Chapitre 21

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                      La fête de la veille s'était, bien sur, terminée tard et les invités avaient finis par quitter notre maison alors que minuit sonnait. Bien sur il avait fallu tout ranger immédiatement après. Ainsi, nous nous sommes couchés vers une heure du matin. Vers neuf heures, Marguerite a sauté sur mon lit pour me presser d'aller à la messe. J'avais grogné mais la voix de ma mère nous appelant m'avait fait me lever paresseusement. Jeremiah avait dormi dans la même chambre de David, ce dernier ayant décidé de l'éloigner de moi.

Le dimanche nous étions allés à la messe complètement exténués. Nous avions tous (excepté ma mère) bataillé contre le sommeil l'heure durant. Le père de notre sainte église Saint Louis, le père Baptiste, était le prêtre qui nous a tous baptisés, mes frères et sœurs et moi. Il nous connaissait depuis notre naissance et nous avait chaleureusement salués à la fin de l'office. Ensuite nous revînmes à la maison où l'on mangea le déjeuner généreusement concocté par ma mère. Jeremiah avait subi un incroyable interrogatoire de la part de mes frères. Mais tout c'était en général bien passé. Sur le chemin du retour, nous avions roulés en silence, Jeremiah n'ouvrait pas la bouche. Il avait l'air calme. Depuis le barbecue, il était assez silencieux et je me doutais que cela avait un rapport avec mes frères. J'étais sure que David lui avait servi un petit discours de grand frère surprotecteur.

Depuis le week-end, une semaine s'était écoulée. J'étais retournée à Indigo dès lundi et, par la suite, je fonctionnais dans une routine professionnelle. Je passais mes midis avec la bande habituelle et travaillais soit pour Electre soit avec Barbara. La collection avançait bien et Javier et Ambrosio étaient excités. Je voyais rarement vu Jeremiah. Je l'avais aperçu deux fois tout au plus. Noam était passé mercredi. J'avais passé un week-end solitaire, enfermée chez moi et était sortie seulement dimanche respirer l'air pollué de Paris.

Et ce lundi promettait d'être aussi monotone que toute la semaine précédente. Barbara m'avait confié quelques documents à trier. J'étais depuis une heure dans le bureau que j'utilisais souvent quand je décidai d'aller me faire un café. J'allai dans la salle de repos. Je mettais en marche la machine à café et attendis patiemment que mon café soit prêt.

Soudain, la porte s'ouvrit à la volée et mon patron pénétra dans la salle. Il était beau comme à son habitude avec son costume beige et ses chaussures marron. Cependant je remarquai qu'il avait des cernes sous ces yeux bleus et un air fatigué. Je ne pus m'empêcher de me sentir contente de le revoir. Au fond, il m'avait manqué. Certes, il m'énervait la plupart du temps mais j'avais fini par m'attacher à lui. Bon il m'attirait toujours autant, mais je me souciais de lui maintenant. Il lâcha durement le paquet de feuille qu'il tenait entre ses mains sur la photocopieuse. Je sursautai au bruit et me tourna vers lui pour le voir appuyé contre l'imprimante-photocopieuse. Il souffla. Mon café étant prêt, je le pris et trempa mes lèvres dans la boisson chaude. Jeremiah, quant à lui prit sa tête entre ses mains en étouffant un soufflement. Commençant à m'inquiéter, je m'approchais de lui.

- Jeremiah, vous allez bien ?

Le vouvoiement était de retour et je ne savais pas vraiment ce que je ressentais face à cela. Je veux dire, je suis contente, d'une part et de l'autre un peu déçue de perdre la certaine complicité que nous avons partagé. Il ne releva pas la tête vers moi celui finit par totalement m'inquiéter. Je me mis à ses côtés et tentai de le regarder attentivement. Je plissai les yeux alors que je vis son corps trembler. Je posais ma main sur son visage à demi caché par les sienne. Son front était chaud, vraiment très chaud. Il soupira et s'appuya davantage contre ma main.

- Votre main... est froide. Ca fait du bien.

Il tremblait de plus en plus fort et je compris qu'il devait avoir une bonne fièvre. Sa jambe droite plia soudainement et il faillit tomber. Le soutenant, je l'assis gauchement sur une chaise. Jamais Jeremiah ne m'avait paru si faible et cela me paniqua légèrement. Je posais mes deux mains sur son visage et découvris ses yeux bleus vitreux, ses joues rougies et son souffle saccadé.

Amour & AmibitionWhere stories live. Discover now