Un amour brûlant.
*TUUUT TUUUUUT TUUUUT*
Et voilà. Encore une journée qui commence. Ma main écrase le bouton du réveil. Peut-être un peu trop violemment aujourd'hui au vu du bruit. Je verrais ça plus tard, pour le moment il me faut un café. Je me lève et traverse ma chambre. Vide. Ce vide me rappelle ma vie, sans aucun but. Métro, boulot, dodo. Sans le métro. Personne avec qui partager cet espace. Aucun sentiment pour personne. Enfin presque.
J'arrive à ma cuisine. Le café tout juste chaud. L'avantage des cafetières programmables. Je regarde l'heure, 8h. je commence le travail dans une heure et demi. J'ai de la chance d'habiter à 5 min a pied. Le temps de traverser la rue et de la remonter un peu. Je me sers un mug de café, noir, sans sucre, corsé. J'attrape mon paquet de cigarette et en sors une. je m'approche de la fenêtre, ma tasse dans une main, la cigarette dans l'autre. La ville s'étend là sous mes pieds. Mon loft en plein centre des affaires a une vue imprenable sur la ville quelque soit l'heure de la journée. Je tire sur ma cigarette alors que mes pensées, encore embrumées, se réveillent peu à peu. Je pense à ma journée, à toutes mes tâches qui m'attendent. Aux scrupules que je vais mettre de côté pour m'enrichir encore plus. Certains soir, quand l'alcool fait trop effet, je me mets à réfléchir sur tout ça. Mais l'appât du gain est trop fort. J'aime l'argent encore plus que tout. C'est pour ça d'ailleurs que je suis seul, j'en ai conscience. Mais c'est plus fort que moi. Demandez moi de choisir entre une femme et dix euros, je prendrai l'argent. Enfin avant.
Je regarde de nouveau l'heure et écrase ma cigarette dans le cendrier. Je laisse ma tasse vide sur la table ainsi que le cendrier débordant, signe d'une longue nuit. Le verre et la bouteille vide sur la table conforte cette idée. Mais j'ai de la chance d'avoir une femme de ménage discrète et qui ne fait pas de reproches. Du moment que le désordre soit centralisé en tout cas. Je me dirige vers ma salle de bain et fais couler l'eau pour ma douche. Je fais glisser mon caleçon sur mes chevilles. Un coup d'oeil vers le miroir m'indique qu'une fois de plus la nuit n'a pas été reposante. Mon regard et mes cernes le prouvent. La douche finit de me réveiller. J'attrape une serviette et me la noue autour de la taille. Je retourne à la cuisine, l'eau dégoulinant de mon corps. Je prends une nouvelle cigarette et la met entre mes lèvres mouillée. Le bruit du briquet me replonge dans mes pensées. Peut être sera t'elle là.
Je finis de me sécher et enfile mon costume. Comme à mon habitude je nouerai ma cravate sur le chemin. Ma montre sonne 9h. Le signal. Le temps de partir pour parfaire mon rituel avant de commencer ma journée : prendre un journal dans la rue et le lire en terrasse d'un café. Je m'installe en ouvrant mon journal, le patron m'apporte mon noisette. Je sais qu'il me le comptera sur ma note mensuelle. Je l'attends.
9h25, je rentre dans cette tour de verres et d'acier et me dirige vers l'ascenseur du fond, le seul qui permet d'atteindre les derniers étages. Je suis là, avec d'autres personnes. L'ascenseur arrive avec son "ding" insupportable. Je laisse rentrer les autres et m'enferme dans cet habitacle en dernier. Enfin c'est ce que je crois. Elle arrive. Toujours au moment ou les portes se referment. Elle me regarde et n'a pas besoin de me demander. J'appuie sur le bouton du 12eme étage. Deux étages au dessus du mien.
Voilà ma bouffée d'oxygène dans ce monde de finance. Ce temps entre les étages où je peux l'observer. Cette femme magnifique, brune. Un regard et un sourire envoutant. Je ne peux détacher mon regard d'elle. Je ne connais pas son nom. Juste où elle travaille et la première lettre de son prénom : "C". En journée je monte à son étage, profiter de la terrasse lors de mes pauses. Elle y est toujours l'après-midi. Nous restons silencieux, elle regardant la ville s'étendre sous nos pieds. Moi la regardant. N'osant jamais lui adresser la parole, préférant la laisser à ses réflexions. Une fois son café finit, elle rentre toujours en regardant dans ma direction, m'adressant un sourire, un regard doux et mystérieux. Je sais que c'est la dernière fois que je la verrais de la journée. Voici mon quotidien.
