13. Enchaîné

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Musiques conseillées : Monsters - RuelleCrawling - Linkin Park

Bonne lecture !

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Gabriel était affalé dans son fauteuil, ses yeux rivés sur la masse de dossiers qui l'assaillait depuis les premières lueurs de l'aube. Pas une seule fois, il n'avait levé le regard de cette montagne de paperasse, une mer de documents qui semblaient vouloir l'engloutir. La fatigue pesait lourdement sur ses paupières, son esprit, épuisé, se délitait peu à peu, incapable de maintenir la moindre concentration. Les échos de sa dispute avec Stéphane résonnaient encore dans sa tête, comme les spectres de démons trop longtemps refoulés, qui surgissaient des profondeurs de son être. Il revoyait, encore et encore, le mal qu'il avait infligé à Stéphane. D'abord, il avait brusquement interrompu leurs échanges par SMS dès sa première nuit à Lyon, puis le lendemain, il avait cyniquement exploité les sentiments évidents de Stéphane pour provoquer Jordan, et finalement, il avait couché avec lui dans un acte de pure vengeance. Ses actions immorales résonnaient dans son esprit dans un tourbillon de culpabilité et de regrets.

Mais le plus troublant, c'était qu'au fond de lui, une part obscure de son âme n'éprouvait aucun remords. Une petite parcelle sombre de son existence, si longtemps dissimulée derrière une façade irréprochable, se complaisait dans ce sentiment d'interdit que toutes ses actions lui avaient provoqué. Et c'était avec Jordan que toute cette exaltation, ce frisson d'immoralité, prenait vie.

Pendant des années, Gabriel avait soigneusement cultivé l'image d'un homme lisse, impeccable, où sa gentillesse étouffait toute émotion conflictuelle. Et cette image n'était pas entièrement fausse. Gabriel était réellement bon, attentionné, doté d'un cœur immense. Il aimait les plaisirs simples de la vie, les petits bonheurs discrets du quotidien.

Mais malgré tout, une autre partie de son âme se nourrissait des sensations enivrantes que lui procuraient la manipulation, la provocation, l'interdit, et par-dessus tout, le pouvoir.

C'était cela, le plus enivrant.

Un pouvoir qui s'insinuait dans chaque recoin de sa vie, personnelle comme professionnelle, et dont l'emprise le captivait. Gabriel n'osait certainement pas se l'avouer pleinement, mais il aimait ce pouvoir. Il en avait soif, il en était avide. Ce pouvoir lui offrait une lumière éclatante dans laquelle il aimait briller, un reflet où il voyait son image magnifiée par l'admiration des autres. Mais plus que l'admiration, il savourait cette crainte subtile, presque imperceptible, qu'il suscitait chez ceux qui l'entouraient. Il s'enivrait de ce mélange envoûtant d'adulation et de peur, cette dualité qui lui donnait l'impression de dominer le monde.

Gabriel avait refoulé cette avidité, ce désir dévorant, sous une image si impeccablement travaillée qu'elle semblait être le fruit d'une vie entière de contrôle. Il avait enfoui ses défauts sous cette façade de perfection, mais au fil du temps, ce refoulement l'avait mené vers d'autres addictions, des échappatoires qui comblaient provisoirement le vide laissé par ce pouvoir qu'il refusait de s'accorder.

Pourtant, avec Jordan, tout changeait. C'est comme si toute cette avidité semblait exploser en lui, sans honte.

Avec lui, Gabriel pouvait enfin être complet, se montrer tel qu'il était vraiment : l'homme tendre et attentionné, mais aussi l'être avide de domination et de puissance. Cette relation lui offrait un équilibre troublant entre douceur et force, entre vulnérabilité et pouvoir absolu. Avec Jordan, il n'avait plus besoin de se cacher derrière un masque ; il pouvait exister dans toute sa complexité, embrassant pleinement cette soif insatiable de contrôle qui le définissait autant que son apparente bienveillance.

[Bardella x Attal] À leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant