Enora
2 semaines plus tard :
Je fixe l'horloge accrochée au mur. 2h46.
Mon cœur rate un battement quand je réalise. Le 25 janvier.
Mon anniversaire.
Je déteste cette journée. Je la hais, en fait. Chaque année, elle revient comme un rappel cruel, une claque au visage. Une journée où, au lieu de célébrer quoi que ce soit, je me noie dans des souvenirs que je préférerais oublier. Je détourne les yeux de l'horloge, comme si ne pas la regarder pouvait effacer ce qu'elle représente. Mais la vérité, c'est que ça ne change rien. Rien n'efface ce jour. Ça fait maintenant plusieurs jours que je n'arrive pas à trouver sommeil, les révélations d'Aiden m'empêchent de dormir. Je n'arrête pas de repenser à ses paroles, à la confiance qu'il a envers moi et sa déclaration..
Je soupire, essayant de repousser cette boule de douleur qui monte lentement dans ma gorge. Mes yeux glissent vers le corps d'Aiden, allongé à côté de moi, profondément endormi. Depuis l'incident, il veut toujours dormir avec moi. Rien de plus, juste dormir. Une sorte de routine s'est installée entre nous depuis. Comme si, à défaut de tout régler, partager cet espace suffisait à soigner les plaies.
Il paraît si calme quand il dort. Ses traits, habituellement durs et marqués par la colère, se détendent. Je baisse les yeux et fixe ses bandages visibles sous la lumière tamisée de la lune s'infiltrant par la fenetre. Owen a finalement réussi à le convaincre de se reposer. Il est épuisé, physiquement et mentalement. Ses blessures ne sont pas anodines, et il a besoin de temps pour guérir complètement. Pourtant il voulait tout de même confronter ceux qui ont fait ça.
Pourtant, même s'il est cloué au repos, il ne s'arrête pas. Il passe ses journées à alterner entre dormir et des appels répétés au numéro de sa sœur. Toujours ce même numéro. Il sait qu'elle ne répondra pas, qu'elle ne peut pas répondre. Mais il continue. Chaque fois qu'il écoute cette messagerie me fait mal. C'est comme si, à chaque tentative, il espérait un miracle qui n'arrive jamais. Et moi, je suis là, impuissante, à le regarder s'enfoncer un peu plus dans cette douleur qui me serre le cœur. Je m'allonge à nouveau à côté de lui, en silence, et fixe le plafond. J'aimerais lui dire qu'il n'est pas seul, qu'il n'a pas à porter tout ça tout seul. Mais les mots restent coincés dans ma gorge, comme cette boule d'angoisse qui ne veut pas partir depuis ses aveux sur la clé USB. Alors je reste là, près de lui, espérant que, d'une manière ou d'une autre, ma présence suffira à alléger un peu son fardeau.
- Je suis fatiguée, murmuré-je pour moi-même en me redressant doucement.
J'attrape mon téléphone posé sur la table de chevet, puis mes écouteurs qui traînent juste à côté. J'ai besoin de respirer, de me libérer de cette atmosphère lourde qui pèse sur mes épaules et de prendre l'air.
Je me lève en essayant de ne pas faire de bruit, mes pieds frôlant à peine le sol. La respiration lente d'Aiden m'accompagne jusqu'à la porte. Je m'arrête un instant, le regardant une dernière fois. Il est toujours endormi, ses sourcils légèrement froncés même dans le sommeil. Je détourne les yeux et quitte la pièce en silence, refermant doucement la porte derrière moi.
Je glisse mes écouteurs dans mes oreilles et lance ma playlist, espérant noyer un peu le chaos dans ma tête. J'attrape mon pull et l'enfile puis enroule mon écharpe autour de mon cou. J'enfile doucement mes chaussures, j'ouvre la porte d'entrée et sors dans le couloir. L'air frais me frappe légèrement lorsque je descends les escaliers menant à l'extérieur. La nuit est tranquille, presque déserte. Les rues sont éclairées par la lumière tamisée des lampadaires, et je me sens un peu plus légère en respirant profondément.

ČTEŠ
ESMERALDA ⎜1 & 2
RomanceElle pensait être enfin libre, enfin heureuse. Elle avait quitté le monde dangereux auquel elle avait grandi pour mener une vie paisible loin de son père, mais au lieu de ça elle s'est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Elle avait essay...