écarta les mèches de cheveux trempés qui collaient au visage de sa sœur et dégagea sa bouche et son nez.

« Aurora ! »

Fébrilement, il chercha son pouls, ne le trouva pas, joignit aussitôt ses mains, les posa sur sa poitrine et appuya une fois, deux fois. Il colla ses lèvres contre les siennes et lui insuffla une longue expiration.

« Aurora ! Reviens ! Par Guilhem, reviens ! »

Sylvène recommença plusieurs fois l'opération, guettant avec une inquiétude grandissante un mouvement, un signe de vie. Sans résultat. Les larmes lui montèrent aux yeux. Non ! Elle ne pouvait pas lui faire ça ! Pas maintenant ! Regardant autour de lui, à la recherche d'aide, le Général analysa son environnement. Mais il n'y avait rien ni personne et les eaux du lac n'étaient troublées que par le vent qui y jouait avec le reflet de la lune. La lune... 

Mû par une inspiration subite, Sylvène attrapa le bras de sa sœur, lui arracha le bandage qu'elle portait encore et plaça son poignet blessé sous la lumière lunaire. Il ôta ensuite le tissu gorgé d'eau et de sang qui recouvrait sa propre blessure et plaça son bras au-dessus de la tête de sa sœur. Il n'eut pas longtemps à attendre avant de voir les premières gouttes de son sang tomber dans sa bouche entrouverte.

Le résultat fut immédiat. Aurora ouvrit brusquement ses yeux jaunes et poussa un sourd grondement animal. Ses bras se tendirent, ses griffes fouettèrent l'air. Sylvène se jeta en arrière juste à temps. La seconde d'après, le grondement se muait en gémissement de bête blessé et le corps d'Aurora retombait mollement sur le sol. Son frère se porta aussitôt à son chevet. Elle avait toujours les yeux ouverts, le regard fixé sur les étoiles.

« Ça va aller, lui murmura Sylvène avec soulagement, ça va aller... »

Péniblement, il souleva son bras blessé et le repositionna au-dessus de sa bouche. De nouveau le sang coula.

« Ça va aller... »

Aurora se laissa nourrir durant quelques secondes, puis, sortant de son immobilité, elle tourna la tête et prit conscience de la présence de son frère. Une lueur passa dans son regard.

« Sylvène... »

Sa voix était si faible que le Protecteur n'était pas sûr que ce soit son prénom.

« Je suis là ! Je ne t'ai pas abandonnée.

-Ne le laisse pas... me reprendre encore... Ne le laisse pas... »

Sylvène sentit son rythme cardiaque s'accélérer.

« Encore ? Tu le connaissais ? Tu connaissais le fils de putain qui t'a torturée ? »

Aurora ne répondit pas et se remit à contempler le ciel. Il s'aperçut qu'elle pleurait. Bouleversé, il la serra contre lui.

« Je te promets que je ne le laisserai plus jamais te reprendre, plus jamais ! »

Tremblant, Sylvène refit son garrot au niveau de son coude et se releva. Il était blessé, trempé et couvert de boue, mais il était vivant. Ils étaient vivants tous les deux. Plus rien n'avait d'importance. Prenant sa sœur dans ses bras, il s'éloigna du lac aussi vite que le lui permettait son corps en souffrance. Son esprit était en ébullition, sautant d'un événement à l'autre, l'empêchant de penser correctement. 

AMBRÛME : Le sang des TrémelNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ