A cœur ouvert

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Le soleil était rayonnant depuis plusieurs heures déjà et puisque le dimanche est le jour de repos pour tous, le calme arpentait les couloirs ou sifflotait doucement aux oreilles des quelques courageux qui s'étaient levés. Dont Miuna, assise seule à une table au fond de la pièce, elle buvait tranquillement son café tout en dégustant quelques biscottes. Elle n'avait pas beaucoup dormi cette nuit et espérait donc qu'un café bien corsé pourrait la garder éveillée toute la journée. Miuna s'en resservit une tasse tout en observant l'extérieur l'esprit ailleurs, mais soudain une tête blonde passa devant la grande porte du salon ouverte et s'avança jusqu'à elle quand il l'eut aperçu. C'était Jeff tenant à la main le dossier d'inscription qu'elle avait apporté à l'accueil du dortoir il y avait une heure de cela. Il la salua et s'assit face à elle. Miuna bu une gorgée du breuvage et posa sa tasse avant de le fixer les yeux noisette du professeur en train de bailler.

Jeff n'arrivait toujours pas à soutenir le regard de Miuna sans éprouver une certaine gêne mêlée à de la méfiance. Après tout, elle avait mis deux hommes imposants hors d'état de nuire devant lui, elle avait fait ça sans ciller, sans broncher, comme si cela étai naturel. Par ailleurs, les humeurs de la jeune fille étaient doués d'une placidité inattendue. Futilement, il la craignait, mais avec raison il préférait rester sur ses gardes.

Un prédateur observe toujours sa proie avant de l'attaquer, mais dans le cas présent, suis-je le lion ou la gazelle?

Jeff sourit et se passa une main dans les cheveux en pagailles avant d'entamer la conversation.

-"Comment peux-tu boire du café avec une chaleur pareille ?"

-"Boire quelque chose de chaud quand il fait chaud peut vous aider à avoir moins chaud, rectifia-t-elle, mais bon, je suppose que vous n'êtes pas ici pour me faire la morale sur ma consommation de café. Les fonctionnaires ne sont-ils pas de repos le dimanche ?"

-"Sachez que les jours de repos n'existent pas pour nous autres, pauvres enseignants, se plaint-il avec légèreté. Je suis venu récupérer le courrier hebdomadaire et j'ai aperçu ton dossier. Pourquoi n'as-tu pas indiqué ta date et ton lieux de naissance ?"

-"Je vais vous la faire courte, soupira-t-elle en croquant dans une biscotte, j'ai été retrouvé abandonnée dans une gare alors que j'étais encore nourrisson. Mes parents adoptifs n'ont pas plus d'informations que celles que je vous ai fournies."

-"Oh, je suis désolé, c'était indélicat."

L'enseignant se sentait mal à l'aise d'avoir ravivé de douloureux souvenirs. Néanmoins, il était encore plus décontenançait par la nonchalance avec laquelle Miuna lui avait répondu. Elle avait été froide sans être agressive, elle ne l'avait pas quitté des yeux et pourtant elle semblait regarder ailleurs. Autant de paradoxes qui ne l'aidaient pas à comprendre un tant soit peu la jeune fille.

Miuna répondit d'un doux sourire :

-"Pourquoi vous excusez-vous ? J'ai eu la chance d'être élevée par des gens biens."

-"Je vois. Le dossier est complet dans ce cas. On se voit demain en classe."

Miuna observa l'enseignant s'en aller et tout en finissant son café, elle repensa amusée à l'expression faciale qu'il avait affichée lors de sa réponse.

Heureusement, il ne connaît pas toute l'histoire. Ce pauvre Jeff est trop sensible. 

Celui-ci même étant partit remettre le dossier au directeur de l'académie qui avait explicitement demandé qu'il puisse s'en occuper personnellement dès que possible. Depuis l'arrivée de Miuna la direction commençait à se questionner sur sa résistance contre les Algo, créant un vacarme que Jeff pensait inconcevable.

Nous retrouver (en réécriture)Where stories live. Discover now