7. Les mots de mon âme

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🎶 Musique conseillée : The Night We Met - Lord Huron

La musique peut être écoutée en boucle tout le chapitre, mais j'ai quand même mis un petit emoji 🎶 pour le moment le plus « important »

Svp posez vous pour lire ça 🥹

Bonne lecture mes stars 🫶🏻
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Jordan lança sa valise dans le coffre du SUV avec une hâte désespérée et monta rapidement à l'arrière, son visage fermé, visiblement irrité.

« Vous êtes en retard, Victor ! J'ai un avion à prendre ! »

Victor le regarda dans le rétroviseur, sans dire un mot, puis détourna les yeux pour fixer la route devant lui. Il démarra la voiture en direction de l'aéroport, le silence pesant entre eux.

Jordan sentit une vague de culpabilité l'envahir. Il avait employé un ton réprobateur sans vraiment le vouloir.

« Excusez-moi, Victor... » dit-il, sa voix empreinte d'une sincère touche d'excuse.

Malgré la soirée passée à sourire aux caméras pour célébrer la victoire de son parti au premier tour des législatives, il ne pouvait s'empêcher de bouillonner intérieurement : Gabriel n'avait toujours pas répondu à son message. Toute la journée, il avait ressenti une lourdeur au cœur, comme si une lame y avait été plantée et jamais retirée. Il avait cessé de compter le nombre de fois où il avait actualisé leur conversation, espérant à chaque fois que le silence de Gabriel était dû à un bug. Mais à chaque fois, la déception grandissait en lui. Gabriel ne voulait pas lui parler. Peut-être qu'il s'était lassé de ce jeu stupide ? Peut-être était-il réellement passé à autre chose ? Peut-être avait-il simplement été dégoûté du visage que Jordan lui avait dévoilé la veille ?

Toutes ces questions se mélangeaient dans son esprit, tourbillonnant au rythme des lumières du périphérique parisien qui défilaient devant lui. Ces lumières éclairaient par intermittence son visage gris, révélant les traits d'un homme triste, rongé par la culpabilité et hanté par une profonde tristesse.

Jordan fixait les lampadaires et les phares des voitures qui défilaient autour de lui. En arrière-plan, il apercevait les lueurs diffuses de la vie nocturne parisienne. Il avait l'impression que toutes ces lumières tourbillonnaient autour de lui sans jamais réussir à l'atteindre. Il se sentait piégé dans ce tourbillon infernal, prisonnier de son chagrin, comme s'il n'allait plus jamais pouvoir atteindre ces lumières. Chaque kilomètre qui le séparait du centre-ville semblait l'éloigner définitivement de Gabriel. Il sentait son cœur se déchirer un peu plus à chaque souffle, à chaque battement de son cœur meurtri. Pourtant, il s'était promis de respecter la décision de Gabriel.

Dans l'obscurité, il se rappela la promesse qu'il s'était faite en rentrant du loft : même s'il ne pouvait pas avouer ses sentiments, il ferait tout pour veiller sur Gabriel. Il avait échoué sur tous les plans : il n'avait pas su taire ses sentiments et il avait de surcroît provoqué la destruction de l'homme qu'il aimait. Tout était allé si vite... ou peut-être pas tant que cela finalement...

Il se rappela leur première discussion, qui avait eu lieu par hasard alors qu'ils s'étaient croisés dans un avion. Quelle ironie. Jordan se rappela avoir d'abord été réticent à l'idée de partager ce vol avec son principal opposant, mais finalement, le dialogue s'était imposé très naturellement. Jordan avait été impressionné par la facilité avec laquelle ils avaient pu discuter, au-delà des barrières de leurs partis.

Peu de temps après, de nombreux débats pour les législatives de 2022 les avaient réunis sur les plateaux de télévision. Jordan se souvenait de la fluidité de leurs échanges. Leurs débats semblaient naturels et légers. Jordan se rappela avoir ressenti cette sensation de légèreté pour la première fois de sa vie. Rapidement, ils étaient devenus presque amis. Ils échangeaient énormément, pariaient même sur les résultats des élections. En y repensant, c'est peut-être à ce moment-là que Jordan était tombé amoureux de lui. Mais les manigances politiques du quotidien avaient finalement séparé leurs chemins, et de toute façon, il n'aurait jamais eu la force d'assumer ses sentiments à cette période. Et maintenant, tout était fini.

À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant