Chapitre 6 - L'homme aux bottes de 7 lieues

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Le 20 octobre, un homme qui réparait son vélo dans un local donnant sur une cour intérieure, près du centre de Lyon, assista à un drôle de manège :

Une fillette était dans la cour, tenant en laisse un petit chien.

Un type arriva de la rue et, ignorant que quelqu'un était dans le local à vélos, accosta la gamine en lui disant que son petit chien était beau, lui demandant son nom, la race...

La fillette semblait méfiante : on avait dû lui faire la morale. Mais l'inconnu finit par lui dire que le chien aurait beaucoup plus de place pour se promener à l'extérieur de la cour et, comme elle ne voulait pas l'y suivre, il la saisit par une manche.

L'homme du local à vélos sortit alors et l'inconnu, se voyant surpris, s'enfuit à toutes jambes dans la rue.

L'autre le poursuivit un instant mais abandonna rapidement car le fuyard courait à une vitesse incroyable et le sema au premier coin de rue.

Le témoin dit à Gilet et à Méliand qu'il « avait eu l'impression de courir après Forrest Gump » !!!

Il était malheureusement incapable d'en faire une description précise, sauf qu'il était de corpulence assez svelte, ce qui ne correspondait d'ailleurs guère avec la silhouette du boucher...


De toute évidence, le meurtrier cherchait une nouvelle proie !


Il ne mit pas longtemps à en trouver une : deux jours après cet incident, une fillette de 8 ans prénommée Lysia disparut au poney-club de Lyon-Parilly.

Amenée au club à 14h par sa mère ce mercredi pour une séance de 2 heures, elle était allée aux toilettes juste un peu après la fin du cours et on ne l'avait pas revue.

Tout le monde était consterné et, on s'en doute, les moniteurs du poney-club sous la responsabilité desquels était placée la fillette étaient dans leurs petits souliers.


C'est ce même mercredi que le commissaire reçut une nouvelle lettre. Il était perplexe avant de l'ouvrir car il n'y avait pas eu de nouvelle victime, or l'assassin ne lui avait jusque là écrit que lorsqu'il avait rendu les restes des corps...

- Que va-t-il nous pondre comme conte cette fois ? dit-il à Méliand qu'il avait fait venir, en sortant précautionneusement la lettre de son enveloppe.


Celle-ci avait été examinée minutieusement par les services scientifiques, sans traces exploitables.

Il lut la lettre, la tendit à Méliand et s'assit dans son fauteuil.


- « Je cours plus vite que vous, plus vite que tous. J'ai des bottes de 7 lieues. Vous ne m'attraperez JAMAIS »

Signé : « L'Ogre », lut Méliand.


- Il est carrément givré, dit le commissaire.

- Oui, c'est clair. Le voilà qui nous nargue. Il fait référence au type qui l'a poursuivi avant-hier.

Le commissaire le regarda dans les yeux, l'air pensif, et lui demanda :

- Méliand, de vous à moi, ces gosses, vous croyez qu'il les mange ?

- J'ai peur que oui, commissaire. A mon avis, il restitue dans les sacs ce qu'il n'a pas envie de manger.

- Putain, j'en ai pourtant vu des vertes et des pas mûres depuis le temps que je suis au SRPJ, mais même quand j'étais à Paris, je n'ai jamais eu une histoire pareille sur les bras. Et en plus il se permet de nous narguer... dit-il d'un air désabusé.

- Ca a l'air de vous affecter, commissaire. Or je crois qu'il faut plutôt se réjouir de cette attitude : cela veut dire qu'il se sent fort, beaucoup plus fort que nous. Il va sans doute même s'enhardir encore si j'en crois ce qu'en disent les services de criminologie, et il faut donc nous attendre à d'autres horreurs, mais c'est précisément ce sentiment d'invulnérabilité qui fait commettre une erreur à ce genre de psychopathe.


- Dieu vous entende, dit le commissaire.


L'Ogre de LyonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant