Pastabox 3 - Poignes et poignets

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Pastabox 3 — Poignes et poignets

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Je poussai un juron en recevant la note de 11 à mon contrôle de latin. Mon soupir s'entendit partout dans la salle et je déposai ma tête entre mes bras. C'était une note passable pour mes heures de révision. J'avais beaucoup plus d'habitude, et ce n'était pas un 11 qui allait me permettre de ne pas passer Noël avec la famille du mari de ma sœur Hélène.

D'apparence, j'eus toujours l'air d'être fils unique. Depuis que mes parents avaient divorcé dix ans plutôt et que ma sœur avait décidé d'aller vivre chez mon père, sa présence dans la famille du côté de ma mère et du quartier était passé aux oubliettes. J'étais Charlie, le fils chiant de la directrice. Pas Charlie, le petit-frère d'Hélène.

Puis Hélène avait vingt-quatre ans et s'était marié avec un jeune homme à Sciences Po. Tous les deux restaient très actifs dans leur partie de droite et c'était tant mieux pour eux. Mais de mon point de vue, manger avec eux, en préférant la gauche, était une corvée. Surtout en temps de fêtes.

- Hé Pastabox ! T'as combien ? chuchota une voix derrière moi.

Je me retournai et vis quelques rangs plus loin, Amalia, la fille qui m'avait donné le hoquet pendant toute la première partie du cours à cause de sa claque. Je la garderais longtemps en mémoire cette fameuse baffe.

Je relevai ma copie et lui permis ainsi de voir mon vieux 11 que j'aurais préféré effacer de ma mémoire. Je n'étais pas un intello mais m'en sortais assez bien d'habitude, recevant des 14 et des 15 dans cette matière qui devait sauver ma mention au BAC. Ce 11 me décevait, je pouvais faire mieux. Et d'après moi, le sentiment amer de ne pas avoir une note ou un résultat à l'image de notre potentiel était particulièrement frustrant.

- Bof, mate moi mon 17, dit-elle surexcitée avant de montrer sa copie.

Je ris en voyant le « 1 » qu'elle avait ajouté devant son « 7 » et hésitai à lui avouer que c'était cramé. Le 1 était beaucoup plus fin et grand que l'autre chiffre écrit. L'écriture était différente et même la couleur du stylo rouge d'Amalia était plus claire que celle du stylo du professeur.

- Avoue que je gère, ordonna-t-elle en rigolant et en marmonnant d'autres murmures incompréhensibles.

Je notai son effort pour lancer une conversation. Cette fille était imprévisible.

Pour lui faire plaisir, je lui montrai deux pouces en l'air avec un sourire timide.



Lorsque la cloche sonna, notre professeur de latin nous dicta quelques devoirs à noter que je griffonnai sur mon agenda avant de me relever pour enfin sortir de ce cours de l'enfer. Bien sûr, tous les regards se tournèrent vers moi et mon pantalon, trouvant cela louche. Juste après, ils se tournèrent vers Amalia et les élèves trouvèrent cela soudainement beaucoup plus normal.

Alors que je m'apprêtais à m'engager dans un couloir pour aller dormir au Labo 2 en cours d'SVT, on m'attrapa violemment par le poignet pour m'isoler du reste des autres lycéens. Une Myriane furibonde me fit face et je poussai un soupir en voyant son regard méprisant.

- Tu peux me dire pourquoi tu es assorti à Amalia Yan ? demanda-t-elle en lançant un regard mauvais à Amalia qui était juste derrière nous, près du couloir B discutant avec un groupe de personnes qui m'étaient inconnues.

- Hum... C'est assez long à expliquer... avouai-je en rigolant pour apaiser l'atmosphère.

- Ne me dis pas que tu traînes avec cette pimbêche ! lança-t-elle assez fort pour qu'Amalia l'entende et se retourne vers nous.

Cinderella's coachOù les histoires vivent. Découvrez maintenant