Chapitre 11

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Un cauchemar! Un horrible cauchemar! C'est ce que je vie en ce moment. Une douleur que je croyais avoir enfouie au plus profond de moi est réapparu subitement.
La mort tragique des parents de Will est aussi douloureuse que celle de mon frère.
Je suis vidée. Doublement accablée par ce tragique événement. Mais je ne dois pas le montrer. Je dois être forte pour Will. Il a besoin de moi. Et pour couronner le tout, ma mère a fait irruption dans l'église pour prendre la parole. Je suis restée bouche bée quand je l'ai vu. Je savais que quelque chose clochait à la signature de mon contrat. J'aurai dû m'en douté! Monsieur Collins et elle étaient amis.
Voilà pourquoi j'ai obtenu ce poste!
La colère m'a envahit quand je l'ai compris.
Grrr... C'est l'évidence même! Et bientôt tout le monde saura que je me suis faite pistonné pour avoir le poste. Quel trahison venant de ma mère! Je croyais qu'elle me faisait confiance, elle m'a déçue. Je sais qu'elle voulait bien faire et je sais aussi que j'aurai refusé son aide, catégoriquement. Moi qui croyait avoir toute les compétences pour pouvoir décrocher un poste toute seule, sans l'aide de personne!
Comment a-t-elle osée me faire ça?!
Demander a son ami de m'embaucher, à mon insu.
Je lui en veux! Je lui en veux! Je lui en veux.
Mais pour l'instant, je n'ai pas le temps d'en discuter avec elle. Je ne veux pas la voir.
Ma priorité, c'est Will. Il est effondré. Il a besoin de moi. Je ne le laisserai pas tombé.
Je ferai du mieux que je peux pour le soutenir, même si cela ravive en moi d'horrible souffrances.

-Où étais-tu? Me demande Lina curieuse.

-Pas très loin, dis-je pour couper court à la conversation.

Elle fronce les sourcils, mais ne dit rien.

-Vous avez une idée de comment ça va ce passer au bureau, nous demande Nick.

-Aucune idée, dit Lina en soupirant.

Comment ça aucune idée?! C'est très claire pour moi. Will est le nouveau patron.

-Ça ce passera comme tout les autres jours, dis-je agacée. Will est le nouveau patron.

Nick et Lina me regarde stupéfait. Quoi qu'est-ce que j'ai dit?!

Ah oui... Merde. Je l'ai appelé Will.

-Je veux dire par là que monsieur Collins prendra la relève. Ce sera dur au début, mais avec notre soutien, il y arrivera. J'en suis persuadée, dis-je pour rattraper mon erreur.

-Oui. Tu as raison, me dit Lina, en soupirant.

J'hausse les épaules. Nick s'en va rejoindre un autre collègue tandis que moi, et bien pour ne pas avoir à subir d'interrogatoire venant de Lina, déjà suspicieuse, je file à ma voiture.

Au cimetière, je reste un peu à l'écart.
Je reste juste assez proche pour qu'on puisse voir ma présence, mais pas trop quand même.
Je suis bouleversé par Will. Il est anéanti.
Des flashs de mon frère me reviennent subitement. Je suis paralysé. Je vais craquer, d'une minute à l'autre. C'est inévitable.
Mon cœur est en émoi, ma vue noyée par un flux de larmes, mes mains sont moites, mes jambes tremblantes, j'ai envie de vomir toutes les tripes de mon corps, j'ai envie de crier, de montrer au monde entier ma colère, ma souffrance, mon désarroi. Le poids de la douleur se comprime dans ma poitrine.
J'ai l'impression d'étouffer. Il faut que je parte.
Je pensais être forte. Je pensais tenir le coup, pour lui, pour Will, mais non. Je ne le suis pas. Pas toute à fait. Je quitte la cérémonie discrètement avant qu'elle ne soit fini. Je pars, je ne sais pas où et peu  importe, je ne veux pas faiblir devant tout ce monde. J'ai besoin de faire le vide dans ma tête, j'ai besoin de ne plus penser à rien. Dans la voiture, j'éclate en sanglot. La carapace que je me suis forgée ces derniers mois se brise petit à petit. La vie est injuste. Injuste! Je roule comme une folle, dépassant toute les limitations de vitesses volontairement, jusqu'à manquer de justesse une collision avec un autre véhicule qui vient à contre sens.
Je suis en colère et ma colère me mène vers un chemin sans issue, un trou noir et profondément triste et douloureux, remplis de haine et d'amertume, qui me fait faire des choses stupides. L'enfer... Putain! Je frêne d'un coup sec quand un chien traverse la route devant moi. Je suis totalement désorientée.
Je me gare sur le bas côté de la route et sors de la voiture. J'ai l'estomac qui tourne. Je vomis. Je déverse le peu de nourriture que j'ai réussi à ingurgité ces deux derniers jours en une fraction de seconde. Après quelques minutes, je reprend enfin mes esprits et remonte dans la voiture. Les heures passent et je n'ai pas bougé. Je suis toujours assise dans la voiture, sur le bas côté de la route, le regard vide, fixant l'horizon inlassablement et l'esprit torturé par cette journée, qui m'a totalement épuisée physiquement mais incontestablement épuisée le plus moralement.

ALL OF YOUWhere stories live. Discover now