Prologue

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Lundi

Amour. Nom masculin. Origine latine, amor, amoris. Définition : inclination d'une personne pour une autre, de caractère passionnel et/ou sexuel.

J'aime beaucoup cette façon que les dictionnaires ont de rendre une définition sexy des mots. Et je me demande si c'est avec ce genre de chose si poétiquement décrit en tête que les filles viennent me faire leur déclaration.

Je m'appelle Wyatt et je viens tout juste de commencer ma troisième année de licence de langues. Si vous êtes bons en calcul, vous comprendrez donc que j'ai 20 ans. Enfin, bientôt 20 ans. Je suis ce qu'on appelle une gueule d'ange : j'ai un visage aux traits fins et à la peau pâle. Mes yeux sont très clairs, ce qui est plutôt emmerdant les jours de grande luminosité. Mes cheveux sont châtains, mais pour une raison que j'ignore, leur racine se rapproche plus du brun clair. Je ne suis pas du tout sportif, une loque en quelque sorte. J'ai quand même décidé de faire du tir à l'arc, histoire d'avoir l'excuse des tournois pour sécher les cours. Je dois reconnaître que je ne suis pas trop mauvais, mais je ne suis pas excellent non plus. Comme la mode de nos jours consiste à être grand et svelte, je plais beaucoup aux filles. Je ne suis pas prétentieux, seulement réaliste.

Présenter tous mes amis serait trop long, je vais donc m'en tenir aux deux savent voir au-delà de ma belle bouille : Hanna et Mike. Jumeaux ne se ressemblant pas du tout et se bouffant la rate à la moindre occasion. Si vous pensiez que les jumeaux étaient des êtres mystérieusement fusionnels, vous vous mettez le doigt dans l'œil, et si profond que vous pouvez vous chatouiller le cerveau. Il faut voir ces deux-là pour y croire, je vous le promets. C'est d'ailleurs très paradoxal qu'ils soient mes amis les plus proches. Je devrais peut-être réfléchir plus en détail sur la logique de la chose.

En ce moment même, je ne suis qu'avec Mike. Hanna est partie se chercher un sandwich à la cafétéria, et leur dispute sur la traduction d'une phrase est en pause. Ils ont la fâcheuse manie de s'arracher les yeux pour des choses stupides et simples. Pourtant, je ne fais jamais le moindre effort pour calmer le jeu : les voir se chamailler est tellement drôle que je préfère les laisser. J'aurais pu les aider à trouver le meilleur moyen de traduire cette phrase tordue d'un texte que nous a donné le prof de traduction, mais leurs insultes étaient si hilarantes que je n'ai pas eu le cœur de les couper dans leur élan en leur donnant ma propre traduction. Qui, au passage, me semble la plus correcte.

Vous allez penser que je suis un incroyable vantard. Ce n'est pas vrai. Je suis simplement sûr de moi et de mes capacités.

Je tourne machinalement la tête vers la fenêtre pour voir les premières années de lettres souffrir dans le froid hivernal. Il est midi et les étudiants, fraîchement arrivés il y a deux mois, se gèlent les miches. J'observe quelques filles sautiller de façon ridicule, amusé. L'une d'elle capte mon regard et me salue, rapidement imitée par ses amies. Sans réfléchir, je les salue en retour avec un sourire. Elles rient et chuchotent en me lançant des regards en coin. Ravi de mon petit effet, je me tourne vers Mike, qui a suivi mon petit manège. Son regard blasé me fait comprendre qu'il se retient de me faire une réflexion.

-Quoi ? fais-je avec toute l'innocence du monde.

-Ta petite copine sera ravie de savoir que tu flirtes avec d'autres filles.

-Je doute que ça lui fasse réellement quelque chose, répliqué-je machinalement. On a rompu, ajouté-je en voyant l'air interrogateur de Mike.

Mon ami lève les yeux au ciel et soupire.

-Encore une qui s'est fait avoir par ta belle gueule.

-Ce n'est pas de ma faute, je me défends. Elles se déclarent et j'accepte de tenter le coup. Tu remarqueras qu'au final, c'est toujours elles qui rompent.

7 Days to Fall in LoveWhere stories live. Discover now