Chapitre IX : Romae nocte (II)

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Le ciel s'était orné de ses habits zinzolin, se marbrant, parfois, de dorés et orangés. Derrière les rideaux blancs teintés d'un rose doré, Aurore entendait le sable crisper sous des sandales.

Les murmures des voix bourdonnèrent autour d'elle, comme des essaims d'abeilles. Elle n'y prêtait aucune attention. Elle ne prêtait pas attention, non plus, aux babillages intempestifs de sa cousine, accoudée sur un coussin pourpre et or.

Délicatement, la jeune femme blonde souleva le pan du voile. Sous ses yeux, se dessinait une immense villa éclairée par des milliers de lanternes. Les lumières chancelèrent au rythme de la douce brise, annonçant une soirée fraîche.

Bercée par le lent balancement de sa litière, elle caressa son bracelet d'or. Une tempête de questions dansait dans son esprit. Cependant, une seule phrase revenait en boucle suivi d'un ricanement.

Rome est impitoyable.

« Aurie ?! Aurore ! »

Dans un léger soupir, la belle Romaine s'arracha à ses pensées. Elle tourna son regard vert d'eau vers son interlocutrice. Celle-ci était particulièrement sublime dans sa robe émeraude aux jupons vaporeux. Ses cheveux attachés sous forme de couronne mettaient en valeur son visage anguleux.

******

Après tout, tout est une occasion pour trouver son futur mari influent, même le banquet d'adieu d'un sénateur aussi bon que Gnaeus, lui avait-elle confié plus tôt lorsqu'elles se préparaient.

Sous le choc, Aurore avait déposé son miroir et se tournât surprise vers sa cousine.

« Helena ...

- Argh ! Je t'en prie, Aurore, l'interrompit sa cousine agacée. Ne sois pas si naïve, veux-tu.»

Helena s'était avancée et replaça une mèche blonde derrière l'oreille d'Aurore comme si elle était une petite enfante.

« Je ne suis pas si cruelle, continua-t-elle en roulant les yeux. Je sais que tu reviens à peine de Rome mais penses-tu que je suis la seule à chercher à consoler ce si triste Artus ? Pourquoi allons-nous à cette réception ? »

Médusée, Aurore fronça les sourcils.

« Pour soutenir notre ami, déclara-t-elle.

« Soutenir ?! s'en amusa Helena. Je n'te savais pas si ingénue, Aurore.

Puis sa cousine reprit avec sérieux.

« Le père d'Artus était un sénateur. À qui reviendra cette charge, selon toi ?

- À Artus... Ce qui fait de lui, l'un...., s'horrifia Aurore.

- ...des meilleurs partis de Rome, termina Helena narquoisement. Sans compter sa proximité avec Julius. Allons, Aurore ! s'exclama-t-elle devant une Aurore blême. Ne ruine pas ton joli visage avec cette grimace. Rome est impitoyable. Elle l'a toujours été, avertit-elle en pinçant les joues d'Aurore, ce qui leur conféraient une jolie rosée. Ah voilà ! Maintenant, tu es parfaite ! Après tout, nous n'avons pas, toutes, ta chance.

Une esclave se présenta sur le seuil la chambre et s'inclina.

« Votre Grand-père vous attend.

« Allons-y ! Tu sais combien il adore attendre ! »

Sa cousine s'éloignât en ondulant ses hanches. Le bas de sa robe émeraude serpentait au sol.

Déboussolée, Aurore la suivit en esquissant un vague merci à ses deux esclaves.

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« M'écoutes-tu au moins ? » claqua sa cousine ramenant Aurore pensive au moment présent.

La légère secousse de litière les interrompit pour le plus grand plaisir d'Aurore. Cette dernière avait dû s'échapper d'un commérage ou bien, d'une des nombreuses mises en garde de sa cousine sur les étiquettes.

Un des esclaves aida Aurore à sortir de la litière qu'elle remercia d'un léger signe de main. La nuit était douce. D'un pas rapide, la belle jeune femme se dirigea vers son grand-père élégamment vêtu de sa tunique et toge pourpre. Il l'attendait une main posée sur son ventre.

Son grand-père était le portrait craché de son père avec une belle barbe blanche et quelques centimètres de tour de ventre en plus. C'était à ces instants que son père lui manquait. Elle réprima sa tristesse et afficha un sourire d'apparat.

« Tu es ravissante, Aurore. Je crains que tu ne fasses encore tourner des têtes, ce soir.

La jeune femme l'embrassa rapidement sur la joue rebondie lui arrachant un doux sourire.

« Oh, dire que vous n'avez pas vu, Helena ! Elle est somptueuse, s'enthousiasma Aurore en passant son bras sous celui de son grand-père.

- Comment vais-je réussir protéger mes prunelles de Rome ? soupira-t-il.

- Il ne fallait pas être aussi charmant, Grand-père, taquina Aurore.

Elle sentit le tressautement du rire de son grand-père, ravi.

« De toute manière, vous êtes à tout jamais le premier dans mon cœur. poursuivit-elle d'un air facétieux.

- Et vous, Grand-père, quelle est la première dans votre cœur ? s'enquit Helena en battant des cils.

- C'est à nous d'éblouir Rome, esquiva-t-il en apercevant les esclaves s'approcher d'eux.

Ainsi, tous les trois montèrent les marches de la villa. Ils y pénétrèrent sous les sons des cors et le regard impérieux de quelques corbeaux.

*** ***

Un chapitre court qui j'espère Que vous aura plus !

Que pensez-vous Helena ? Et d'Aurore ?  De leur relation ?

J'adore développer les relations entre les personnes.

L' Esclave de RomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant