Chapitre 1

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As-Salam Aleykoum Wa Rahmatoullah Wa Barakatouh

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Décembre 2023, Lycée ******* *******, salle de permanence

Comme tous les mercredis, entre 10:35 et 11:30, mon emploi du temps m'accordait une heure de libre. D'après les règles strictes établies par le lycée privé dans lequel je suis scolarisée, je pouvais la passer soit au CDI, soit en salle de permanence.

Ce mercredi-là, avec mon groupe de potes, on avait décidé de rester en perm pour finaliser un croquis de géographie à rendre pour l'heure suivante.

La salle de permanence était aménagée en 9 îlots de tables de 4 places, alignées en rang de trois. Assis à six autour d'un même îlot, nous hésitions sur la réalisation d'une consigne. Tatiana et moi avions alors décidé d'aller voir Juliette, une fille de notre classe avec qui nous étions potes, qui était tranquillement installée sur un îlot à l'opposé de nous, son casque sur les oreilles ; peut être pourrait elle nous guider.

On s'est donc dirigé vers elle, et je lui fis part de nos interrogations. A sa table, en face d'elle, un gars était avachi et faisait tourner son stylo dans sa main droite, un polycopié froissé et une feuille vierge en face de lui : il était collé. Son visage m'était vaguement familier. Durant tout le long de la conversation que je tenais avec Juliette et Tatiana, je sentais son regard sur moi. Intriguée, je lui jetai quelques coups d'œil : il était beau. Ses yeux étaient d'un marron très sombre, son teint hâlé. Ses traits étaient durs, ses sourcils épais froncés.

Il était beau et son regard me déstabilisait. Il me fixait ouvertement et je souriais de cette marque d'intérêt qu'il me portait.

Juliette étant aussi perdue que nous concernant le croquis, Tatiana et moi sommes retournées là où nous étions assises avant. Toutefois, en passant à côté de lui, je lui jetai encore un regard. Ne m'ayant toujours pas quitté des yeux, je croisai à nouveau le sien et mon cœur se contracta subitement.

Je passais le reste de l'heure à finir mon devoir. Lorsque la sonnerie retentit, je suivai mes potes hors de la perm et tandis que je passai la porte de la salle, je dirigeai une dernière fois les yeux vers lui.

Il me regardait toujours.


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8 mars 2024, Lycée ******* *******, hall, 15:17

QUOI ?

J'étais au milieu du hall de mon lycée, la main appuyée sur une des portes donnant sur la cour où se trouvait la grille. Finissant à 15:15, je m'apprêtais à quitter l'établissement quand la sonnerie de mon téléphone avait retentit. Je m'étais alors retournée, puis appuyée contre la porte.

A ma gauche, se trouvait l'escalier principal et collé à lui, le seul ascenseur du lycée. A ma droite, il y avait la vie scolaire et le bureau de la CPE ; face à moi, la salle de perm. Quelques mètres au-dessus de ma tête, une rambarde appartenant à un couloir du premier étage donnait sur le hall.

Une main sur l'oreille gauche, l'autre pressant mon téléphone contre mon oreille droite, j'essayais de comprendre ce que me racontait Ayten. Exaspérée - je n'entendais rien à cause du bruit sourd produit par les discussions animées des élèves en récré - je lâchais un cri énervé. Le niveau sonore de ma voix se révéla largement supérieur à ce que je pensais ; plusieurs têtes s'étaient tournées dans ma direction. Je parcourrai le hall des yeux, les levai notamment vers la rambarde, et les baissai immédiatement. Mon ventre se crispa violemment et mon cœur cogna dans ma poitrine : je venais de croiser le regard de celui qui m'ignorait depuis plusieurs jours.

JawaherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant